Le 24 juillet 2021, le 44e comité du patrimoine mondial inscrit Vichy et dix autres grandes villes d’eau d’Europe sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. « Nous disposons d’un vrai patrimoine thermal en France, et il faut le préserver », lance le sénateur Les Républicains, Jean-Marc Boyer.
« L’objectif de cette journée est de démontrer le service rendu par le thermalisme », assure Jean-Marc Boyer. « Il faut informer le public et les élus des bénéfices. Ils s’imaginent que ce sont des vacances bon marché prisent par les citoyens, aux frais de la communauté, alors que ce n’est pas du tout cela ».
20 % du capital thermal européen en France
La France, troisième pays européen en termes d’offre et de fréquentation des cures thermales, représente 20 % du capital thermal du continent. Prescrit par un médecin, ce traitement médical naturel de 18 jours s’adresse aux personnes souffrantes de maladies chroniques. Le thermalisme consiste à prodiguer des soins médicaux aux patients, à l’aide d’une eau naturellement chaude, et chargée de sels minéraux. Cette eau est censée avoir des vertus thérapeutiques.
Sur le plan médical, les médecins s’opposent. D’un côté, certains saluent une pratique millénaire ayant prouvé à plusieurs reprises son efficacité en termes de prévention et d’apaisement de certaines maladies. Pour les opposants, c’est simplement le repos de 18 jours, permis par la cure, qui facilite la convalescence. Dès lors, ils reprochent la prise en charge des « séjours » par l’Assurance Maladie.
350 millions d’euros remboursés par l’Assurance Maladie
En 2024, c’est un peu plus de 470 000 patients qui ont bénéficié d’une cure thermale conventionnée. La plupart d’entre eux sont âgés. Depuis plusieurs décennies, les cures thermales, prescrites par un médecin, sont remboursées. L’Assurance Maladie assure un remboursement en moyenne à hauteur des deux-tiers du montant du séjour. Seuls les soins prodigués sont remboursés, le logement reste à la charge du patient. Pour l’année 2023, selon les chiffres de la Drees, les cures thermales ont coûté à l’Assurance Maladie près de 350 millions d’euros. L’année précédente, ce coût s’élevait à hauteur de 302 millions d’euros soit 16 % de moins.
Un séjour en cure thermale coûte en moyenne 560 euros par patient dont 400 euros sont remboursés. Le Conseil National des Établissements Thermaux (CNETh), principal lobby du secteur, souligne que « la part du thermalisme médical représente 0,15 % du total des prestations de remboursement effectuées par l’Assurance Maladie ». A la différence de ses voisins européens, 90 % du chiffre d’affaires des centres de cure thermale est assuré par la prise en charge de l’Assurance Maladie.
Vers un déremboursement des cures thermales ?
« On entend de plus en plus parler d’un déremboursement des cures thermales par la sécurité sociale », s’inquiète Jean-Marc Boyer, sénateur du Puy-de-Dôme, département qui compte cinq stations thermales. « Il y a eu jusqu’ici une opposition sur le déremboursement, mais la recherche d’économies conduit la Cour des comptes à envisager une suppression du remboursement ».
En effet, sans un rapport, la Cour des comptes pointe une piste d’économie du côté des cures thermales. « Dans le contexte actuel des finances sociales, il serait nécessaire de remettre en cause cette prise en charge », écrit-elle pointant le manque de « service médical démontré ».
« Certes l’équilibre est négatif en termes de remboursement de la Sécurité sociale, mais il tend à s’équilibrer grâce au non-traitement pharmaceutique », assure le sénateur. « Nous avons aujourd’hui des personnes qui font des cures et qui, pendant six mois, n’ont plus besoin de médicaments ».
« Une situation catastrophique pour l’emploi »
Pour Jean-Marc Boyer, cet « arrêt brutal » du remboursement conduirait à une situation catastrophique pour l’emploi. « Si du jour au lendemain les cures ne sont plus remboursées, c’est 88 collectivités qui vont se trouver en grande difficulté ». Au total, la France dispose de 88 stations thermales totalisant 100 établissements. « Pour les territoires, c’est une source d’emplois importante et une capacité touristique énorme », alerte le sénateur. Les cures thermales représentent près de 7 000 emplois directs et non délocalisables et plus de 100 000 emplois induits, en particulier dans le secteur touristique.
Massivement concentrés en Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine et en Auvergne-Rhône-Alpes, 90 % des établissements se situent dans des communes de moins de 10 000 habitants et 71 % d’entre eux au sein de communes de moins de 5 000 habitants. Ils sont souvent les premiers ou deuxièmes pourvoyeurs d’emplois directs ou indirects dans ces territoires.
Présente lors du colloque, la ministre déléguée chargée du Tourisme, Nathalie Delattre, a salué un « secteur porteur » pour nos territoires et nos économies. « C’est un levier de développement important et qui génère une activité économique précieuse notamment dans des zones rurales. Je souhaite que l’on aille plus loin dans la préservation des cures thermales, mais également pouvoir élargir les maladies traitées dans ces centres ».