Paris: The senate vote on an amendment of a government plan to enshrine the “freedom” to have an abortion in the French Constitution

Abrogation de la réforme des retraites : la proposition de loi sénatoriale devrait être déclarée irrecevable

Après avoir enflammé les deux chambres du Parlement au début de l’année 2023, le dossier des retraites revient au Sénat. Une proposition de loi des sénateurs socialistes propose en effet d’abroger la réforme des retraites, entrée en vigueur le 14 avril 2023.
Henri Clavier

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 « Cette réforme n’avait pas de sens et en a encore moins aujourd’hui », affirme la sénatrice socialiste des Landes, Monique Lubin. La cheffe de file socialiste sur le sujet estime qu’il est nécessaire, un an après, de remettre le dossier sur la table. Une proposition de loi à laquelle se sont ralliés les groupes communiste et écologiste du Sénat, qui insiste pour reparler d’une « réforme efficace et inefficiente ». « Il faut maintenir la vigilance et la détermination sur le sujet social », continue la sénatrice écologiste Raymonde Poncet-Monge, qui assurait, dès le 11 mars 2023, que la bataille des retraites n’était pas encore finie. Par ailleurs, Cathy Apourceau-Poly, sénatrice du Pas-de-Calais, rappelle que c’est une « réforme adoptée par un gouvernement qui ne respecte pas le peuple ». Le gouvernement avait notamment dû recourir au 49 alinéa 3 pour adopter le texte sans vote à l’Assemblée nationale. Le vote bloqué avait été utilisé à la Chambre haute.

 « Il ne faut pas que la droite et le gouvernement croient que cet allongement de l’âge légal de 62 à 64 ans va rentrer dans les mœurs »

Un véritable problème de démocratie pour les différents représentants des groupes de gauche. Pour Monique Lubin, la réforme des retraites est une « injustice sociale extraordinaire », alors que sa collègue écologiste estime que « le diagnostic est faux, et qu’il n’y aura pas d’équilibre en 2030 ». L’occasion, pour la gauche, de faire front commun donc, comme l’année dernière. « Il ne faut pas que la droite et le gouvernement croient que cet allongement de l’âge légal de 62 à 64 ans va rentrer dans les mœurs », souligne Raymonde Poncet-Monge qui ajoute que « quand nous serons aux responsabilités, nous abrogerons cette loi ! ».

Les débats autour de la proposition de loi sonneront également comme une mise en garde pour le gouvernement qui prépare une réforme de l’assurance chômage. « Le sujet est toujours d’actualité, nous voyons venir un agenda de casse sociale », déplore Monique Lubin qui rappelle l’ampleur du mouvement social l’année dernière et l’importance de l’opposition à la réforme chez les actifs.

Article 40 et irrecevabilité financière

Sans surprise, le texte ne devrait pas susciter l’adhésion des parlementaires de la chambre haute. Rejetée en commission, les sénateurs de droite et macronistes jugent la proposition peu sérieuse et s’opposent à une abrogation de la réforme votée l’année dernière au Sénat. Par ailleurs, les soutiens à l’abrogation ne devraient pas dépasser les bancs de la gauche et Monique Lubin assure ne pas avoir d’information sur un éventuel soutien du texte par le groupe RDSE, qui compte quelques anciens membres du Parti Socialiste.

Surtout, le texte pourrait être déclaré irrecevable en application de l’article 40 de la Constitution qui limite l’initiative parlementaire. Cette disposition examine la recevabilité financière des textes proposés par les parlementaires et empêche la création de nouvelles dépenses. Selon une source parlementaire, le gouvernement devrait dégainer l’article 40 juste après la discussion générale avec pour conséquences la réunion de la commission des finances qui devra examiner la recevabilité financière du texte. L’examen du texte, qui débute à 16 h 30, devrait donc rapidement se conclure si la commission des finances déclare irrecevable la proposition de loi. Deux propositions de loi sur le sujet avaient été déposées à l’Assemblée nationale et rejetées pour ces motifs. Ce matin, en conférence de presse, Monique Lubin jugeait qu’il serait « ridicule » de recourir à l’article 40 d’une part du fait de la faible chance du texte d’aboutir et par ailleurs parce que le gouvernement ne s’est pas opposé à l’examen d’une proposition de loi sur la retraite des agriculteurs qui génère plusieurs centaines de millions d’euros de dépenses supplémentaires.

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Narcotrafic : face à un « marché des stupéfiants en expansion », le directeur général de la police nationale formule des pistes pour lutter contre le crime organisé 

« On va de la cage d’escalier à l’international », explique le nouveau directeur général de la police nationale, Louis Laugier, devant la commission des lois du Sénat lorsqu’il évoque la lutte contre le narcotrafic. Si la nomination de Louis Laugier a fait l’objet de négociations entre Bruno Retailleau et Emmanuel Macron, l’audition portait essentiellement sur la proposition de loi relative au narcotrafic qui sera examinée à partir de janvier au Sénat. Le texte fait suite à la commission d’enquête présidée par Etienne Blanc (LR) et dont le rapporteur était Jérôme Durain (PS). Un texte particulièrement attendu alors que le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a multiplié les gages de fermeté dans la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité organisée.   Comme les sénateurs, le Directeur général de la police nationale décrit un phénomène en hausse, un « marché des stupéfiants en expansion, une forte demande des consommateurs et une offre abondante ». La criminalité organisée connaît d’ailleurs un certain nombre d’évolutions comme la multiplication des violences liées au trafic y compris dans des villes moyennes, ou encore le rajeunissement des acteurs.  « Je souhaiterais préciser que la France n’est pas dans une situation singulière. En effet, tous les Etats de l’UE sont confrontés à des situations identiques », prévient néanmoins Louis Laugier. Néanmoins, les chiffres présentés sont vertigineux avec notamment 44,8 tonnes de cocaïne saisies en 2024 (contre 23,2 tonnes en 2023). Le directeur général rapporte également que 434 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été dressées depuis septembre 2020 pour stupéfiants.   « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères »   Pour répondre à ce phénomène massif, l’Office anti-stupéfiants (Ofast) a été mis en place en 2019. Cette agence regroupe des effectifs issus de différents services, notamment des douanes et de la police judiciaire. Alors que le rapport sénatorial propose de revoir le fonctionnement de l’Ofast pour en faire une « DEA à la française », Louis Laugier défend l’efficacité de l’agence. « Certaines observations du rapport relatif à l’action de la police nationale me paraissent un peu sévères […] le rôle de coordination de l’Ofast est réel, grâce à son caractère interministériel et son maillage territorial dense », avance le directeur général de la police nationale. Ce dernier souligne également le doublement des effectifs depuis 2020 et la présence des services sur tout le territoire grâce aux 15 antennes de l’Ofast et aux cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) présentes dans chaque département. Louis Laugier a également défendu la souplesse de ce dispositif, affirmant qu’il n’était pas nécessaire d’inscrire les CROSS dans la loi.   Le sénateur Jérôme Durain regrette néanmoins la faible implication des services de Bercy dans l’Ofast et souligne la nécessité de les mobiliser pour continuer de développer les enquêtes patrimoniales. « L’aspect interministériel de l’Ofast, est déjà pris en compte avec les douanes, mais on peut continuer à renforcer la coopération avec les services de Bercy », reconnaît Louis Laugier. Toutefois, le directeur général de la police nationale met en exergue la progression des saisies d’avoirs criminels. « 75,3 millions d’euros d’avoirs criminels ont été saisis en 2023. Il y a eu une hausse de 60 % entre 2018 et 2023, traduisant une inflexion profonde de la stratégie de la police en ce domaine avec un développement des enquêtes patrimoniales », argumente Louis Laugier. Interrogé par la présidente de la commission des lois, Muriel Jourda (LR), sur les améliorations législatives à apporter, Louis Laugier évoque la possibilité de recourir à des confiscations provisoires tout en prenant soin d’insister sur la difficulté juridique d’une telle évolution et notamment son risque d’inconstitutionnalité.   Le directeur général de la police nationale défend l’utilité des opérations « place nette »   Dans leur rapport, les sénateurs Jérôme Durain et Etienne Blanc mettaient en avant la nécessité de renforcer la lutte contre la criminalité en augmentant la capacité de saisies des avoirs plutôt qu’en démantelant les points de deal. Les sénateurs n’avaient pas manqué d’égratigner l’efficacité des opérations « places nettes » déplorant les faibles niveaux de saisies (moins de 40 kg de cocaïne et quelques millions d’euros) au regard des effectifs mobilisés (50 000 gendarmes et policiers) entre le 25 septembre 2023 et le 12 avril 2024. Des réserves renouvelées par Jérôme Durain pendant l’audition. « En un an les services de la DGPN ont initié 279 opérations de cette nature qui ont conduit à l’interpellation de 6 800 personnes, la saisie de 690 armes, de 7,5 millions d’euros d’avoirs criminels et plus d’1,7 tonne de stupéfiants », avance Louis Laugier. « Le fait d’avoir une opération où on affiche un effet ‘force’ sur le terrain est important », poursuit le directeur général de la police nationale qui dit avoir conscience que ces opérations « ne se suffisent pas à elles-mêmes ».   Plusieurs pistes absentes de la proposition de loi   Au-delà de l’approche matérielle, Louis Laugier insiste sur le besoin de renforcement des moyens d’enquêtes et de renseignement, notamment humains ainsi que l’adaptation du cadre législatif. Devant la commission des lois, le directeur général de la police nationale a tenu à saluer l’intérêt d’une réforme du statut de repenti, proposée par les sénateurs, pour élargir son périmètre aux crimes de sang. Le fonctionnaire détaille plusieurs mesures, absentes de la proposition de loi qui, selon lui, peuvent favoriser la lutte contre la criminalité organisée. Il souhaite notamment augmenter la durée des gardes à vue en matière de crime organisé pour les faire passer à 48 heures au lieu de 24, généraliser la pseudonymisation des enquêteurs ou encore faire entrer la corruption liée au trafic dans le régime de la criminalité organisée. Des propositions qu’il lie à une meilleure capacité d’écoute des policiers sur le terrain. « Il faut parler avec les personnes, vous avez entièrement raison. Ce travail-là peut avoir été occulté par l’action immédiate en réponse à la délinquance. Et donc oui je crois qu’il faut créer un lien. J’ai transmis des consignes dès que je suis entré en fonction », affirme Louis Laugier en réponse à une question de la sénatrice Corinne Narassiguin (PS).   Enfin, le directeur général de la police nationale plaide pour la création d’un nouveau cadre juridique et « d’une technique spéciale de captation des données à distance, aux fins de captation d’images et de sons relevant de la criminalité ou de la délinquance organisée ». Dans une décision du 16 novembre 2023, le Conseil constitutionnel avait néanmoins jugé inconstitutionnelle l’activation à distance des téléphones portables permettant la voix et l’image des suspects à leur insu. 

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