Xavier Iacovelli : « On crée des groupes d’études sur la truffe, mais pas sur la protection de l’enfance ! »

Xavier Iacovelli : « On crée des groupes d’études sur la truffe, mais pas sur la protection de l’enfance ! »

Face au refus de créer un groupe d’études sur la protection de l’enfance par le Sénat, Xavier Iacovelli ne compte « pas s’arrêter là ». Le sénateur des Hauts-de-Seine qui a interpellé la présidente de la commission des Affaires sociales hier sur Twitter, raconte les coulisses d’un bras de fer politique. 
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Par Antoine Comte

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Vous avez dénoncé hier sur Twitter le fait qu’on vous refuse la création d’un groupe d’études sur la protection de l’enfance : c’est la première fois que cela vous arrive ?
Quand j’étais au groupe socialiste, j’avais proposé une mission d’information sur ce sujet qui n’avait pas été retenue. Du coup, face à ce refus, j’ai décidé en 2019 de créer un groupe de mon côté et j’ai invité des collègues de tous partis politiques confondus à venir me rejoindre. J’ai alors reçu un courrier du président du Sénat Gérard Larcher et de la commission des Affaires sociales me disant que je n’avais pas la droite de créer un groupe informel. Mais j’ai quand même continué mes travaux et cela a débouché sur une proposition de loi le 15 juillet 2019 qui n’a jamais été inscrit à la niche de notre groupe.

 

Mais pourquoi ne pas avoir attendu d’être membre de la commission des Affaires sociales pour demander la création d’un tel groupe ?
En fait, on s’est excusés d’avoir monté ce groupe informel, et on a dit qu’on créerait un groupe cette fois-ci formel au sein de la commission des Affaires sociales justement. Dès que j’ai en été membre, j’ai tout suite fait un courrier à la présidente LR Catherine Deroche pour demander la création de ce groupe, mais elle m’a répondu par courrier également qu’il n’en était pas question.

Parce que « les commissions ont des compétences et ne vont pas créer des groupes d’étude sur chaque compétence », vous a-t-elle répondu hier sur Twitter, non ?
Je ne comprends pas sa réponse. On est capable de créer des groupes d’études sur la truffe ou la chasse, et j’ai aucun problème avec ça, mais on n’est pas capable de créer un groupe sur sujet aussi important qu’est la protection de l’enfance ? Cela m’agace encore plus quand on sait qu’il s’agit d’une compétence territoriale qui dépend directement des départements. En fait, c’est très simple, je ne comprends pas qu’on ne souhaite pas traiter ce sujet majeur qui est propre au Sénat. C’est une vraie incompréhension pour moi.

Quels leviers vous reste-t-il pour poursuivre votre combat ?
Je vais continuer à travailler mais pas dans le cadre du Sénat du coup. Par nos propres moyens…

Le groupe informel que vous aviez créé en 2019 existe toujours ?
Non, je ne vous cache pas que je l’avais mis en sommeil car je pensais naïvement qu’on allait s’en sortir par le haut. Mais comme ce n’est pas le cas, je vais donc continuer à travailler sur cette thématique avec les sénateurs qui le veulent.

On sent que vous en voulez à la majorité sénatoriale quand même ?
Non, ce n’est pas le Sénat que je mets en cause et qui est pour moi fautif de la défaillance des départements dans la protection de l’enfance. Là en revanche où il est fautif, c’est sur le fait de refuser de vouloir lancer un observatoire permanent sur le sujet.

Pourquoi cette thématique de l’enfance vous tient tant à cœur ?
Vous savez, je travaille beaucoup sur le terrain, et pendant l’hiver 2017, j’ai fait le tour des centres d’hébergement, et je suis tombé de ma chaise en voyant que des jeunes majeurs sous prectection de l'enfance étaient mis à la rue. Je me suis aussi rendu compte de l’omerta qui existe aussi autour de tout ça mais qui a aujourd’hui tendance à être moins présente grâce à la libération de la parole que l’on peut dans les nombreux reportages consacrés au sujet. Mais c’est loin d’être suffisant. Dans mon département des Hauts-de-Seine, j’ai 2 500 enfants concernés dont 600 hébergés à l’hôtel. Sur toute la France, ce ne sont pas moins de 170 000 enfants placés en foyers ou dans des familles d’accueil, et quelque 10 000 enfants en hébergement hôteliers. Il est temps d’agir, non ?

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