Wauquiez, “clairement à droite”, Portelli au “verbe haut” et Calan le juppéiste
Un favori, Laurent Wauquiez, et deux challengers, Florence Portelli et Maël de Calan: portrait des trois candidats à la présidence du parti Les...
Par Paul AUBRIAT et Nadège PULJAK
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Un favori, Laurent Wauquiez, et deux challengers, Florence Portelli et Maël de Calan: portrait des trois candidats à la présidence du parti Les Républicains.
- Wauquiez, "clairement à droite"
Laurent Wauquiez, 42 ans, est un sur-diplômé qui a accumulé ministères et fonctions électives. Il est apprécié des militants LR pour son positionnement "clairement à droite", qui fait dire à ses adversaires qu'il "court après le FN".
Député en 2004 à 29 ans, réélu en 2007, il est de tous les gouvernements de la présidence Sarkozy: secrétaire d'Etat (porte-parolat, Emploi), ministre (Affaires européennes, Enseignement supérieur). Entretemps, il ravit à la gauche, en 2008, la municipalité du Puy-en-Velay (qu'il conserve en 2014), se fait réélire à l'Assemblée en 2012.
La victoire dont il est le plus fier est celle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en 2015, acquise "en rassemblant droite, UDI et même MoDem".
Laurent Wauquier, le 9 novembre 2017 à Colombey-les-deux-Eglises
AFP
M. Wauquiez ramène à lui une partie de l'électorat frontiste en affichant sa fermeté sur les sujets régaliens - autorité, sécurité, immigration - avec des déclarations qui font mouche à la droite de la droite mais provoquent le malaise des Raffarin, Pécresse ou autres Bertrand, qui dénoncent sa "brutalité" et ses expressions comme le "cancer" de l'assistanat.
Ces critiques, l'homme à la parka rouge -son vêtement de prédilection par temps maussade- en fait fi. "Des affabulations", balaie-t-il. Wauquiez trace son sillon avec la nonchalance apparente que lui confère son physique: grand (1,91 m), mince, visage juvénile, cheveux poivre et sel.
Personne ne doute de ses ambitions élyséennes, qu'il tait. Mais chaque année, il fait l'ascension du Mont Mézenc (Haute-Loire), tel François Mitterrand gravissant la Roche de Solutré.
- Portelli, le verbe haut
La maire de Taverny (Val-d'Oise), 39 ans, apparue au grand public comme porte-parole de François Fillon à la présidentielle, veut incarner l'épicentre de LR et "redonner sa fierté à la droite".
Elle est réputée pour son verbe haut: en plein "Penelopegate", elle défendait bec et ongles Fillon en affirmant qu'un assistant parlementaire pouvait même être payé... "à tricoter".
Florence Portelli, candidate à la présidence du parti Les Républicains, le 2 septembre 2017 à La Baule
AFP/Archives
Elle réserve désormais ses piques à ses deux rivaux: Wauquiez, à qui elle reproche autant son silence pendant le naufrage Fillon que ses ambitions élyséennes, ou Calan, vitrine des juppéistes accusés de déloyauté vis-à-vis de Fillon.
La jeune femme blonde, qui dit avoir adhéré au RPR pour Philippe Séguin, se pose "au milieu de la droite", prônant un retour à une forme d'orthodoxie, conservatrice sur les valeurs, libérale sur l'économie, en rejetant toute porosité avec le FN.
"Depuis la création de l'UMP, on a fait des +combinazione+ électorales, on a tripatouillé des alliances d'appareil (...) on arrive à une espèce de magma informe, on ne sait plus qui on est", dénonce la fille d'un ex-sénateur LR, Hugues Portelli. Cette nièce d'un haut-magistrat anti-sarkozyste, Serge Portelli, avait séché le rassemblement du Trocadéro, jugé "anti-juges".
Appréciée dans son camp -elle a conservé un porte-parolat lors de la campagne des législatives- et cultivant des sympathies avec des responsables de gauche, elle partage sa vie avec un homme qui "s'intéresse aux Insoumis", selon Le Point.
- Calan, orphelin de Juppé
A 36 ans, le benjamin de la compétition revendique d'incarner une "droite modérée", dans le sillage d'Alain Juppé, un mentor qui ne lui a toutefois pas officiellement apporté son soutien public.
Peu connu, ce Breton féru de voile, qui aime rappeler qu'il a fait un tour du monde sur les flots, est fils d'un ancien conseiller régional madeliniste, par ailleurs ponte du Medef.
Il a fait ses armes en tant que conseiller municipal, puis départemental dans le Finistère, avant de se faire remarquer lors de la primaire au côté du maire de Bordeaux.
Le candidat à la présidence du parti Les Républicains lors d'un meeting à Morlaix, le 30 mai 2017
AFP/Archives
Candidat aux législatives en juin 2017, son slogan "Une droite ouverte pour réformer avec Macron" ne lui a pas suffi pour triompher de la candidate En Marche mais lui vaut encore aujourd'hui un procès en quasi-traîtrise chez certains LR. D'autant qu'il avait prôné la mansuétude à l'endroit des "Constructifs", finalement exclus.
Parrainé par Jean-Pierre Raffarin, Maël de Calan n'a pas fait le plein parmi les modérés de l'ex-UMP. En privé, ses amis juppéistes s'interrogent sur une démarche "personnelle" qui, si elle débouchait sur un score confidentiel, affaiblirait l'influence du courant "progressiste" au sein du parti promis à Laurent Wauquiez.
Face au favori, Calan, qui se revendique "chrétien", n'attaque pas tant sur les valeurs que sur l'économie, accusant Wauquiez de "s'éloigner de l'ADN libéral" de la droite. Partisan d'une digue infranchissable avec l'extrême droite, il a écrit en 2016 "La Vérité sur le programme du Front national".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.