François Bayrou souhaite relancer la réforme du mode de scrutin aux élections municipales à Paris, Lyon et Marseille, à un an de l’échéance. Beaucoup de sénateurs, notamment à gauche, craignent le risque d’une manœuvre électorale.
Violences : quand Castaner promettait aux sénateurs de « revoir les méthodes d’action »
Par Public Sénat
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Le 4 décembre 2018, accompagné du préfet de police Michel Delpuech et de son secrétaire d’État, Laurent Nunez, Christophe Castaner, fraîchement nommé place Beauvau quelques semaines plus tôt, est auditionné devant la commission des lois du Sénat.
Le 1er décembre : « Un pic d’une extrême violence »
Le contexte est, à l’époque, explosif pour le nouveau ministre de l’Intérieur. Trois jours plus tôt, le 1er décembre, Paris et les Champs-Élysées ont connu des débordements sans précédents. L’Arc de Triomphe a été pillé, de nombreux commerces ont été saccagés. On dénombre pour cet acte III de la mobilisation des gilets jaunes, 682 interpellations dont 412 à Paris. Un chiffre jamais atteint. Par ailleurs 207 personnes ont été blessées parmi les manifestants, 300 parmi les policiers et gendarmes. « Un pic d’une extrême violence » comme le qualifiait Laurent Nunez.
Michel Delpuech « déstabilisé » et débarqué
4 mois plus tard, après un nouveau samedi de débordements sur les Champs-Élysées, retour à la case Sénat pour Christophe Castaner. Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, à lui été limogé, remplacé par Didier Lallement, jusqu'alors préfet de la région Nouvelle-Aquitaine. Michel Delpuech « déstabilisé », n’aurait pas « appliqué » les consignes. « Les choses lui ont échappé » a expliqué Christophe Castaner, ce matin, sur France Inter. « Les polémiques sur l'usage des lanceurs de balles de défense ont conduit à ce que des consignes inappropriées soit passées pour réduire leur usage » a également critiqué le Premier ministre, lundi (voir notre article).
Échec : « Je ne le dirai jamais »
De quelles consignes est-il question ? Après les débordements du 1er décembre, Il est principalement reproché au locataire de Beauvau, la mise en place d’un dispositif type « fan zone » : les Champs-Élysées ne devaient alors être accessibles qu’après contrôle d’identité et fouilles des sacs. Si Christophe Castaner indique que ce système sera abandonné le samedi suivant, il se refuse à parler « d’échec » devant les sénateurs. « Si vous voulez que je dise : oui, les forces ont été en échec. Oui, c’est mal, ils ont mal travaillé. Je ne le dirai jamais » (…) « Est-ce que c’est satisfaisant ? Évidemment non. Mais vous avez certainement la capacité à deviner, à organiser les forces de l’ordre (…) Moi je dois avoir la modestie de n’être que ce que je suis » ironise-t-il en réponse au sénateur LR, François Bonhomme.
« Dans notre méthode, il faut prévoir le pire »
Pour autant, le ministre de l’Intérieur refuse de dévoiler le dispositif de sécurité choisi pour le samedi suivant mais donne quelques pistes. « Notre process d’intervention a pu manquer de mobilités face à l’éclatement que nous avons connu (…) Nous aurons besoin de renforcer la mobilité et nous le ferons pour samedi prochain. C’est vraiment la question de nos méthodes d’action qui va être revue. ». « Le mode opératoire sera renforcé en profondeur et permettra de faire face à la situation que nous pouvons craindre » ajoute-il avant de préciser : « dans notre méthode, il faut prévoir le pire ».
La baisse des effectifs : « Une fragilité »
Autre justification évoquée à l’époque pour expliquer les failles dans le maintien de l’ordre, la baisse des effectifs dans la police et la gendarmerie. « Je sais que là où il y a 26 800 hommes aujourd’hui, il y en avait presque 32 000 il y a 10 ans » (…) « C’est une fragilité quand vous devez répondre à toutes les attaques qui ont eu lieu sur l’ensemble du territoire. Et Parce que nous avons fait le choix de ne pas dépeupler la province par rapport à Paris » soulignait-il.
Loi anti-casseurs du Sénat : « Aucun effet »
Alors que la loi anti-casseurs a été votée la semaine dernière, en décembre, la proposition de loi sénatoriale est loin d’être prise en considération par Beauvau. « Soyons sérieux, aucune des mesures prévues dans ce texte par rapport à une population que nous ne connaissons pas, n’aurait eu aucun effet » expliquait Laurent Nunez.
« Je suis un chef qui assume ses responsabilités »
Si sur France Inter, ce matin, Christophe Castaner a expliqué n’avoir jamais pensé à la démission, en décembre, le ministre de l’Intérieur assurait aux parlementaires : « Je suis un chef qui assume ses responsabilités et qui protège ses troupes ».
Cet après-midi, c’est devant les commissions des affaires économiques et des lois, que seront auditionnés Bruno Le Maire (sur l’impact économique des dégradations) et Christophe Castaner. Un évènement à suivre sur les antennes de Public Sénat à partir de 16H15.