Violences du 1er Mai: gouvernement critiqué et syndicats frustrés

Violences du 1er Mai: gouvernement critiqué et syndicats frustrés

La manifestation parisienne du 1er Mai, éclipsée par les violences de groupes d'ultragauche, a suscité frustrations syndicales - avec des...
Public Sénat

Par Bertille OSSEY-WOISARD

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La manifestation parisienne du 1er Mai, éclipsée par les violences de groupes d'ultragauche, a suscité frustrations syndicales - avec des craintes pour le droit de manifester - et polémique politique autour d'éventuelles défaillances policières, réfutées par le Premier ministre.

"Je peux vous dire qu'en aucune façon il n'y a eu défaillance de l'Etat" dans la gestion de la manifestation, a affirmé Edouard Philippe mercredi soir sur BFMTV, en critiquant des "spécialistes de la polémique".

Le Premier ministre a aussi indiqué qu'il "n'excluait pas" de demander la dissolution d'"associations" pour éviter de nouvelles violences.

Mardi, le défilé à Paris a été perturbé de bout en bout par de violents heurts commis en marge du cortège syndical par environ 1.200 militants radicaux, des "black blocs", qui avaient promis "une journée en enfer".

S'il y a eu moins de blessés que l'année dernière, les dégradations d'ordre matériel ont été spectaculaires, avec une trentaine de commerces dégradés, dont deux incendiés, et des véhicules brûlés ou dégradés.

Au total, 109 personnes ont été placées en garde à vue, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Mercredi soir, la garde à vue a été prolongée pour 43 d'entre elles, selon le parquet de Paris.

Ces dégradations, condamnées par Emmanuel Macron, ont été vivement critiquées côté politique comme syndical.

A une exception près: Philippe Poutou (NPA) les a justifiées. "Le gouvernement a semé la violence, et il la récolte", a réagi l'ex-candidat à la présidentielle. Le Nouveau parti anticapitaliste a semblé prendre de la distance, expliquant dans un communiqué "ne pas partager la politique des groupes autonomes".

Philippe Martinez, numéro un de la CGT, coorganisatrice de la manifestation avec Solidaires, la FSU et FO-Ile-de-France, a regretté que la présence de casseurs ait "masqué l'objet de cette manifestation, les revendications".

"Derrière", le risque est de "remettre en cause le droit de manifester" "au nom de quelques-uns", a-t-il craint, rappelant que "ça fait deux ans que ça dure", en référence aux débordements qui avaient déjà émaillé les cortèges contre la loi travail de 2016.

Des militants interrogés mardi par l'AFP ont également dit leur frustration de voir les violences "décrédibiliser" la manifestation en général, craignant aussi leur effet dissuasif.

"Casser une vitrine de McDo n'est pas une activité révolutionnaire", a de son côté réagi Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une "confiscation" et une "récupération" du 1er-Mai par "les violents".

- "Ceux qui donnent des ordres" -

Les projecteurs se sont rapidement tournés vers le ministère de l'Intérieur, et plus précisément la préfecture de police de Paris, avec des interrogations sur la gestion des débordement et des critiques sur la réaction, jugée tardive, des policiers.

Des CRS devant un incendie en marge de la manifestation du 1er Mai à Paris
Des CRS devant un incendie en marge de la manifestation du 1er Mai à Paris
AFP

Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a réclamé une commission d'enquête parlementaire, notamment pour faire la lumière sur la "chaîne de commandement": "La question qui est posée aujourd'hui est de savoir pourquoi les forces de l'ordre ont tardé à intervenir", selon lui.

La veille, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, avait dénoncé la "faillite de l'Etat régalien", et Marine Le Pen a évoqué "une mansuétude" du gouvernement à l'égard de "ces milices d'extrême gauche".

Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a défendu les ordres donnés. Il a expliqué que les forces de l'ordre "ne pouvaient pas intervenir" pour stopper les violences en marge du défilé "sans craindre de faire des dégâts collatéraux".

"Tout l'art des +black blocs+ est de se mélanger à des gens", pour que "la police intervienne et qu'à ce moment là il y (ait) des morts et des blessés", a assuré Gérard Collomb. Il a salué le bilan humain "limité" de la manifestation (quatre blessés très légers, dont 3 manifestants et un CRS).

Des justifications que n'entend pas Philippe Martinez, qui a invité le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris à donner "d'autres explications".

Les agents de police ne sont pas à "incriminer", a-t-il déclaré, mais "ceux qui donnent des ordres, des contre-ordres, ou ceux qui ne donnent pas d'ordre du tout".

Plusieurs syndicats policiers ont mis en cause mercredi, à divers degrés, la stratégie des autorités accusées d'avoir tardé à prévenir les dégradations commises en marge du défilé syndical.

Les organisateurs du défilé de samedi, baptisée la "Fête à Macron", notamment le député La France insoumise François Ruffin, ont annoncé mercredi qu'ils prévoyaient deux services d'ordre pour cette manifestation qu'ils veulent "joyeuse et festive".

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