Une agriculture en pleine mutation
« Dans tous les secteurs de l’économie, une vague d’innovation est arrivée. C’est évidemment le cas aussi en agriculture », introduit Véronique Bellon-Maurel, directrice de #DigitAg, l’Institut Convergences Agriculture Numérique. Qu’il s’agisse de suivre la météo en temps réel, de se faire assister de robots, de surveiller l’état de santé de ses animaux ou de ses plantes, « l’utilisation des nouvelles technologies peut se faire à n’importe quel niveau » explique Laurent Duplomb, éleveur laitier et sénateur LR de la Haute-Loire. Plus de 4 000 applications sur smartphone sont par exemple maintenant dédiées à ce secteur.
Pour une agriculture plus verte ?
Pour Véronique Bellon-Maurel, la première logique derrière l’utilisation des nouvelles technologies est celle de l’accompagnement : « les nouveaux outils aident les agriculteurs à prendre des décisions ». Des décisions plus écologiques ? C’est ce sur quoi travaillent les centaines de chercheurs de l’Institut Convergences Agriculture Numérique qu’elle dirige. Leur ambition : mobiliser les outils numériques pour accélérer la transition agroécologique. Une amélioration des pratiques par le numérique à laquelle croit aussi Laurent Duplomb : « Grâce à l’intelligence artificielle, on peut réduire de 90 % les doses de produits phytosanitaires On a besoin des nouvelles technologies pour améliorer notre agriculture ».
Ce qu’il faut c’est mettre en place un changement de système
Oui, mais selon Benoît Biteau, député européen Les Verts et agriculteur en Charente-Maritime, « les études ont montré que la dose ne fait pas le poison. Les logiciels aujourd’hui permettent seulement des réductions d’utilisation des pesticides. Il est parfaitement antinomique d’imaginer que l’on puisse faire de l’agroécologie en continuant à utiliser des produits nuisibles comme les pesticides ou les engrais de synthèse, même à des doses réduites ». Aller plus loin qu’une réduction des doses ? Véronique Bellon Morel ne dit pas autre chose « En effet si on s’arrête à l’utilisation des nouveautés technologiques pour réduire les doses, on ne va pas au bout de la démarche. Ce qu’il faut c’est mettre en place un changement de système ». C’est donc le modèle agricole qui est en question : « Derrière la robotisation il y a parfois la logique de produire plus. Et parfois produire plus c’est produire moins qualitatif. J’ai beaucoup de respect pour les prouesses technologiques, mais il faut faire attention à ce qu’elles servent le bien commun » met en garde Benoît Biteau.
Marc Barbier sociologue et chercheur à l’Inrae le rappelle, la technologie reste un élément à disposition des agriculteurs, elle ne fera pas à elle seule l’avenir de l’agriculture : « La numérisation de l’agriculture constitue une période de transition avec ses questionnements et difficultés. En termes d’agroécologie, on a beaucoup avancé grâce aux outils, aux groupes d’innovation. Mais ça ne résout pas tout ».
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