Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Valls, un échec personnel à “la place du mort” prise à Hollande
Par Marc PRÉEL
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Manuel Valls, nettement battu dimanche par Benoît Hamon à la primaire socialiste, a échoué là où il pensait faire mieux que François Hollande, plombé par un quinquennat à bout de souffle mais aussi un échec personnel à rassembler son camp.
Avec des positionnements jugés contradictoires, notamment sur le 49-3, l'ex-Premier ministre a souffert dans une campagne sans élan, malgré le soutien d'une bonne partie du gouvernement, sans compter les couacs de campagne (un enfarinage à Strasbourg, une gifle en Bretagne, des perturbateurs lors de plusieurs meetings devant des publics souvent maigres).
Manuel Valls a fait "la plus mauvaise campagne qu'il pouvait faire: le rassemblement de tous pour finir par taper sur tout ce qui bouge", critique un ténor socialiste non aligné dans cette campagne de la primaire.
Les proches de l'ex-chef du gouvernement préfèrent jeter la pierre au quinquennat. "Hollande a laissé la place du mort à Valls, qui la laisse à Hamon. À un moment donné, il faut bien que quelqu'un paie le quinquennat", estimait le député vallsiste Philippe Doucet dès jeudi, en marge du dernier meeting de son champion à Alfortville (Val-de-Marne).
M. Valls y a cru pourtant. En témoigne une scène lors de la soirée du premier tour de la primaire de la droite, le 20 novembre: celui qui est encore Premier ministre assiste devant son téléviseur au triomphe inattendu de François Fillon, qui dope ses espoirs présidentiels.
"Tu verras, la présidentielle va se jouer entre deux anciens Premiers ministres", lâche-t-il à ses proches, alors que François Hollande n'a pas encore renoncé à se présenter. François Fillon... et lui.
Après la renonciation du président sortant, la voie semble alors dégagée pour le chef du gouvernement, qui a poussé pour prendre la place au point de menacer de se présenter contre le chef de l'Etat à la primaire.
- "Il n'ira pas chez Macron, jamais" -
"Chaque fois que tu passes une haie, la suivante est plus basse. La première, elle faisait 14 mètres de haut: c'était quand même que Hollande ne soit pas candidat! La deuxième, gagner la primaire, elle ne fait plus que 11 mètres", résumait un de ses proches peu avant le premier tour. C'est finalement celle-là qui aura eu raison de celui qui va redevenir simple député de l'Essonne.
Et maintenant? "Une page se tourne aussi pour moi", a-t-il reconnu, la voix tremblante d'émotion, depuis QG. "Une nouvelle page s'ouvre. Il m'appartient de prendre le recul nécessaire, de me réinventer aussi", a-t-il dit.
En félicitant "chaleureusement" son vainqueur du soir et en rejetant toute "rancoeur", Manuel Valls a toutefois semblé vouloir éviter le rôle de dynamiteur du Parti socialiste, guetté par un exode vers Emmanuel Macron.
"Benoît Hamon est désormais le candidat de notre famille politique et il lui appartient de mener à bien la belle mission du rassemblement", a-t-il lancé, avant de retrouver un peu plus tard son rival pour une poignée de main plutôt chaleureuse au siège du PS.
Pour un des membres du premier cercle vallsiste, "il ne quittera pas le parti, c'est sa vie. Il n'ira pas chez Macron, jamais. Il va redevenir député, il va travailler dans le parti, et dans cinq ans il y retourne".
Essayer d'être premier secrétaire, un poste actuellement occupé par Jean-Christophe Cambadélis? "Jamais. Il va construire son courant, l'élargir", affirme ce proche à l'AFP.
Mais l'appel lancé dimanche soir par Benoît Hamon à l'écologiste Yannick Jadot et au candidat de la gauche de la gauche Jean-Luc Mélenchon à former "une majorité de gouvernement" complique l'union du PS.
Si les élus restent à bord du navire socialiste, les électeurs feront-ils de même? Triste de la défaite de son champion, Michèle, 52 ans soupire: "c'est la fin du parti socialiste".
"Peut-être qu'on peut regretter qu'elle n'ait pas eu lieu avant la primaire... Ce sont deux positions complètement inconciliables", lâche-t-elle.