Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
« Valéry Giscard d’Estaing a créé les Questions au gouvernement qui sont aujourd’hui indispensables », rappelle Hervé Marseille
Par Public Sénat
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Les centristes de la France entière sont en deuil. Le décès de Valéry Giscard d’Estaing, ce mercredi 2 décembre, laisse orphelins les héritiers de l’Union pour la démocratie française (UDF), fondée par l’ancien président de la République en 1978. « Valéry Giscard d’Estaing a donné au centre son incarnation, puisqu’il l’a porté à la présidence de la République », réagit le président du groupe Union centriste au Sénat Hervé Marseille. « Les aléas de la politique ont, par la suite, fait évoluer le centre, mais ses valeurs ont été portées par Valéry Giscard d’Estaing jusqu’à sa dernière heure. »
Partisan de la première heure de l’ancien chef de l’Etat, Hervé Marseille se remémore la création de l’UDF, qui a, selon lui, « marqué la vie politique du pays, jusqu’à aujourd’hui encore ». « C’était le rêve des centristes et de Valéry Giscard d’Estaing », affirme-t-il. « Ce parti rassemblait ce qu’il disait être l’espace entre les gaullistes et la gauche. Cet espace était, à l’époque, constellé par de nombreuses formations politiques, et il les a fédérées sous son autorité, permettant ainsi à l’UDF de jouer un rôle majeur dès les élections législatives de 1978. »
La majorité à 18 ans
De Valéry Giscard d’Estaing, le chef de file des sénateurs centristes retient des valeurs « sociales, européennes, libérales, et de démocratie ». « Il avait des idées très novatrices sur l’environnement, sur la condition féminine. Il était en avance sur beaucoup de points, c’est sans aucun doute un septennat qui marquera », assure Hervé Marseille, qui évoque la célèbre révision constitutionnelle de 1974, qui a permis au Parlement de saisir le Conseil constitutionnel. « C’était une véritable révolution », assure-t-il. « Et Valéry Giscard d’Estaing a surtout créé les Questions au gouvernement (QAG), qui sont aujourd’hui indispensables. Le fait que les ministres soient au banc et qu’on puisse les interroger est indispensable, même s’ils ne répondent pas toujours à la question qui est posée. »
« La saisine du Conseil constitutionnel par les parlementaires est sans aucun doute un élément à retenir du septennat », abonde le sénateur Les Républicains Roger Karoutchi. « Cela a renforcé le rôle du Parlement dans la défense des droits constitutionnels. Avec cette réforme, le Conseil constitutionnel a acquis un véritable pouvoir d’intervention. C’est un changement profond qui a ensuite été élargi et renforcé. » Le sénateur des Hauts-de-Seine souligne un deuxième élément clé de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing : le passage de la majorité de 21 ans à 18 ans. « Cela a donné un coup de jeune à la démocratie et aux élections, et a compté comme un élément important pour la vie sociale et civile », soutient Roger Karoutchi.