Comme le Français ou les mathématiques, Michel Savin veut que le sport devienne une « matière scolaire à part entière ». Le sénateur Les Républicains de l’Isère a déposé une proposition de loi visant à renforcer « la pratique sportive durant le cursus scolaire et universitaire ». Cosigné par 73 sénateurs essentiellement LR et centristes, le texte comporte 3 titres, divisés en 12 articles. Pour Michel Savin et ses collègues, « il est important que la pratique sportive soit enfin reconnue à sa juste valeur dans le cadre du parcours scolaire et universitaire, mais il est également déterminant que les sportifs de haut niveau ou en accession soient mieux soutenus tout au long de leur cursus. Enfin, un effort doit être réalisé sur les équipements, notamment les piscines ».
Point de départ de leur réflexion, le constat confirmé lors de la dernière table ronde au Sénat sur le sujet. « Les médecins et les professeurs nous ont alertés sur la situation de sédentarité que l’on retrouve chez les jeunes. Les chiffres sont inquiétants et les problèmes vont nous sauter à la figure dans 10 ou 15 ans : obésité etc. », explique Michel Savin. « En 1971, un enfant courait 800 mètres en 3 minutes, en 2013 pour cette même distance, il lui en faut 4 ! », tel est le constat réalisé par le Professeur François Carré, rapportent les sénateurs. La sédentarité est quant à elle la 4e cause de mortalité mondiale. Le but de la proposition de loi est donc de mettre en lumière ce phénomène, d’y remédier et de faire de « la pratique sportive un pilier reconnu de l’éducation en France ».
30 minutes d’activité physique obligatoire par jour à l’école
Le premier titre du texte entend ainsi favoriser la pratique sportive tout au long du parcours scolaire. L’article 2 propose de rendre obligatoire la pratique quotidienne de 30 minutes d’activité physique à l’école. « Sans remettre en cause les séances d’éducation physique et sportive, cette mesure doit permettre à chaque jeune de pratiquer une activité physique quotidienne, comme cela est recommandé par toutes les instances médicales et de prévention », est-il écrit. « On souhaite aussi développer les formations des enseignants pour les sensibiliser », ajoute Michel Savin.
Les sénateurs s’inquiètent également du niveau de l’apprentissage de la natation. « On s’aperçoit aujourd’hui qu’il y a plus de piscines qui ferment », alerte le sénateur de l’Isère. « La baisse du nombre d’enfants sachant nager provoque une recrudescence des morts par noyade depuis plusieurs années », souligne le texte. Son article 3 a donc pour objet « d’ajouter l’enseignement de l’aisance aquatique et de la natation à l’article du code de l’éducation portant sur les programmes d’éducation physique et sportive ». « Avec les fermetures d’un certain nombre de piscines, il y a moins de pratique ou les écoles doivent prendre des bus pour aller dans des piscines plus lointaines et ça coûte de l’argent. Certaines écoles privilégient donc d’autres activités », regrette Michel Savin. Les sénateurs demandent également un rapport au gouvernement sur les piscines et sur l’apprentissage de la natation : « Il y avait eu, il y a plusieurs années un plan de 1000 piscines. Mais aujourd’hui, il faut faire un état des lieux », estime Michel Savin.
Enfin à l’université, la proposition de loi veut rendre obligatoire la mise en place d’une politique spécifique pour le développement du sport à l’université et la validation de cette pratique. Afin que ce soit « un parcours sur la totalité du temps scolaire. Il faut que le sport soit une matière à part entière et pas quelque chose de facultatif », insiste Michel Savin. « La loi Égalité et citoyenneté a permis de rendre obligatoire la validation de l’engagement étudiant, il convient de rendre désormais obligatoire la validation de la pratique sportive des étudiants », relève le texte.
Soutenir les sportifs de haut niveau dès le plus jeune âge
Les signataires regrettent dans le même temps que « contrairement à d’autres demandes d’aménagement d’études, les jeunes sportifs français ne soient pas toujours soutenus dans le cadre de leur parcours scolaire et universitaire ». Ils comptent alors mieux accompagner ces sportifs parfois très jeunes. « On constate que dans certaines disciplines, le haut niveau commence très jeune : la natation, la danse. À 15-16 ans on peut avoir une médaille olympique : donc il faut que l’éducation puisse s’adapter aux plannings de ces jeunes, parfois très chargés », abonde Michel Savin. De l’école primaire, à l’université, la proposition de loi veut mieux les encadrer. L’article 6 propose de « renforcer le suivi des sportifs de haut niveau dans le second degré », quand l’article 8 souhaite renforcer « l’individualisation des cursus des sportifs de haut niveau dans l’enseignement supérieur ».
« J’ai vu des entraîneurs qui démarrent les entraînements à 6 heures du matin, avec les cours ça donne des journées très lourdes pour les jeunes sportifs. Plusieurs centaines de jeunes rentrent dans ce créneau. Il faut peut-être étaler un peu plus leur scolarité », suggère Michel Savin. Le président du groupe « Pratiques sportives et grands événements sportifs » au Sénat entend également « harmoniser » les pratiques mises en œuvre. Il donne un exemple : « Le suivi des athlètes de haut niveau à Grenoble se passe bien. Mais ça dépend beaucoup des chefs d’établissement pour le moment ». Pour favoriser encore plus la pratique du sport, le texte prévoit « d’ouvrir les équipements sportifs scolaires hors temps scolaire », qui pourraient ainsi bénéficier aux associations sportives du territoire. Michel Savin martèle son ambition : « L’essentiel, c’est que le sport soit beaucoup plus considéré comme une matière comme les autres ! »