Un collaborateur de l’Élysée avec une arme ? « J’aurais interpellé la personne » répond Michel Besnard ancien chef du GSPR

Un collaborateur de l’Élysée avec une arme ? « J’aurais interpellé la personne » répond Michel Besnard ancien chef du GSPR

Devant la commission d’enquête du Sénat, le préfet Michel Besnard, ancien chef du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), a fait part de son expérience après avoir passé cinq ans à la tête du service de sécurité de l'Élysée sous Nicolas Sarkozy. Si, comme c'était le cas avec Alexandre Benalla, un chargé de mission avait porté une arme, il l'aurait « interpellé ».
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

9 min

Publié le

Mis à jour le

Désireux d’en apprendre plus et de confronter les points de vue sur l’organisation de la sécurité du chef de l’État, les sénateurs auditionnent ce matin à partir de 9h30 Michel Besnard, ancien chef du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), ce corps qui assure la sécurité à l’extérieur du palais de l’Élysée. Il était en fonction sous Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2012. Il est depuis cette année le nouveau directeur de la sécurité du PSG.

Le 30 juillet, les sénateurs avaient auditionné le colonel Lionel Lavergne, l’actuel chef du GSPR.

10H50 : Un collaborateur de l’Élysée avec une arme ? « J’aurais interpellé la personne » répond Michel Besnard

Un collaborateur de l’Elysée avec une arme ? « J’aurais interpelé la personne » répond Michel Besnard
01:50

« Si j’avais constaté qu’une personne était porteuse d’une arme alors qu’à mon sens ce n’était pas son rôle. Je n’en aurais pas rendu compte. J’aurais effectué un contrôle ». Michel Besnard a été clair sur ce qu’il pensait d’un collaborateur de l’Élysée portant une arme. « J’aurais interpellé la personne ou demander aux forces locales de vérifier pourquoi cet individu était porteur d’une arme ? Pour moi arme égal forces de sécurité intérieure. Ça s’arrête là ». Alexandre Benalla ne faisait partie ni du GSPR ni du commandement militaire.

10H31 : « Son positionnement était clairement celui d’un chef de cabinet adjoint »

« Son positionnement était clairement celui d’un chef de cabinet adjoint » affirme Besnard
02:02

Alexandre Benalla affirme avoir été régulièrement aux côtés du président de la République, y compris dans ses déplacements privés. Est-ce le rôle d’un chef adjoint du cabinet ? Michel Besnard souligne que le chef du cabinet ou son adjoint sont systématiquement présents dans les déplacements officiels mais très exceptionnellement dans les déplacements privés.

L’ancien chef du GSPR raconte aussi avoir rencontré Alexandre Benalla lors du « One planet summit », le sommet international sur le climat qui s’est déroulé sur l’île Seguin (Boulogne-Billancourt), en décembre 2017. « Il était le représentant de la présidence de la République pour l’organisation de ce sommet. Il a dirigé plusieurs réunions (…) en tant qu’adjoint au chef du cabinet ou chargé de fonction. » Mais de trancher : « Son positionnement était clairement celui d’un chef de cabinet adjoint du président de la République. »

10h14 : « Si une menace avait pesé sur un conseiller, plutôt que de lui attribuer une arme, on lui aurait attribué une sécurité »

« Si une menace avait pesé sur un conseiller, plutôt que de lui attribuer une arme, on lui aurait attribué une sécurité » affirme Michel Besnard
01:02

Interrogé sur la possibilité que d’autres personnes que les membres du commandement militaire ou du GSPR aient pu disposer d’un port d’arme (comme c’était le cas pour Alexandre Benalla), Michel Besnard s’est montré direct : « Non. Je n’ai jamais eu connaissance de ce type de fait » affirme-t-il. « Si une menace avait pesé sur un conseiller, plutôt que de lui attribuer une arme, on lui aurait attribué une sécurité. »

10h07 : Coordination des forces de sécurités du Président, Besnard ne pense pas qu’ « une réforme soit nécessaire »

Michel Besnard: Coordination des forces de sécurités du Président, Besnard ne pense pas qu’ « une réforme soit nécessaire »
06:47

Un élément ressort des auditions de la commission d’enquête, Alexandre Benalla était notamment en charge « de la coordination des deux services de protection de l’Élysée : le GSPR et le commandement militaire ». Certains policiers et gendarmes affirment qu’Alexandre Benalla était pressenti pour prendre la tête d’un nouveau service de protection qui fusionnerait les deux unités.

Pour l’ancien chef du GSPR, une telle réforme n’était pas « nécessaire ». « Je ne m’immisçais pas dans le travail des gardes républicains à l’intérieur de l’Élysée et ceux-ci n’avaient pas à connaître mon travail à l’extérieur du palais. Ce partage des responsabilités était clairement établi depuis toujours. Je n’ai jamais eu à participer à une étude quelconque sur le renouvellement de la sécurité du Président de la République » a-t-il expliqué

Michel Besnard a également affirmé que ses fonctions ne se limitaient pas à la sécurité mais également à l’organisation des déplacements du Président et de la délégation qui l’accompagnait.

10h00. « Les règles, sans être transgressées, s’adaptent à la personnalité du Président »

Michel Besnard : « Les règles, sans être transgressées, s’adaptent à la personnalité du Président »
01:19

La co-rapportrice, Muriel Jourda, souligne que lors des auditions, « il nous a été expliqué qu’il avait été décidé que systématiquement, ce serait un membre de la chefferie de cabinet qui se trouverait à proximité du Président ». Alexandre Benalla, en tant que chargé de mission, était adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron.

« La présence du chef de cabinet ou de son adjoint à proximité du Président n’était pas systématique. Elle l’était sur les déplacements du Président, mais pas systématique dans son environnement le plus proche » se souvient Michel Besnard, pour ce qui est de l’époque de Nicolas Sarkozy, où il dirigeait le GSPR. Il ajoute :

« Sa présence n’était pas toujours immédiatement à côté du président de la République. Ça, clairement, c’est un choix du président de la République lui-même. C’est lui qui définit qui il souhaite avoir à ses côtés ».

« La sécurité du président de la République, c’est avant tout un lien de confiance qui doit s’installer. Et les règles, sans être transgressées, s’adaptent à la personnalité du Président » affirme Michel Besnard. « La présence du chef de cabinet ou son adjoint à côté de Nicolas Sarkozy n’était pas systématique car il ne le souhaitait pas. Si d’autres dispositifs peuvent être mis en œuvre, le dispositif de sécurité s’adapte à ces personnes qui sont à proximité » insiste-t-il.

9h51 : « Donner des instructions au GSPR n’était pas possible »

« Donner des instructions au GSPR n’était pas possible » souligne Michel Besnard
02:07

Quel rôle avait Alexandre Benalla au sein de la sécurité rapprochée du président de la République ? Interrogé sur ce point, l’ancien patron du GSPR sous Nicolas Sarkozy, évoque le fonctionnement de ce groupe à son époque. « Donner des instructions au chef du GSPR ou à un membre du GSPR, à l’époque où j’étais en charge de cette responsabilité, n’était pas possible » tranche-t-il. « Dans les déplacements officiels, celui qui vous donne les informations, c’est le chef de cabinet qui a en charge l’organisation des déplacements du président de la République. »

« Pour ce qui concerne Monsieur Benalla, je ne saurais dire quel rôle le GSPR du moment aurait pu lui donner. Seuls eux peuvent répondre ». Et de laisser entendre qu’il aurait davantage été une gêne pour le GSPR. Mais Michel Besnard souligne que les personnes gravitant autour du président de la République peuvent servir de « matelas » ou « d’obstacle » pour améliorer la protection du chef d’État. « Il y a un certain nombre de personnes autour du président de la République. Vous ne pouvez pas les éliminer alors vous les utilisez à votre profit » précise-t-il.

9h43 : « Le cercle le plus proche du président de la République est constitué de membres du GSPR »

Michel Besnard: « Le cercle le plus proche du président de la République est constitué de membres du GSPR »
05:53

Au vu de nombreuses images montrant Alexandre Benalla aux côtés du Président, Michel Besnard ne peut pas dire si Alexandre Benalla était, dans les faits, en charge de la protection du chef de l’État. « Pour pouvoir vous répondre, il faudrait qu’une action se déroule, qu’il faille opérer une évacuation du président de la République pour voir à ce moment-là qui agirait et que ferait-il ? La présence d’un certain nombre de personnes à côté du Président ne peut pas déterminer, à coup sûr, son rôle » a-t-il déclaré. Par exemple dans le cercle proche du chef de l’État, on trouve « des parasites, des courtisans qui constituent une gêne, qu’il nous appartient d’éloigner pour pouvoir exercer cette fonction ».

En ce qui concerne les questions de sécurité, Michel Besnard l’assure : « Le cercle le plus proche du président de la République est constitué de membres du GSPR exclusivement ».

9h40. « La sécurité du Président s’exerce à tout moment »

Michel Besnard, ancien chef du GSPR : « La sécurité du Président s’exerce à tout moment »
01:55

Michel Besnard explique en quoi constitue la sécurité du président de la République. « La responsabilité du GSPR consiste en la sécurité rapprochée du Président et de sa famille ». « C’est une sécurité qui s’exerce à tout moment, à tout instant. Dans le cadre officiel et privé » souligne l’ancien responsable du GSPR sous Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2012. « Il n’y a eu aucune exception, en ce qui me concerne » précise-t-il. À son époque, le GSPR était constitué de « 90 à 100 personnes » qui « appartenaient tous au service de protection des hautes personnalités ou au RAID ».

Dans la même thématique

Paris : Hearing of Elisabeth Borne at French Senate
7min

Politique

Dérapage du déficit : les moments clés de la mission d’information du Sénat qui étrille les gouvernements passés

Série. Retour sur les temps forts parlementaires de 2024 au Sénat. En mars dernier, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat se rendait au ministère de l’Economie pour enquêter sur la dégradation du déficit de la France. C’est le point de départ d’une des missions d’information les plus marquantes de cette année 2024. Retour en six dates sur ces travaux, ponctués d’auditions musclées.

Le

Paris, Matignon : minute of silence
5min

Politique

Gouvernement Bayrou : « Il y a une forme d’impasse stratégique », juge le constitutionnaliste Benjamin Morel

Alors que le gouvernement de François Bayrou doit être annoncé à 18h30, les principales interrogations concernent la durée de vie de cette future équipe. En effet, le Premier ministre s’appuie sur le même socle politique que son prédécesseur et souhaite reprendre les travaux de Michel Barnier sur le budget. Pour le même résultat ? Entretien avec Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas.

Le