Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a dénoncé jeudi un "scandale" après la publication dans Le Point d'un courrier signé du directeur de cabinet de Richard Ferrand, Jean-Marie Girier, se proposant de créer une "task-force pour +chasser+ les maires" PS.
"C'est un scandale cette histoire", a affirmé M. Faure à l'AFP. Le député de Seine-et-Marne dénonce en premier lieu un "détournement de fonds public", M. Girier ayant rédigé "ès qualités", en tant que membre du cabinet du président de l'Assemblée nationale, une note qui "pose une stratégie pour les municipales".
"Quelqu'un utilise son temps de travail à l'Assemblée nationale pour réfléchir à autre chose qu'au bon fonctionnement de l'Assemblée nationale", a protesté M. Faure, soulignant que des enquêtes ont été ouvertes au Parlement européen "pour des faits similaires".
Interrogé par l'AFP, l'entourage de M. Ferrand a répondu qu'il s'agissait d'une "note politique par un conseiller politique à un homme politique, une note d'ambiance à son initiative". "C'est toujours fâcheux qu'une telle note destinée au président de l'Assemblée sorte. La réaction du PS montre qu'ils ne sont pas sereins", a ajouté cette source.
Le Point a publié jeudi un courrier signé de M. Girier, en date du 21 juin, et adressé au "Président", qui vise à "formuler une proposition opérationnelle pour mettre en place un +AGIR de gauche+ avant la rentrée de septembre 2019" (en référence à Agir, le parti de centre droit qui soutient la majorité).
M. Girier suggère de ne pas "créer un parti" mais plutôt un "cercle" ou un "collectif", sans demander à ses membres de quitter le PS. Il projette le lancement en juin d'un "premier appel des sénateurs", la publication d'une "tribune des Réformateurs" (l'ancienne aile droite du PS) en juillet, la "publication d'une tribune lançant la structure le 24 août", pendant l'université d'été du PS à La Rochelle, et en septembre une "vague d'investitures et de soutien LREM à des maires socialistes".
Une "task-force" serait mise en place "pour +chasser+ les maires", s'appuyant sur un "cercle opérationnel macroniste pour traiter les maires socialistes" composé de cinq conseillers travaillant à l'Elysée, à l'Assemblée ou pour le gouvernement.
"En tant que conseiller ministériel, je ne me suis jamais occupé des municipales", a protesté M. Faure, qui a travaillé au cabinet de Martine Aubry.
Sur le fond, M. Faure a souligné que la première étape du plan avait échoué. L'idée d'un appel de sénateurs PS a bien été évoquée dans la presse fin juin, mais il n'a finalement pas été publié. "Il y a eu une tentative, ça a fait pshitt. L'échec est constaté", avait affirmé à l'AFP le 21 juin le président du groupe PS au Sénat, Patrick Kanner.
"Comment voulez-vous que des gens qui portent des convictions de gauche puissent se retrouver dans la politique du gouvernement", s'est interrogé M. Faure, citant la réforme de l'assurance-chômage, la réduction des APL ou la mise en place d'un "âge pivot" pour la retraite.
Le patron du PS a également rappelé que M. Girier était déjà mis en cause dans une enquête préliminaire ouverte à Lyon pour détournement de fonds publics, sur le rôle de la métropole et de la Ville de Lyon dans la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron.