Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Trois ministres quittent le gouvernement, Griveaux et Mahjoubi visent Paris
Par Laurence BENHAMOU
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Emmanuel Macron va devoir effectuer un petit remaniement gouvernemental avant les européennes, en raison des ambitions électorales de trois de ses ministres, Nathalie Loiseau pour les européennes et Mounir Mahjoubi et Benjamin Griveaux désormais rivaux pour la mairie de Paris.
Appliquant la doctrine du chef de l’État qui juge incompatible d'être ministre tout en menant campagne, la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, investie mardi tête de liste LREM pour le scrutin européen du 26 mai, a présenté sa démission dès mercredi matin.
Les deux autres départs reflètent une rivalité frontale pour le même poste : le désormais ancien porte-parole Benjamin Griveaux comme l'ex-secrétaire d’État au Numérique Mounir Mahjoubi briguent tous deux l'investiture LREM pour les municipales de 2020 à Paris.
Un choix que le parti du président, et le président lui-même, trancheront en juin. Sans attendre, le sénateur Julien Bargeton a annoncé dès mercredi soir se ranger derrière l'ex-porte-parole.
"A partir du moment où Benjamin Griveaux décide dès ce soir de démissionner, ma candidature, qui ne sert finalement qu'à diviser, n'a plus de sens, parce que je voulais moi qu'elle porte un projet. Et je lui apporte mon soutien. je souhaite que le maximum d'adhérents En Marche puissent le soutenir pour lancer cette campagne", a-t-il ajouté sur BFMTV.
"Nous en sommes convenus : j’animerai à ses côtés la réflexion sur le projet" pour Paris, a-t-il précisé dans un communiqué.
L'ancien porte-parole l'a remercié sur Twitter et a souligné sur son compte Facebook que son départ s'était fait "en plein accord avec le président de la République et le Premier ministre".
Pas de quoi dissuader Mounir Mahjoubi qui a twitté : "En route pour un nouvel horizon. Paris doit donner sa chance à tous".
Lui qui affiche depuis longtemps ses ambitions pour Paris, aurait d'ailleurs préféré rester au gouvernement le plus longtemps possible.
"Partir maintenant serait très lâche". "Il ne faut pas perturber ni les élections européennes ni le grand débat en provoquant un remaniement", disait-il vendredi à la Tribune, taclant l'impatience de Benjamin Griveaux. A l’Elysée comme à Matignon, cette sortie a déplu.
Un récent sondage qui donne la maire Anne Hidalgo en tête des intentions de vote a peut-être accéléré la cadence. D'autres prétendants pour Paris sont sur les rangs, dont les députés Cédric Villani et Hugues Renson ainsi que l'élue du IVe arrondissement Anne Lebreton.
- "Poudre d'escampette" -
Avec le départ de Benjamin Griveaux, c'est aussi de nouveau un "Mormon" qui s'éloigne, ce petit groupe de jeunes fidèles qui ont accompagné Emmanuel Macron dans sa conquête du pouvoir.
Dans la matinée, interrogé par la presse avec laquelle il entretient des rapports tendus, le porte-parole avait fait durer le suspense: "J'ai dit que si je devais être candidat, je démissionnerais immédiatement".
Au total, dix membres du gouvernement sont partis, volontairement ou non, depuis le début du quinquennat. Avant eux, sept ministres ont démissionné en un an et demi, une concentration de départs inédite en début de mandat. Parmi eux, on compte trois ministres d'Etat, François Bayrou, Nicolas Hulot et Gérard Collomb.
"Je constate que trois de ses ministres on décidé de prendre la poudre d'escampette. On peut s'étonner que les gens quittent le navire. C'est un président qui doit faire face à un très grand nombre de départ. Visiblement, ils privilégient d'autre ambitions, qui sont nobles certes, mais c’est quand même un peu bizarre", a critiqué un autre candidat à la mairie de Paris, l'ex-conseiller de Hollande Gaspard Gantzer.
"Le sentiment que ça donne c'est que l'ambition personnelle compte peut-être plus" que le gouvernement, a critiqué le candidat du PCF aux européennes, Ian Brossat.
- Parité -
Les remplaçants devaient être nommés d'ici lundi, date du prochain conseil des ministres. Mais probablement pas avant vendredi, après le retour d'Edouard Philippe du Qatar, selon des sources gouvernementales.
Parmi les favoris pour les Affaires européennes figure Clément Beaune, conseiller Europe d'Emmanuel Macron. Pour le porte-parolat, trois membres du gouvernement sont sur les rangs: Emmanuelle Wargon, Marc Fesneau et Gabriel Attal.
Le chef de l’État devra aussi veiller à la parité qu'il prône, mise à mal depuis l’entrée au gouvernement en janvier d'Adrien Taquet (Protection de l'enfance). Le gouvernement comptait jusqu'à ce jour dix-neuf hommes, y compris le Premier ministre, et dix-sept femmes.
Difficile aussi cette fois pour Emmanuel Macron, en cette période pré-électorale, de laisser traîner les nominations en longueur.
"J’espère qu’Emmanuel Macron a bien réfléchi pour ce remaniement, il avait attendu deux semaines pour nommer Castaner à Beauvau, au regard de ses résultats il aurait peut-être dû réfléchir un peu plus longtemps", a ironisé le député LR Eric Ciotti.