“Tout sauf Aliot”, vers un nouveau front républicain à Perpignan?
Front républicain contre Front national, la recette a souvent fonctionné, et face à l'ascension du RN à Perpignan, les opposants à Louis Aliot...
Par Alexandre PEYRILLE
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Front républicain contre Front national, la recette a souvent fonctionné, et face à l'ascension du RN à Perpignan, les opposants à Louis Aliot rivalisent pour porter l'étendard d'un rassemblement contre l'extrême droite.
En 2014, le maire sortant LR Jean-Marc Pujol avait battu Louis Aliot, lors d'un duel au second tour (55-45%), grâce au désistement du candidat PS. Cette année, "ça paraît nettement plus difficile", observe l'historien Nicolas Lebourg.
"On a vu lors de la présidentielle que le tir de barrage anti-FN reste puissant à Perpignan", note-t-il, mais si l'opposition à Marine Le Pen est "forte", "elle est moindre contre Aliot, il s'est créé une image plus soft. Ce n'est pas gagné d'avance, mais il y a une vraie possibilité" qu'il soit élu maire de Perpignan.
Derrière Aliot, les candidats se bousculent, en s'érigeant en grands rassembleurs pour défaire le candidat d'extrême droite.
Graphique sur les résultats électoraux du Rassemblement National (ancien Front National) à Perpignan, à l'approche des municipales
AFP
Dans cette ville de 120.000 habitants affichant 25% de taux de chômage, le dernier sondage (Ipsos, début février) situe Aliot à environ 30% au soir du 1er tour, devant un tiercé, voire un quartet, mené par Jean-Marc Pujol, maire LR depuis 2009.
Avec un maigre score pour un maire sortant (19%), Pujol devance la candidate EELV Agnès Langevine et vice-présidente du Conseil régional (15%), le député En Marche Romain Grau (13%) et Caroline Forgues, une ingénieure à la tête d'une liste citoyenne soutenue par la France insoumise, le PCF et le NPA (10%).
- "Match mortifère" -
Le maire LR sortant Jean-Marc Pujol, candidat aux municipales, le 27 janvier 2020 à Perpignan
AFP/Archives
Et Jean-Marc Pujol semble le moins enclin à se désister au second tour: "J'ai déjà battu Aliot et je peux le refaire". "Je prendrai mes responsabilités au soir du 1er tour", martèle-t-il. Ce qui ne veut pas dire qu'il se retirera si Mme Langevine ou M. Grau arrive en 2e position à l'issue du premier tour.
Selon la candidate écologiste, le maire sortant est "trop affaibli" et n'est pas en mesure de faire barrage à l'extrême droite une deuxième fois. "Je suis la surprise, dit-elle, l'espoir de sortir de ce match mortifère entre Aliot et Pujol, pour donner un nouveau souffle à Perpignan, nous sommes l'alternative."
Si le front républicain a fonctionné en 2014, après le désistement du candidat PS Jacques Cresta au profit de M. Pujol, il a causé des dégâts dans les rangs de la gauche. "Quand on se désiste, on disparaît", constate amèrement Agnès Langevine.
La candidate EELV aux municipales, Agnès Langevine, le 27 janvier 2020 à Perpignan
AFP/Archives
Romain Grau, camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA, estime pour sa part être "idéalement placé au centre de l'échiquier politique", pour conduire le front républicain le 22 mars.
Jean-Paul Alduy, maire de Perpignan de 1993 à 2009, qui a cédé son fauteuil de maire à Pujol, soutient désormais le candidat En Marche, et se sent "floué" par celui qu'il a pourtant installé à la mairie de Perpignan. "Il y a aujourd'hui un rejet très fort de Jean-Marc Pujol".
- "situation critique" -
"Plus il y aura de liste, plus ce sera à l'avantage d'Aliot. Nous sommes dans une situation critique", alerte-t-il.
Le candidat LREM aux municipales, Romain Grau, le 27 janvier 2020 à Perpignan
AFP/Archives
"Très clairement, le report de voix fonctionne mieux quand la gauche se désiste pour la droite. Si la droite se désiste, l'électorat Pujol préfèrera voter Aliot que pour Langevine", estime l'historien Nicolas Lebourg.
Pendant ce temps, Louis Aliot observe la course pour la 2e place et assure que la volonté de "dégagisme" le servira. "Beaucoup ne se feront plus prendre au piège du front républicain, assure-t-il. Ca fait 30 ans que la gauche et la droite se font la courte échelle, je crains qu'on arrive au bout de la logique".
Plus consensuel et modéré dans ses propos, Aliot cherche à éviter une surmobilisation contre lui, qui l'avait privé de la mairie en 2014. La campagne se déroule sans heurts et Louis Aliot n'a pas jusqu'ici été malmené par ses adversaires, dans cette ville ancrée à droite depuis 1959.
"Le plafond de verre (réputé freiner la montée du FN, ndlr)? Il n'existe plus depuis 2017", se gargarise celui qui a été élu député dans les Pyrénées-Orientales lors des législatives ayant suivi la présidentielle.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.