Thierry Breton, le patron jamais loin de la politique

Thierry Breton, le patron jamais loin de la politique

Proposé par Emmanuel Macron au poste de commissaire européen français, le PDG du groupe informatique Atos Thierry Breton est un patron passionné...
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Par Laurent BARTHELEMY

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Proposé par Emmanuel Macron au poste de commissaire européen français, le PDG du groupe informatique Atos Thierry Breton est un patron passionné de technologie, qui n'est jamais resté très loin de la politique.

Sa chevelure frisée aujourd'hui grisonnante, sa voix un peu saccadée où les mots se bousculent parfois pour suivre les idées qui fusent sont familières depuis des décennies des lieux de pouvoir français.

Devant la presse, l'ancien ministre de l'Economie de Jacques Chirac (2005-2007) n'est jamais aussi animé que lorsqu'il parle d'informatique quantique ou de supercalculateurs, des projets gérés au sein d'Atos par la division "Big data et cybersécurité" à la croissance à deux chiffres, et sur laquelle il place de gros espoirs.

Et ce coauteur, en 1984, d'un roman d'anticipation sur la guerre informatique ("Softwar", Robert Laffont) n'est jamais à court d'enthousiasme pour défendre les possibilités de la tech européenne.

Jeudi matin, en commentant les résultats trimestriels d'Atos après l'annonce publique de sa nomination pour Bruxelles, il lançait à un analyste financier que l'on pourrait "voir, dans l'avenir, des entreprises européennes faire mieux que des entreprises américaines".

"Vous devez vous y habituer", a-t-il ajouté dans son anglais très fluide mais teinté d'un fort accent français.

Thierry Breton, ingénieur Supelec de 64 ans, a été patron de plusieurs grandes entreprises françaises de l'informatique ou de la technologie, Bull, Thomson Multimédia, France Telecom et enfin Atos.

Pendant longtemps, ses détracteurs ont souligné qu'il n'avait jamais orchestré ses chantiers jusqu'au bout, quittant à chaque fois avant terme une société pour une autre.

Mais le reproche peut difficilement lui être fait pour Atos, dont il a été nommé président du directoire en novembre 2008 avant d'en devenir le PDG en février 2009.

Sous sa houlette, le groupe a connu une forte croissance, multipliant les acquisitions et entrant au CAC 40 en 2017.

- Gestionnaire rigoureux et survolté -

"C'est un patron charismatique (...) avec des pratiques drastiques et des plans d'économies qui se sont adressés à l'ensemble des étages", a expliqué jeudi à l'AFP Marie-Christine Lebert, ancienne coordinatrice CFDT chez Atos et aujourd'hui administratrice salariée de Worldline, une ex-filiale d'Atos.

Thierry Breton en 2004, il était à l'époque patron de France Telecom
Thierry Breton en 2004, il était à l'époque patron de France Telecom
AFP/Archives

"Son efficacité n'est pas contestable, mais sur le partage de la valeur, ça manquait de consistance. Il est très efficace pour les actionnaires, avant les salariés", a-t-elle ajouté.

Fondateur d'une petite société d'ingénierie informatique, Forma Systems, Thierry Breton a accédé à la notoriété managériale en devenant le directeur général de Bull, groupe informatique français à l'histoire agitée, puis de Thomson Multimédia, de 1997 à 2002, qui cherchait un recours après sa privatisation avortée et qu'il réussit à sortir de l'ornière.

A ce poste, il impose l'image d'un gestionnaire rigoureux et survolté, entre programmes de restructuration permanents et réorientation hors de l'électronique grand public.

En octobre 2002, il prend la barre de France Télécom qui croule sous une dette frisant les 70 milliards d'euros. Avec l'aide de l'Etat, il impose un plan de redressement drastique sur trois ans qui permet à la société de se relever et aboutir à son changement de statut en entreprise privée.

En politique, Thierry Breton doit une grande partie de son ascension à l'ancien ministre René Monory, dont il fut le conseiller technique au ministère de l'Education nationale et à qui il souffla l'idée du parc d'attractions Futuroscope.

Lorsqu'il devient ministre de l'Economie du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin en 2005, il se focalise notamment sur la réduction de la dette publique.

En 2016, lors de la préparation de l'élection présidentielle, cet homme de droite convaincu décida finalement avant le premier tour de soutenir Emmanuel Macron, par crainte de voir un duel entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen au second tour.

"En politique, où on est en général obsédé par l'immédiat, il a lui une obsession du futur", a salué Jean-Pierre Raffarin, interrogé jeudi par l'AFP.

"Il est particulièrement au front de cette guerre commerciale que se livrent la Chine et les Etats-Unis, il veut faire entendre la voix de la France, faire du marché européen le levier de nos idées et de notre civilisation", a-t-il ajouté, notant que c'était aussi " un professionnel et un praticien du dialogue franco-allemand"

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