Après l’attaque chimique présumée à Douma, en Syrie, la tension monte. Donald Trump menace d’une réponse militaire contre Damas, tout en pointant du doigt la Russie. Cette dernière, de son côté, met en garde contre toute action et estime que les États-Unis « refusent de regarder la réalité en face ».
Caroline Galactéros, géopolitologue et présidente du think tank Geopragma estime qu’au-delà de cette affaire d’attaque chimique, les États-Unis cherchent en fait, une occasion pour agir : « Il faudrait quand même avoir une enquête, une certitude avant de lancer une opération. À moins qu’elle ne soit déjà dans les tuyaux depuis quelque temps et que ce ne soit que la suite d’une série de prétextes, qui jusqu’à présent n’ont pas pu aboutir à cette mise en œuvre de la force (…) La situation militaire en Syrie était arrivée à un point où l’on considérait que le régime était en train de récupérer de plus en plus la légitimité sur son territoire et le contrôle de son territoire (…) La Russie, évidemment en tire un certain nombre de fruits. On voit bien que Donald Trump est dans un combat (…) Il est dans cette perpétuelle montée (…) de la tension face à la Russie. »
Régis Le Sommier, rédacteur en chef adjoint à la rédaction de Paris Match, était, il y a encore quelques jours, en Syrie dans la Ghouta orientale : « Les Russes sont partout. Ils sont dans toutes les unités de l’armée syrienne (…) S’il y a eu usage du chimique, en particulier par voie aérienne, par un missile (…), il est difficile de penser que les Russes n’étaient pas au courant (…) vu le degré de contrôle qu’ils ont sur les opérations (…) Les Russes cherch[ant] la paix, ça voudrait dire qu’[ils] acceptent une action de la part du gouvernement syrien qui va contre ce qu’ils sont en train d’essayer de faire depuis des mois, au prix d’investissements considérables ».
« Nous ce qui nous est insupportable, c’est que les Russes disent d’une manière très cynique « Il faut aller aux Nations Unies » », estime Nadim Houry, directeur du programme terrorisme et lutte antiterroriste, à Human Rights Watch.
« [Or] chaque fois que l’on va aux Nations Unies pour demander un mécanisme de justice (…) un mécanisme d’enquête, ils bloquent. Ou bien, après des années où ils ont permis une enquête, les résultats ne leur [ayant] pas plu, ils ont bloqué » explique-t-il.
De son côté, Christian Cambon, président de la commission étrangère, de la défense et des forces armées et sénateur (LR) du Val-de-Marne, insiste sur son souhait de ne pas voir la France intervenir seule : « Il faut être très prudent sur cette affaire (…) Je ne pense pas qu’il soit souhaitable que la France reparte seule dans ce genre de rôle de gendarme du monde. Les Américains feront ce qu’ils voudront. Moi, je ne conseille pas de prendre des initiatives (…) sur la base de l’émotion des images, qui sont effroyables ».
Pour Nadim Houry, le plus important est de se concentrer sur la protection des civils en Syrie : « Cela fait 7 ans qu’il y a un conflit en Syrie. On est presque à un demi-million de morts [et] presque la moitié de la population syrienne a été déplacée, en interne ou en tant que réfugiés ».
Il ne s’agit donc pas d’une question de « lignes rouges » franchies ou pas, selon ce membre de Human Right Watch : « On a documenté les attaques à l’arme chimique, c’est un pourcentage infime du nombre des civils. Donc on a réduit tout le débat en Syrie par rapport aux armes chimiques. Il y a une norme internationale. Aujourd’hui elle n’est plus respectée en Syrie ».
Mardi matin, la Russie a annoncé qu’elle allait déposer à l’ONU, une résolution demandant une enquête sur cette attaque chimique présumée à Douma.
Vous pouvez voir et revoir le débat d’OVPL sur la Syrie, en intégralité :
OVPL : débat sur la Syrie