Syrie : auditionné au Sénat, l’ambassadeur de Turquie a donné « peu d’explications convaincantes »

Syrie : auditionné au Sénat, l’ambassadeur de Turquie a donné « peu d’explications convaincantes »

L’ambassadeur de Turquie en France était invité à venir s’expliquer devant les sénateurs sur l’offensive de son pays dans le nord de la Syrie. Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, Christian Cambon, est revenu sur cet échange.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

L’échange, à huis clos, a été qualifié de « franc et direct », par le sénateur LR Christian Cambon. Le président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées avait invité en urgence l’ambassadeur de Turquie à Paris, İsmail Hakkı Musa, à venir s’expliquer ce mercredi à 9h00, après l’offensive turque contre les combattants kurdes dans le nord de la Syrie, considérés comme terroristes par Ankara.

Au cours de cet entretien, les sénateurs représentant chacun des groupes de la Haute assemblée ont fait de leur « très vive condamnation » sur cette action militaire engagée le 9 octobre, après le retrait de troupes américaines. Ils estiment qu’Ankara a commis une triple faute : une « faute humaine », compte tenu du lourd bilan (un millier de morts et 160.000 déplacés), une « faute sécuritaire », car elle prend le risque de « relancer Daesch », et une « faute morale vis-à-vis des Kurdes », alliés dans la lutte contre l’État islamique.

Les déclarations du représentant de la Turquie n’ont, semble-t-il pas convaincu les sénateurs. « Nous avons obtenu peu d’explications convaincantes. Il a redéployé l’ensemble des arguments connus », a fait savoir Christian Cambon. Loin d’un début de solution, le discours tenu par le diplomate n’a fait qu’illustrer l’inflexibilité de son gouvernement. « Il n’y a pas de vrai doute à comprendre que la Turquie envisage de rester le temps qu’il faudra », selon le président de la commission sénatoriale.

Christian Cambon juge « inadmissibles » les propos du président de l’Assemblée turque

Christian Cambon juge « inadmissibles » les propos du président de l’Assemblée turque
01:09

Ce ton s’est retrouvé ces dernières heures dans la bouche des plus hauts responsables turcs, à commencer par le président Recep Tayyip Erdogan, qui a fermement rejeté la proposition américaine. « Nous ne pourrons jamais déclarer un cessez-le-feu ».

Les tensions diplomatiques se sont même invitées lors d’une séance de l’Union interparlementaire. Les propos sont rapportés par Christian Cambon et qualifiés d’ « absolument insupportables et inadmissibles ». « La France utilise les organisations terroristes et le terrorisme pour manipuler l’opinion publique et déstabiliser les régions du monde », a ainsi déclaré le président de la Grande Assemblée nationale de Turquie.

L’ambassadeur turc n’était pas le seul à avoir été auditionné en urgence par les sénateurs, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a également été entendu la veille (relire notre article), deux temps forts qui n’ont pas été reproduits à l’Assemblée nationale. La situation en Syrie a fait l’objet de quatre questions au gouvernement en séance, ce mercredi. Christian Cambon a notamment interpellé le gouvernement sur l’absence de réaction de l’Otan, organisation à laquelle est membre la Turquie, et sur les actions prévues pour garantir la sécurité nationale, après la nouvelle déstabilisation d’une région où sont détenus d’anciens djihadistes.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Syrie : auditionné au Sénat, l’ambassadeur de Turquie a donné « peu d’explications convaincantes »
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Syrie : auditionné au Sénat, l’ambassadeur de Turquie a donné « peu d’explications convaincantes »
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le