« Je ne suivrai pas le rapport Spinetta sur ce point », affirmait Édouard Philippe au sujet de la suppression des lignes ferroviaires non rentables. Cette recommandation, suggérée dans le rapport Spinetta, ne serait pas totalement abandonnée, à entendre le député socialiste invité de Territoires d’Infos ce mardi.
« On va refiler le bébé aux régions », selon Guillaume Garot. Lors de la présentation de la réforme de la SNCF, le Premier ministre expliquait que « la fermeture de 9 000 km de ligne » ne pouvait pas être décidée depuis Paris avec des critères « administratifs et comptables », avant d’ajouter que dans le rail était « au cœur de la stratégie des régions pour le développement des mobilités ». Un propos sibyllin qui nourrit sans doute les craintes du député PS. En outre, l’ouverture à la concurrence du trafic ferroviaire démarrera par les lignes de transport express régional (TER), ce qui peut laisser croire que les régions seraient en charge de ce dossier sensible.
Le recours aux ordonnances vise à « contourner les corps intermédiaires »
Le recours aux ordonnances, annoncé par Édouard Philippe pour mener à bien cette réforme, est fortement critiqué par Guillaume Garot. « Je considère que c’est une marque de mépris vis-à-vis des parlementaires et plus généralement vis-à-vis des corps intermédiaires », s’emporte le député socialiste. La réforme du Code du travail par voie d’ordonnances avait déjà été contestée par les parlementaires de l’opposition.
Cette méthode révèle la volonté du gouvernement de « contourner les corps intermédiaires et d’une certaine façon escamoter le débat public qui est nécessaire sur un enjeu aussi fondamental que la réforme ferroviaire », selon Guillaume Garot. Un mécontentement partagé par nombre de sénateurs, au premier rang desquels Hervé Maurey qui assimile « le recours aux ordonnances » à « un crachat à la figure des parlementaires » (lire notre article).
L’élu socialiste s’en prend également au discours distillé par l’exécutif vis-à-vis des cheminots. « S’il y a une dette c’est qu’il y a eu des investissements pour la modernisation et le développement du réseau » et non à cause du statut des cheminots, s’agace Guillaume Garot. Si le député de Mayenne concède le fait qu’une réforme de la SNCF est nécessaire, il estime que le modus operandi du gouvernement « va créer des crispations » et « des tensions qui n’aboutiront pas au résultat escompté ».