Succession à la tête d’EELV: la motion de la direction sortante en position de force
La motion du porte-parole d'EELV Julien Bayou, soutenue par le secrétaire national sur le départ David Cormand, a été placée largement en tête...
Par Baptiste BECQUART
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La motion du porte-parole d'EELV Julien Bayou, soutenue par le secrétaire national sur le départ David Cormand, a été placée largement en tête du vote des militants samedi, un avantage certain pour prendre la tête du parti lors du congrès le 30 novembre.
Dirigeants et militants écologistes sont focalisés sur les élections municipales de mars, où ils espèrent gagner plusieurs grandes et moyennes villes après leur percée aux élections européennes de juin. Mais le congrès qui s'avance oblige les uns et les autres à des débats internes.
Selon des résultats quasi définitifs publiés sur le site du parti, le texte mené par M. Bayou et l'autre porte-parole actuelle, Sandra Regol, a recueilli 41,3% des voix, reléguant à 26,5% la motion de l'ancienne députée Eva Sas, pourtant soutenue par plusieurs proches de l'homme fort d'EELV Yannick Jadot - qui ne s'est pas positionné publiquement.
En troisième position, arrive, avec 23%, la motion du secrétaire national adjoint Alain Coulombel, qui prône un dialogue immédiat et nourri avec les autres partis de gauche. Elle a été signée par le théoricien de l'effondrement Yves Cochet et l'ancien député européen Alain Lipietz.
Une quatrième motion, menée par le membre du bureau exécutif Philippe Stanisière, arrive dernière avec 8,6% des voix.
Le secrétaire national d'EELV, sur le départ, David Cormand, et l'homme fort du parti, Yannick Jadot, le 17 mai 2019 à Paris
AFP/Archives
Les votes ont permis d'élire 400 délégués qui, à la manière du système des grands électeurs des élections américaines, vont à leur tour élire un bureau exécutif le 30 novembre lors du Congrès d'EELV à Saint-Denis.
Julien Bayou se satisfaisait auprès de l'AFP d'un processus "apaisé". "Cela montre qu'on est capable d'organiser un congrès sans que ça nuise à la dynamique des municipales", a déclaré Julien Bayou. "Les quatre textes ont des nuances, mais tout le monde se rejoint sur l'affirmation de l'écologie", a-t-il ajouté.
M. Bayou a confié qu'il souhaitait discuter "rapidement d'un rassemblement", en clair une synthèse, une fusion pour une motion large au congrès.
- "Rien n'est joué" -
S'ouvrent donc dès samedi soir, pour deux semaines, les intenses discussions - dont les écologistes sont coutumiers - pour désigner le nouveau patron du parti. Et si Julien Bayou paraît en position de force, la possibilité théorique d'une alliance entre les deux listes suivantes leur donnent une capacité de pression.
"Les résultats très équilibrés" impliquent que le rassemblement ne pourra se faire qu'à "certaines conditions", assure Eva Sas à l'AFP, sans davantage de précisions.
Alain Coulombel renchérit: "Rien n'est joué. Beaucoup se méfient à l'idée d'un Bayou secrétaire national". Selon lui, "les trois autres sensibilités sont très critiques de la direction sortante sur la gouvernance", jugée pas assez démocratique et transparente.
Mme Souyris s'est vu préférer dans la 5e circonscription Julien Bayou. M. Belliard n'a pas été investi dans la 7e
AFP/Archives
Le choix du secrétaire national n'est historiquement pas un long fleuve tranquille à EELV et ce congrès ne devrait donc pas échapper à la règle.
En revanche, la ligne stratégique semble avoir été tranchée: les deux premiers textes souhaitent, avec des nuances, affirmer la primauté de l'écologie pour les prochaines élections.
C'est une victoire pour Yannick Jadot, tête de liste aux européennes, même si David Cormand revendique aussi avoir milité pour cette option. Les militants EELV l'ont déjà mise en pratique dans la plupart des grandes villes en votant pour une liste autonome par rapport aux autres forces de gauche.
Un cadre du congrès explique: "Ce qui motive les écolos c'est les municipales, pas d'être dans une compétition de congrès".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.