Benoît Payan n’a pas hésité à employer le terme, la situation hospitalière à Marseille arrive à « saturation ». Jeudi 8 avril, 309 patients étaient hospitalisés au sein de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, contre 21 à la mi-août. « Le personnel hospitalier est à bout » a averti l’édile de la cité phocéenne, officiant auparavant au poste de premier adjoint, arrivé au pouvoir après la démission surprise de Michèle Rubirola en décembre 2020.
Face à ces chiffres, la mairie mise sur la vaccination. Un « vaccinodrome » géant a été mis sur pied au stade Vélodrome. La crise sanitaire est venue s’imposer dans l’imposante bâtisse aux 67 000 places. Finis les matchs endiablés de l’Olympique de Marseille, maintenant on y vaccine à tour de bras. Benoît Payan n’hésite d’ailleurs pas à parler de « modèle marseillais » et souhaite ouvrir un second méga centre au Dôme, la principale salle de concert locale. « Je ne souhaite pas et je ne veux pas qu’on multiplie les petits centres, ce n’est pas efficace », a-t-il justifié.
Mais pour vacciner en masse la population, il faut avant tout… des vaccins. Et c’est là que le bât blesse. Sur le plateau de « Bonjour chez vous », le maire s’est alarmé du faible nombre de livraisons vaccinales annoncées pour les prochaines semaines : « J’ai des informations qui m’inquiètent. On nous annonce depuis hier une situation qui va se tendre ».
La raison ? Le nombre de doses livrées en mai à Marseille serait pour l’instant équivalent à celui du mois d’avril. Sauf que le vaccin Pfizer, distribué au stade Vélodrome, nécessite deux injections. Les doses reçues le mois prochain serviraient donc uniquement à donner aux personnes vaccinées actuellement leur seconde dose. Mettant un coup de frein majeur à la campagne vaccinale, sans nouveaux primo-vaccinés. « Il est possible qu’il y ait une rupture dans la vaccination », avertit Benoît Payan, « probablement à partir de fin avril, début mai. […] C’est clairement la responsabilité des laboratoires ».
Ces déclarations viennent mettre à mal l’actuelle stratégie gouvernementale, alors qu’Emmanuel Macron avait annoncé vouloir vacciner « matin, midi, et soir », lors de sa visite dans un centre de vaccination près de Valenciennes, en mars.
Rapportées à Marseille, ces informations sont d’autant plus inquiétantes que la ville est fragile d’un point de vue de santé publique. Comme l’illustre le dispensaire médical tenu par Médecins du monde, dans le très défavorisé troisième arrondissement. « Le seul en Europe » a indiqué Benoît Payan, sur le plateau de Public Sénat.