Stations de ski : les sénateurs dénoncent « la mauvaise plaisanterie » du gouvernement

Stations de ski : les sénateurs dénoncent « la mauvaise plaisanterie » du gouvernement

Sauf énorme revirement de situation, les professionnels de la montagne ont bien compris que les remontées mécaniques ne rouvriront pas demain malgré les promesses gouvernementales. La mauvaise nouvelle est venue du porte-parole du gouvernement ce mercredi 6 janvier. Pour Gabriel Attal, le 7 janvier n’aurait en effet jamais été annoncé comme « une date de réouverture » mais bien « comme un point de rendez-vous ». « Une mauvaise foi » dénoncée en bloc par les sénateurs élus des départements de montagne.
Public Sénat

Par Antoine Comte

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Directeurs de stations, moniteurs de ski, hôteliers… Tous avaient inscrit noir sur blanc cette date du jeudi 7 janvier 2021 dans leur agenda. Malheureusement pour eux, et pour les amateurs de godilles ou de chasse-neige, il va encore falloir prendre son mal en patience.

A l’issue d’un nouveau conseil de défense sanitaire et du traditionnel conseil des ministres, le porte-parole de gouvernement a douché tous leurs espoirs. « Le 7 janvier a été annoncé comme un point de rendez-vous, de revoyure, mais pas comme une date de réouverture », a lâché Gabriel Attal, en laissant la responsabilité au Premier ministre Jean Castex d’en dire davantage demain lors d’une conférence de presse très attendue.

Une petite phrase avec beaucoup de sous-entendus qui a aussitôt fait bondir les sénateurs élus dans les principaux territoires montagneux du pays.

C’est le cas notamment de Loïc Hervé. « Ça commence quand même à tourner à la vaste plaisanterie. On a voulu sauver Noël, mais si l’hiver est complètement foutu, qu’on nous le dise tout de suite ! », s’emporte le sénateur centriste de Haute-Savoie.

« Il faut ouvrir les stations de ski en janvier, car en janvier il n’y a pas de vacances scolaires. Les bars et les restaurants sont fermés et il n’y a que les locaux qui skient. On ne prend donc aucun risque. Regardez en Suisse où les remontées mécaniques sont restées ouvertes à Noël, il n’y a eu aucun cluster et aucune explosion du nombre de cas. Je le répète, ce n’est pas sur un tire-fesses qu’on attrape le covid-19 », lance-t-il très remonté.

« On a l’impression d’être pris pour des enfants »

Un sentiment très largement partagé par ses collègues de l’Isère. « Avec ce gouvernement, on a toujours l’impression d’être pris pour des enfants », tacle le sénateur Guillaume Gontard. Pour l’élu isérois, une réouverture des remontées mécaniques en ce début d’année « ne présente aucun risque si les précautions sanitaires sont garanties ».

« Les professionnels de la montagne sont des gens très responsables. Ils l’ont montré à Noël en proposant des alternatives au ski alpin en station tout en assurant les gestes barrières », assure le sénateur.

Un investissement de tous les instants des acteurs des stations alpines pour sauver la saison, que confirme le sénateur LR Michel Savin. « Le gouvernement est dans la com' avec des annonces qui se contredisent les unes après les autres. Ce que l’on ne comprend pas c’est que tous les professionnels de la montagne ont vraiment fait le nécessaire pour assurer la distanciation et sont donc prêts pour rouvrir. Le gouvernement fait des annonces de dates, les responsables de stations se mobilisent, investissent de l’argent pour quand même proposer des activités, et la veille on leur dit encore non. Franchement, c’est désespérant ».

Un cruel manque de perspective que dénoncent même certains soutiens de la majorité gouvernementale.

Lettre au secrétaire d’Etat

Pour Didier Rambaud qui se refuse d’être « un sénateur godillot ou un béni-oui-oui », il est urgent que le gouvernement communique une date. « Je plaide pour une réouverture le plus rapidement possible car je pense que janvier est le mois parfait pour expérimenter le bon fonctionnement des stations de ski en vue de préparer la saison de février », confie le sénateur LREM de l’Isère qui a écrit hier à Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme pour lui demander de faire bouger les choses.

Du côté des massifs du Jura où la pratique du ski de fond n’a jamais été aussi forte durant les vacances de Noël, la sénatrice Sylvie Vermeillet avance la date du 10 janvier. « Dans le Jura, le taux d’incidence est bas, et comme nous aurons les résultats des potentielles contaminations liées au jour de l’an d’ici le 10 janvier, je pense que c’est la date idéale pour rouvrir notre belle station de ski de pistes des Rousses ».

Mécontents et résignés, les principaux acteurs de la montagne devraient définitivement être fixés sur leur sort demain à 18 heures lors de la conférence de presse de Jean Castex. « Nous avons franchement très peu d’espoir quant à une réouverture dans les prochains jours », confiaient hier soir plusieurs directeurs de stations de ski réunis à la préfecture de l’Isère en présence de plusieurs sénateurs locaux mobilisés à leurs côtés.

Dans la même thématique

France Far Right
2min

Politique

Marine Le Pen condamnée : la cour d’appel de Paris envisage une décision « à l’été 2026 »

Les recours déposés par Marine Le Pen et les autres personnalités du RN dans l’affaire des assistants parlementaires pourraient être examinés rapidement, en vue d’une « décision à l’été 2026 ». Un délai qui permettrait à Marine Le Pen, si l’exécution provisoire de sa peine d’inéligibilité est annulée, de se présenter à l’élection présidentielle de 2027.

Le

Stations de ski : les sénateurs dénoncent « la mauvaise plaisanterie » du gouvernement
10min

Politique

Faut-il changer la loi après la condamnation de Marine Le Pen ?

Des voix s’élèvent pour demander une révision des textes, après la condamnation de Marine Le Pen qui l’empêche de se présenter en 2027. François Bayrou invite le Parlement à « la réflexion sur l’état de la loi », pointant « les décisions potentiellement porteuses de conséquences irréversibles, (qui) ne sont pas susceptibles d’appel ». Le sénateur LR et avocat Francis Szpiner soutient lui un changement, affirmant que « la loi pose problème, car elle vide de son sens l’appel ».

Le

SIPA_01206231_000017
7min

Politique

Inéligibilité de Marine Le Pen : existe-t-il encore des recours pour une candidature en 2027 ?

Après sa condamnation à 5 ans d’inéligibilité avec application immédiate, Marine Le Pen a dénoncé « une décision politique » destinée à l’« empêcher de (se) présenter et d’être élue à l’élection présidentielle ». Pour autant, il y aurait « un chemin juridique étroit » pour voir une candidature » de la présidente du groupe RN de l’Assemblée, a déclaré son avocat. Quel est-il ?

Le