Une élection marquée par une abstention record, autour de 60%. Plus de la moitié des Français appelés aux urnes pour le second tour dans les 4820 communes concernées ont préféré rester chez eux. Notre sondage Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, Public Sénat et LCP-Assemblée nationale sur l’état d’esprit des Français pour ce scrutin, réalisé sur 3000 personnes les 26 et 27 juin, donne des éléments de réponse pour comprendre cette situation.
La peur du Covid explique en partie l'abstention
43% des personnes interrogées répondent que la « principale raison de l’abstention » est le « risque d’attraper le Covid-19 en se rendant dans un bureau de vote ». Ils sont 38% à répondre « parce que ces élections ne changent rien à votre vie quotidienne ». En 5e, 24% y voient un moyen de « manifester son mécontentement à l’égard des hommes politiques ».
Les premiers éléments déterminants dans le choix de vote sont, sans surprise, « les enjeux locaux » (82% déterminant, 16% important mais pas déterminant). Vient aussi le bilan du maire sortant (66%). Alors que le premier tour s’est déroulé en pleine épidémie, la « manière dont votre maire et son équipe municipale ont géré la crise sanitaire liée au Covid-19 » est jugée déterminante par 32% des sondés, et « importante mais pas déterminant » par 50%. Soit quand même un total de 82% d’« important ou déterminant ». La « manière dont les candidats ont réagi face à la crise sanitaire » est jugée au total important ou déterminant à 80%.
L’avenir du système social, la première préoccupation
Ce second tour s’est déroulé dans un contexte national particulier. Selon les personnes interrogées, la principale préoccupation reste à 44% l’avenir du système social (santé, retraites), mais en baisse par rapport au premier tour (52%). Viennent ensuite les difficultés en termes de pouvoir d’achat (39%), la protection de l’environnement (38% contre 42% au premier tour), le Covid-19 (35%). Le niveau de la délinquance monte dans les préoccupations, avec 30% (21% au premier tour). Viennent ensuite la montée des inégalités sociales (27%), le taux de chômage (sujet en forte hausse avec 26% contre seulement 13% au premier tour), le niveau de l’immigration (25% contre 27%), la menace terroriste, en recul dans les préoccupations (16% contre 20%) puis l’avenir du système scolaire (11%).
Sur l’épidémie de Covid-19 en elle-même, à noter qu’au total, 74% des Français se disent inquiets des conséquences économiques, 71% craignent une deuxième vague. 61% sont inquiets pour leur santé ou celle de leurs proches.
Le gouvernement a-t-il donné satisfaction dans sa gestion de la crise due à l’épidémie ? 56% des personnes interrogées répondent non (23% « pas du tout satisfaits » et 33% « plutôt pas satisfaits »). 38% sont « assez satisfaits » et seulement 6% choisissent « tout à fait satisfait ». A noter que les électeurs proches de LREM sont satisfaits à 88%, ceux proches de LR à 52% et ceux proches du PS à 46%.
52% des sondés estiment que Macron ressort de la crise « plutôt affaibli »
Quelle conséquence pour Emmanuel Macron ? 52% des sondés estiment qu’il ressort de la crise « plutôt affaibli », 14% le voient « plutôt renforcé » et 34% répondent ni l’un, ni l’autre.
Si Marine Le Pen avait été au pouvoir, 16% des sondés pensent qu’elle aurait fait « mieux ». C’est plus que les autres personnalités citées à cette question (11% pour Xavier Bertrand, 9% pour Jean-Luc Mélenchon comme pour François Baroin, 7% pour Valérie Pécresse, 5% pour Yannick Jadot). En revanche, 39% pensent que la présidente du RN aurait fait « moins bien », contre seulement 16% pour Xavier Bertrand et 26% pour Valérie Pécresse. 43% des sondés estiment que Jean-Luc Mélenchon aurait fait moins bien.
53% des sondés pensent aussi qu’on ne peut pas faire confiance au chef de l’Etat pour « tirer les conséquences de la crise et proposer des solutions », 39% qu’on peut lui faire confiance. Alors que son maintien à Matignon est incertain, son premier ministre, Edouard Philippe, fait bien mieux, car 49% lui font confiance (42% ne lui font pas confiance). Viennent derrière Xavier Bertrand (31% de confiance), Marine Le Pen (26% de confiance), François Baroin (25%), Valérie Pécresse (24%), Jean-Luc Mélenchon (17%), Yannick Jadot (15%) et OIivier Faure (11%).
Pour la suite, les personnes interrogées semblent voir Edouard Philippe rester à Matignon. 43% imaginent qu’Emmanuel Macron fera un « remaniement limité du gouvernement en gardant Edouard Philippe comme premier ministre », 33% qu’il va procéder « à un remaniement d’ampleur en changeant de premier ministre » et 24% pensent qu’il n’y aura pas de remaniement.
Les personnes se disant proches de LREM répondent à 60% un remaniement limité en gardant Edouard Philippe (seulement 8% pour un changement de premier ministre). Celles proches de LR, qui peuvent recouper l’électorat macroniste, répondent à 59% un remaniement limité et à 19% un changement de premier ministre.
En cas de nouveau gouvernement, les sondés l’imaginent « plus à gauche » à 27%, « plus à droite » à 22%, « ni plus à droite, ni plus à gauche » à 51%. Ils placent le pouvoir d’achat et les impôts comme la priorité numéro 1 à venir (27%), suivie de la protection sociale (22%). Ils sont 53% à estimer que « pour relancer la croissance, il faut renforcer le rôle de l’Etat dans certains secteurs de l’économie jugés porteurs ou stratégiques ».
Méthodologie :
3000 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (soit environ 800 personnes concernées par le second tour des élections municipales). Interrogation par Internet via l’Access Panel d’Ipsos. Méthode des quotas. Terrain d’enquête : du 25 au 27 juin.