SNCF, Fonction publique: plus de 300.000 personnes défient le gouvernement dans la rue
Plus de 300.000 personnes ont défilé jeudi dans des manifestations, émaillées de heurts à Paris, pour défendre le service public, le statut des...
Par Elisabeth ROLLAND, Aglaé WATRIN, Avec les bureaux de l'AFP en régions
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Plus de 300.000 personnes ont défilé jeudi dans des manifestations, émaillées de heurts à Paris, pour défendre le service public, le statut des fonctionnaires et des cheminots qui se sont fortement mobilisés, face à un gouvernement déterminé.
Selon un comptage réalisé par le cabinet Occurence pour un collectif de médias dont l'AFP, 47.800 personnes ont défilé à Paris, dont 13.100 à la manifestation des cheminots.
Au total, 323.000 personnes ont manifesté dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur, dont 49.000 à Paris en additionnant le cortège des cheminots et celui des fonctionnaires.
La CGT a annoncé de son côté 500.000 personnes dans toute la France. A Paris, elle a recensé plus de 65.000 personnes dans les deux manifestations qui ont convergé vers 16H30 place de la Bastille.
Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a salué sur Cnews une "forte mobilisation", ajoutant que "la balle est dans le camp du gouvernement." Dans un communiqué, sa centrale a proposé "l'organisation d'une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle le 19 avril prochain", dans "la recherche de convergence des luttes", sur les thèmes du pouvoir d'achat, mais aussi "l'emploi et la protection sociale, les services publics et les droits collectifs".
Les cheminots ont donné le ton à grand renfort de fumigènes, tambours, sifflets et musique rock.
Jets de pierre contre les policiers à Paris le 22 mars 2018
AFP
Des jeunes, parfois cagoulés, se sont livrés à des dégradations et ont lancé des projectiles sur les policiers, qui ont répliqué en usant d'un canon à eau et de gaz lacrymogènes, dans le cortège parisien. A Nantes également, des échauffourées ont eu lieu entre jeunes et policiers et à Bordeaux la préfecture a signalé quelques dégradations.
A l'appel de leur intersyndicale (CGT, Unsa, Sud et CFDT), les cheminots protestent contre la réforme de la SNCF par ordonnances, en transformant l'entreprise en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminot à l'embauche.
Ils se sont mis en grève davantage qu'attendu à l'appel de l'Unsa et SUD (2e et 3e), avec un taux de 35,4% de grévistes selon la direction (à la prise de service). Avant même la grève en pointillé lancée le 3 avril pour trois mois, la journée était marquée pas de fortes perturbations, notamment avec deux TGV sur cinq, un Transilien sur trois.
Paul, aiguilleur en Lozère, non syndiqué, depuis 11 ans à la SNCF estime que "le statut (les) protège mais il protège aussi le rail, le service public, la sécurité des gens". Dans la manifestation parisienne, il promet de "faire tout pour que la réforme ne passe pas".
- "Un jour qui fera date" -
Côté fonctionnaires, les responsables des sept organisations syndicales (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) ayant appelé à la grève ont pris la tête du cortège parisien derrière une banderole unitaire: "pour la fonction publique, les salaires, l'emploi et le statut".
Dans la manifestation contre les réformes du gouvernement à Paris le 22 mars 2018
AFP
Le gouvernement "pose des bombes à fragmentation qui sont en train de détruire peu à peu les fondements mêmes de notre modèle social et républicain", a relevé dans la manifestation Pascal Pavageau, qui s'apprête à succéder à Jean-Claude Mailly à la tête de FO.
"Aujourd'hui est un jour qui fera date", a affirmé Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT Fonction publique, premier syndicat.
Lors de la précédente mobilisation le 10 octobre, ils étaient 45.000 à Paris et 400.000 en France selon la CGT à défiler contre la suppression annoncée de 120.000 postes, le rétablissement du jour de carence et le gel des salaires.
Manifestations en France
AFP
Le taux de grévistes, à 12,8% pour la fonction publique d'Etat, 8,11% pour la territoriale, et 10,9% dans l'hospitalière, selon des estimations du ministère, a légèrement baissé par rapport au 10 octobre.
Depuis, l'exécutif a annoncé envisager un recours accru aux contractuels (agents non statutaires) et des plans de départs volontaires, ce qui fait craindre aux syndicats une fonction publique "morcelée" et "externalisée".
Près de 10.000 personnes ont notamment manifesté à Marseille, Nantes, ou Lyon, 11.000 à Toulouse mais également 3.800 au Mans, 2.200 à Amiens, 4.000 à Clermont-Ferrand ou 4.500 à Perpignan, selon la police. Partout, les fonctionnaires dont des personnels de la santé, étaient rejoints par des cheminots, des retraités et des jeunes.
- Solidarité -
Dans la manifestation contre les réformes du gouvernement à Paris le 22 mars 2018
AFP
"Happy birthday Mai 68", clame la pancarte portée par Christian Bousquet, 66 ans, ancien technicien aux hôpitaux universitaires de Strasbourg. Il manifeste "par solidarité avec ceux qui gagnent peu. Le pognon, on le récupère chez les petits qui n'ont pas de pouvoir".
"Sœur Emmanuelle s'occupait des pauvres, frère Emmanuel s'occupe des riches", pouvait-on lire sur une pancarte à Paris.
Face à ce test social d'envergure, le gouvernement affiche sa "très grande détermination à poursuivre les transformations", selon le porte-parole Benjamin Griveaux. Quant aux fonctionnaires, des discussions sont prévues jusqu'à fin octobre, a rappelé le secrétaire d'État, Olivier Dussopt.
Dans les écoles, un enseignant sur quatre était en grève en moyenne, d'après le SNUipp-FSU (1er syndicat). Et une poignée de lycées et d'universités ont été bloqués.
La grève des contrôleurs aériens a aussi entraîné des perturbations avec des vols annulés, à la veille d'une grève à Air France pour les salaires. D'autres secteurs étaient touchés, comme les crèches ou les bibliothèques.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.