Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.
Service national universel : « un grand projet pour la France »
Par Alexandre Delrieu
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Renforcer la cohésion nationale, inculquer aux plus jeunes les valeurs citoyennes et républicaines, renforcer chez les nouvelles générations le goût de l’engagement, introduire plus de mixité sociale. Si ces aspirations semblent être aujourd’hui largement partagées parmi la classe politique et dans l’opinion publique, les modalités de leur réalisation sont largement discutées. Alors que le Président Emmanuel Macron, suivant ses promesses de campagne, souhaite réinstaurer un « service national universel » pour les jeunes français, le débat porte aujourd’hui sur le rôle que pourrait jouer l’armée dans sa mise en œuvre.
« Il y a une incompréhension sur ce qu'a été le service militaire »
Le souvenir du service militaire, rebaptisé service national en 1971 avant d’être suspendu par Jacques Chirac en 1996, est encore fortement ancré dans l’imaginaire collectif des Français. Cependant, selon l’historienne Bénédicte Chéron spécialiste des relations armées-société, on se méprend sur le sens original qu’il avait. « Sa première vocation c’était de fournir à la Nation des militaires, des hommes en arme capables de défendre la frontière puisqu’on avait un ennemi aux frontières à l’époque, qui s’appelait l’Allemagne ».
Ce faisant, suite à plusieurs décennies sans conflit armé sur le territoire national, le rôle de l’armée dans notre société moderne aurait été dévoyé dans l’opinion publique et l’esprit des hommes politiques. « On voit bien qu’il y a toute une mythologie qui fait que les politiques ont tendance à penser que les militaires, puisqu’ils sont dans une institution dont une des vertus est la stabilité, sont capables de répondre à tous ces défis éducatifs », précise la chercheuse.
« Il y a une appétence pour l’engagement »
Tous les invités s’accordent sur l’intérêt de la proposition du Président Emmanuel Macron d’instaurer un service national propre à assurer l’éducation citoyenne des jeunes Français, afin de recréer un lien et une cohésion nationale. « Il y a une bonne idée, maintenant il faut la transformer en quelque chose d’efficace » insiste le Général Vincent Desportes. Une telle mesure serait même plébiscitée par les jeunes eux-mêmes souligne Bénédicte Chéron : « Il y a une appétence pour l’engagement, c’est l’offre qui manque ».
Pour ce faire, les jeunes Français devraient être sensibilisés aux questions liées à la citoyenneté dès le collège. En ce sens, la députée Marianne Dubois, coauteure d’un rapport d’information parlementaire sur le service national universel, préconise d’instaurer un « parcours citoyen » qui débuterait dès la classe de sixième avec un enseignement moral, civique et militaire.
Marie Trellu-Kane, présidente d’Unis-Cité, l’association pionnière du service civique en France, parle de renforcer les dispositifs existants et insiste sur la notion d’implication des jeunes dans un projet bien défini. « Il faut une mission utile pour qu’il y ait un impact » indique-t-elle. Pour être mené à bien, un tel dispositif devrait être « ambitieux » et engager les moyens humains et financiers suffisant pour permettre aux jeunes de s’engager sur une durée de six à huit mois, estime la présidente d’Unis-Cité.
Les militaires, « de grands éducateurs par nécessité »
Si le Général Desportes considère que l’armée ne peut pas porter le projet de service national, il reconnaît qu’elle doit y participer. « L’armée est une entité qui sait éduquer. Les militaires sont tous de grands éducateurs par nécessité. Et donc qu’ils participent à ce projet c’est tout à fait normal » indique-t-il. Il souligne cependant que l’effort financier et d’encadrement nécessaire au dispositif ne saurait être pris sur le budget des armées au risque d’affaiblir sa capacité militaire.
En somme, pour le Général Vincent Desportes, le service national universel est un « grand projet pour la France » qui pourra répondre à une quête de sens de la part des jeunes français, en leur redonnant un intérêt commun, celui du « vivre ensemble ».
Retrouvez notre débat « Faut-il rétablir un service national ? » dans l'émission Un monde en Docs, présentée par Nora Hamadi, le samedi 31 mars à 23h20, le dimanche 1er avril à 9h50 et le dimache 8 avril à 18h50 sur Public Sénat.
Pour aller plus loin :
- « Changer le monde à 20 ans : du rêve citoyen au service civique », de Marie Trellu-Kane, Ed. Le Cherche-Midi – 2015.
- « Service civique : quel bilan ? Quelles perspectives ? », rapport de Julien BLANCHET et Jean-François SERRES pour le Conseil Economique Social et Environnementa l– 2017.
- « Jeunesses engagées », de Valérie Becquet, Ed. Syllepse – 2014