Invité de la matinale de Public Sénat, Patrick Kanner a entériné la rupture entre le PS et LFI après la décision du parti de ne pas voter la motion de censure, tant en termes de culture politique que de stratégie électorale.
Sénatoriales : en Mayenne, on peut être « suppléant » mais pas « suppléante »
Par Public Sénat
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En Mayenne, il vaut mieux être suppléant que suppléante aux élections sénatoriales. L’histoire paraît incroyable en 2017. Le bulletin du candidat EELV, Claude Gourvil, a été invalidé hier. La cause ? Avoir écrit que Sophie Leterrier était sa « suppléante ». C’est pourtant bien une femme. Mais la commission de propagande – c’est son nom – qui se réunit en préfecture a été un brin tatillonne et a appliqué à la lettre le code électoral, qui emploie le terme « suppléant » et non celui de « suppléante »...
« Ça s’est toujours fait. J’étais candidat il y a 3 ans et j’ai mis suppléante »
« La commission de propagande est présidée par un magistrat local. En l’occurrence, c’était une femme. Le secrétaire général de la préfecture y participe. La commission vérifie la validité des documents de campagne par rapport à la législation. Si on n’est pas dans les clous, la commission ne prend pas en compte l’envoi des documents électoraux. Et il y a un risque d’invalidation ensuite » raconte à publicsenat.fr Claude Gourvil, qui n’en revient toujours pas.
Ne pouvant se rendre à la commission, le candidat mandate une autre personne, empêchée au dernier moment. Il n’a donc pas pu être représenté et se défendre. « Le soir même, je reçois un mail de la préfecture » raconte-t-il, lui annonçant la (mauvaise) nouvelle. « Or ça s’est toujours fait. J’étais candidat il y a 3 ans et j’ai mis suppléante » s’étonne le candidat.
« Est-ce qu'un nom féminisé influence le vote ? »
Après des débats assez longs, il a été décidé qu’inscrire « suppléante » pouvait créer « une distorsion d’égalité lors du dépouillement, s’il y avait d’autres bulletins avec inscrit « suppléant » pour des femmes » selon Claude Gourvil.
« Le rôle de la commission, c'est que les bulletins n'influencent pas les votes. La question s'est posée de la féminisation. Est-ce qu'un nom féminisé influence le vote ? Il y a eu discussion sur le sujet et la décision a été de respecter strictement le code électoral », a déclaré à l'AFP Anthony Boukoucha, directeur de cabinet du préfet. « C'est le souci d'égalité qui l'a emporté. Si on féminise, on féminise toutes les fonctions qui peuvent l'être. En l'occurrence ce n'était pas homogène », a-t-il ajouté.
« C’est révélateur. Il y a du chemin à faire »
« La présidente a ouvert en grand le parapluie juridique, qui ne correspond pas du tout à l’évolution de la société » regrette l’écologiste. Ce petit pataquès, qui commence à faire des vagues localement, est remonté au ministère de l’Intérieur. Et EELV s’en mêle évidemment. « C’est dingue » s’indigne le sénateur EELV de Paris, Jean Desessard. « Le principe qu’une femme ne puisse pas être suppléante, ça pose un problème dans la société d’aujourd’hui. C’est révélateur. Il y a du chemin à faire » constate l’élu écologiste, qui ne se représente pas. « On demande à l’Intérieur de revenir sur cette décision ».
L’appel n’a pas été entendu. La commission électorale maintient sa position, nous a informés ce jeudi Claude Gourvil. « Nous allons nous y conformer », ajoute le candidat, qui « regrette » malgré tout cette décision.
Les bulletins n’ayant pas encore été imprimés, l’histoire ne coûtera rien au candidat. Mais sur le fond, Claude Gourvil « trouve ça ridicule, voire anachronique. Ça paraît une bricole mais gommer la féminité des candidates, ça a du sens. Tout ça pour éviter un micro risque juridique qui n’existe pas car jamais personne n’a contesté quoi que ce soit ».
[Article mis à jour le 14 septembre avec la décision de la commission électorale de ne pas changer de position]