Pour La République En Marche, les sénatoriales auraient pu être très difficiles. Le parti présidentiel a finalement limité la casse. Surtout après la « branlée » des municipales, selon les propres termes du sénateur LREM André Gattolin, dimanche soir, sur le plateau de Public Sénat. D’ici leur réunion de groupe, jeudi, les sénateurs espèrent être « une vingtaine », contre 23 aujourd’hui.
Un nouveau nom de groupe en forme de clin d’œil aux alliés potentiels
Un nouveau nom est dans le carton. Celui de « Renaissance et territoires » était évoqué il y a deux semaines. Ce sera finalement « Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants », confie un sénateur du groupe.
Ce nom RDPI n’a rien du hasard. Il est à l’image de la volonté d’élargir – si possible – le groupe. Autant de clins d’œil aux alliés potentiels : « Démocrate » fait penser au Modem (Mouvement démocrate), « progressistes » à Territoire de progrès, le mouvement de l’aile gauche de la macronie, et « Indépendants » au groupe Les Indépendants, composé de Macron compatibles. D’autant que « certains nous demandent de ne pas avoir de candidat aux sénatoriales, et une fois élu, ne nous adressent plus la parole… » glisse un sénateur macroniste. « On est plus large que ce qu’on est » ajoute un autre.
« Pas de tentatives d’OPA ou de débauchage »
Quant à l’efficacité de cette ouverture, elle reste encore à démontrer. « Ce n’est pas des tentatives d’OPA ou de débauchage » soutient un sénateur LREM, « c’est une position ouverte qui doit être dynamique ». La liberté de vote serait la règle pour permettre d’accueillir plus largement. Un groupe finalement plus Sénat compatible.
Mais la nouvelle vie du groupe ne va pas se limiter à cette volonté de rassembler les sénateurs qui veulent plutôt du bien à Emmanuel Macron. La question de sa présidence est sur la table. Du moins, certains veulent du changement.
Patriat : « Macron m’a dit que le combat avait été héroïque ! »
Le président du groupe LREM sortant, François Patriat, a été réélu. S’il était donné perdant il y a quelques mois, il est allé chercher aux poings, grâce à son ancrage local et son bagou, sa réélection. Celui qui voulait prouver qu’il était « un Iron man » revient en force au Sénat. « C’est une sacrée surprise. Ça le renforce » confirme un sénateur.
« J’ai fait 13.500 kilomètres en 71 jours, 665 réunions, 10 réunions par jour » énumère fièrement François Patriat comme un tableau de chasse. Emmanuel Macron l’a appelé pour le féliciter. « J’ai eu longuement le Président au téléphone. Il m’a dit que le combat avait été héroïque ! » sourit François Patriat. Remonté, il entend continuer. « Je suis candidat à la présidence du groupe » nous annonce le sénateur de Côte-d’Or.
« Je dis chapeau les artistes, maintenant, on fait un spectacle tous ensemble »
Mais cette fois-ci, ça ne se passera pas par acclamation, comme la dernière fois. Le principe d’une nouvelle présidence de François Patriat est contesté par certains au sein du groupe. Selon nos informations, le sénateur de Paris Julien Bargeton, actuel porte-parole du groupe LREM, compte se présenter d’ici jeudi à la présidence du groupe. Une petite révolution de palais dans ce groupe créé par François Patriat après la victoire d’Emmanuel Macron. « Il y aura des candidatures, un vote, comme dans tous les groupes démocratiques. Et ses membres, y compris nouveaux, auront à élire le président ou la présidente » soutient un sénateur. François Patriat confirme : « De toute façon, il y aura un vote pour l’élection du président jeudi matin ». Il l’assure, il n’y aura « pas de psychodrame ». Quant au nombre, il « espère avoir entre 22 et 26 sénateurs », si tout se passe bien.
Un autre sénateur – dans cette histoire, on préfère parler anonymement pour le moment – met en garde sur le risque de division. Il n’exclut pas le vote, mais préfère d’abord la recherche d’un consensus. « Il faut être très prudent. Après le groupe à l’Assemblée, le bureau exécutif, ce n’est pas le moment de mettre de la dramaturgie dans la complexité » dit cet élu LREM, selon qui « l’heure est à discuter ». Ça tombe bien, une bonne partie des sénateurs LREM s’est retrouvée autour d’un déjeuner ce lundi midi. Le même sénateur ajoute, à propos des réélections de François Patriat ou encore de Jean-Baptiste Lemoyne : « Je dis chapeau les artistes, maintenant, on fait un spectacle tous ensemble. Et je me fiche de savoir qui sera président, mais qu’on fasse un beau spectacle avec nos petites troupes ». Reste à voir qui jouera Monsieur Loyal.