Scission de 1999: quand le duel Le Pen/Mégret ébranla le FN

Scission de 1999: quand le duel Le Pen/Mégret ébranla le FN

Avant le départ de Florian Philippot du FN, le parti avait connu à la fin des années 90 un affrontement très violent entre son...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Avant le départ de Florian Philippot du FN, le parti avait connu à la fin des années 90 un affrontement très violent entre son président Jean-Marie Le Pen et son numéro 2 Bruno Mégret, aboutissant à une scission du FN et à des années difficiles pour le parti.

L'affaire commence en 1998, quand le cofondateur du FN, qui craint que la justice française lui impose l'inéligibilité, déclare qu'il confiera le cas échéant à sa femme Jany la tête de liste du parti aux élections européennes.

Bruno Mégret, qui lorgne sur cette place, déclare que "ce n'est pas une bonne idée". Nombre de cadres du parti redoutent comme lui une candidature fantoche de l'épouse du président.

La situation se tend et le 24 août 1998, Bruno Mégret se porte candidat pour mener la liste FN. "Il n'y a qu'un seul numéro au FN, c'est le numéro un", tonne en retour Jean-Marie Le Pen, annonçant le 28 août qu'il conduirait lui-même la liste aux européennes et sera candidat à la présidentielle de 2002.

Au-delà des querelles de personnes, "deux lignes s'affrontaient", expliquait Bruno Mégret en 2015 à l'AFP, déplorant les "dérapages" du numéro un sur les chambres à gaz mais aussi son goût pour "la célébrité", "les voyages" et "l'argent".

La situation s'envenime: Jean-Marie Le Pen dénonce "une poignée de lieutenants et de quartiers-maîtres félons".

Pour Serge Martinez, suspendu pour avoir osé réclamer un congrès extraordinaire, Le Pen est alors "fou", son "ego s'est développé, et peut-être une paranoïa".

Mégret et ses alliés, qui craignent l'exclusion, appellent à un congrès du FN qui se tiendra à Marignane (Bouches-du-Rhône) du 23 au 25 janvier 1999. "On voulait lui faire accepter par le rapport de forces l'évolution de son mouvement. Il l'a refusé et 60% des cadres sont partis avec moi", rappelle-t-il. Les congressistes sacrent Bruno Mégret nouveau président d'un parti rebaptisé Front national-Mouvement national.

Mais M. Le Pen conteste devant la justice les conditions de ce "putsch". Et l'emporte. Mégret doit rebaptiser en octobre 1999 son parti en son Mouvement national républicain (MNR).

Aux élections européennes de juin 1999, le FN est considérablement affaibli par cette crise, avec seulement 5,69% des voix, et cinq sièges (contre dix dans le Parlement sortant).

Mais à la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen, avec 16,8%, élimine Lionel Jospin du second tour. Bruno Mégret ne recueille que 2,3%. Les conséquences de la scission sont pratiquement effacées.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le