Sarkozy mis en examen dans l’enquête sur les soupçons de financement libyen
"Coup de tonnerre" dans l'enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007: après plus de 24 heures de...
Par Sophie DEVILLER et Pauline TALAGRAND
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"Coup de tonnerre" dans l'enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007: après plus de 24 heures de garde à vue, l'ancien chef de l'Etat a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.
Nicolas Sarkozy, qui nie les faits qui lui sont reprochés, a été mis en examen pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de fonds publics libyens" et placé sous contrôle judiciaire, a précisé une source judiciaire à l'AFP.
L'ancien président, qui fut l'un des artisans de la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, tué en 2011 par les rebelles libyens, avait été placé en garde à vue mardi matin dans les locaux de l'office anticorruption (Oclciff) à Nanterre, près de Paris.
Son audition, interrompue mardi soir, avait repris mercredi matin. Après s'être vu signifier sa mise en examen, il a regagné son domicile dans le XVIe arrondissement, a constaté un journaliste de l'AFP.
"C'est un coup de tonnerre après cinq ans d'investigations. Il est mis en examen des principaux chefs dans cette enquête", a relevé une source proche du dossier.
"La justice dans ce pays est libre, qu'on soit ancien chef d'Etat, parlementaire ou ministre", a déclaré à l'AFP Christophe Castaner, délégué général de La République en marche.
Sollicités, les avocats de l'ex-président n'étaient pas disponibles dans l'immédiat.
Cette affaire n'est pas la seule dans laquelle il est mis en cause. Il a été renvoyé en correctionnelle en février 2017 par le même juge Serge Tournaire, pour financement illégal de campagne électorale, mais cette fois pour la présidentielle de 2012. Il a fait appel de ce renvoi.
Nicolas Sarkozy, 63 ans, est aussi menacé d'un procès dans l'affaire dite "des écoutes". Il est suspecté d'avoir tenté d'obtenir d'un magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations le concernant couvertes par le secret.
Sa mise en examen dans le dossier libyen marque un formidable coup d'accélérateur dans cette affaire instruite par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans.
Depuis la publication en mai 2012 par le site Mediapart d'un document libyen accréditant un financement d'environ 50 millions d'euros, pour permettre notamment à la Libye de sortir de son isolement diplomatique, les investigations ont considérablement avancé.
- "Le menteur, ce n'est pas moi" -
L'ancien leader libyen Mouammar Kadhafi (G) et l'ex-président français Nicolas Sarkozy (D) lors d'une visite officielle à Tripoli le 25 juillet 2007
AFP
Plusieurs protagonistes, dont d'ex-responsables libyens, ont accrédité la thèse de versements illicites.
Le sulfureux homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a lui-même assuré avoir remis entre fin 2006 et début 2007 trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime de Kadhafi à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.
"Le menteur, ce n'est pas moi", a réagi M. Takieddine après la mise en examen de l'ex-président. "Petit à petit, l'étau se resserre, tout commence à tomber et la mafia aussi", a-t-il ajouté.
D'autres dignitaires libyens ont démenti tout financement de la Libye de Mouammar Kadhafi, que Nicolas Sarkozy avait reçu en grande pompe à l'Elysée en 2007.
Quels sont les nouveaux éléments rassemblés par les magistrats pouvant mettre directement en cause l'ancien chef de l'Etat?
Selon Le Monde, plusieurs anciens dignitaires du régime Kadhafi auraient livré de récents témoignages confirmant les soupçons de financement illicite.
Nicolas Sarkozy et les affaires judiciaires
AFP
Autre élément qui pourrait être compromettant pour Nicolas Sarkozy, un rapport de l'office anticorruption, daté de septembre, qui pointe une circulation importante d'espèces dans son entourage durant la campagne 2007.
"Tout le monde venait chercher son enveloppe", a relaté une ex-salariée, d'après ce rapport dont l'AFP a eu connaissance, doutant qu'une distribution aussi massive ait pu se faire sans que le candidat de l'UMP ait été au courant.
Interrogés, Éric Woerth, trésorier de la campagne, et l'un de ses adjoints, Vincent Talvas, ont assuré que l'argent provenait de dons anonymes, une justification contestée par d'autres protagonistes de la campagne.
Les investigations ont aussi mis en lumière plusieurs opérations suspectes, notamment un virement de 500.000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008. L'ex-secrétaire général de l'Élysée est également mis en examen dans cette enquête notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".
Les juges s'interrogent également sur la vente en 2009 d'une villa à Mougins (Alpes-Maritimes) à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien argentier de Kadhafi, soupçonnant que cette transaction -derrière laquelle se cacherait l'homme d'affaires Alexandre Djouhri- ait pu être effectuée pour dissimuler d'éventuels versements occultes.
L'ex-ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a également été entendu mardi, mais en audition libre. "Il a de nouveau assuré qu'il n'y avait pas eu de financement en provenance de Libye ou de quelque pays étranger. En répondant aux nombreuses questions qui lui ont été posées, il a démenti les erreurs et rumeurs qui ont couru sur cette affaire", a déclaré son avocat Jean-Yves Dupeux.
L'enquête avait déjà connu un rebondissement important en janvier avec l'arrestation à Londres d'Alexandre Djouhri, qui devrait être fixé sur son éventuelle extradition en juillet.
Dans les rangs politiques, à droite le placement en garde à vue de l'ancien président a scandalisé, le patron des Républicains Laurent Wauquiez jugeant la mesure "humiliant(e) et inutile".
Mais, pour Ségolène Royal, candidate malheureuse face à Nicolas Sarkozy en 2007, les citoyens "ont le droit de savoir si le match était à armes égales".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.