Emmanuel Macron "nous prend pour des cons une deuxième fois" en exprimant sa déception quant à l'ancien site de Whirlpool, a dénoncé vendredi le député LFI de la Somme François Ruffin qui a exhorté le président à reconnaître que l’État avait "merdé", le projet de reprise s'étant soldé par un échec.
En 2017, cinq mois après son élection, le président Macron visitait l'usine avec un repreneur, WN, largement aidé par l’État, qui devait sauver une partie des emplois. Deux ans plus tard, WN est liquidée.
"Venir il y a deux ans dire à tous les salariés qu'ils seront repris alors que derrière il n'y a rien, c'est nous prendre pour des cons. Et venir dire qu'aujourd'hui Emmanuel Macron, comme s'il était un citoyen lambda (…) est déçu, c'est nous prendre pour des cons une deuxième fois", a déclaré M. Ruffin aux journalistes en arrivant sur le parking de l'usine, peu avant la rencontre du président avec les ex-salariés.
"Moi j'ai dit la vérité à Whirlpool", a martelé le chef de l’État, quelques minutes avant de revenir sur les lieux de son déplacement de campagne le plus emblématique.
Lors de la visite sur le site, le député de la Somme a de nouveau vivement interpellé M. Macron: "je pense que vous grandiriez l’État à admettre que vous avez merdé, à la limite pas vous personnellement, mais pendant qu'ici rien ne se produisait, que c'était la catastrophe, que tout le monde pouvait voir que ça allait dans le mur, il y avait des signaux envoyés à l’extérieur et on n'a pas eu de réponse".
"Cette fameuse reprise, j'ai l'impression que cela a été un montage entre le gouvernement actuel, entre vous, M. Macron, et Whirlpool et un repreneur véreux qui s'appelle Decayeux (ex-patron de WN, ndlr)", a renchéri Patrice Sinoquet, délégué CFDT ex-Whirlpool.
"Il faut qu'il trouve les mots pour expliquer aux salariés comment cela se fait qu'il est venu leur taper sur l'épaule et qu'il n'y a eu aucun suivi derrière, et qu'on les a laissés foncer droit dans le mur", avait déclaré avant cette visite M. Ruffin.
"Il y a beaucoup de choses qui nécessitent des explications et j'espère qu'elles ne se dérouleront pas derrière des portes closes", avait-il ajouté. "J'espère que tout le monde sera également convié à une jolie promenade à l'intérieur d'entrepôts qui sont vides ! C'est un désert à l'intérieur!". "Les 190 salariés faisaient des tours Eiffel avec spaghettis pour s'occuper (…) Les syndicats ont alerté, j'ai alerté, et nous n'avons eu aucune réponse de l'Elysée, du ministère du Travail", a-t-il encore regretté.