Malgré une avancée sur les retraites, avec un retour à la table des discussions avec les partenaires sociaux, « le compte n’y est pas » pour une bonne partie des socialistes, après le discours de politique générale de François Bayrou. Pourtant, « il y avait un accord » avec les ministres, confie le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. Mais le premier ministre s’est montré peu précis, voire maladroit, pour donner le change au PS.
Rouverture des restaurants : « Nous attendons de voir comment se déroule la première phase de déconfinement »
Par Alizé Boissin
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Jusqu’à 40 milliards d’euros de perte pour le tourisme en France. C’est avec ce chiffre abyssal que débute l’audition de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. La commission des affaires économiques du Sénat, et plus particulièrement « la cellule tourisme », a souhaité rencontrer Jean-Baptiste Lemoyne pour aborder les difficultés rencontrées par la France, première destination touristique mondiale.
Le secteur touristique français emploie près de deux millions de salariés, « ils rapportent jusqu’à 8% du PIB, c’est pour ça que nous demandons une action massive de l’État » a déclaré le sénateur Michel Raison, président de groupe de travail « tourisme » au Sénat.
Pour les sénateurs, c’était aussi l’occasion de défendre leurs propositions pour relancer le tourisme dès cet été, tout en demandant des précisions sur le calendrier de déconfinement :« Il faut un discours clair et une communication massive, alors que le flou règne ». Parmi les propositions des sénateurs, la création d'un conseil national du tourisme présidé par un ministre du Tourisme, une requête lancée sans trop d'optimisme par Michel Raison.
Plan de relance du tourisme
Les sénateurs estiment que les mesures de soutien du gouvernement à la trésorerie sont encore insuffisantes. Pour la sénatrice Évelyne Renaud-Garabedian, « ce sont les petites structures qui courent les plus grands risques. Il y a encore de nombreux ajustements à effectuer pour un soutien véritablement adapté aux besoins des professionnels du tourisme, comme l’allongement des reports d’échéance bancaire, ou l’élargissement des critères d’éligibilité au prêt garanti par l’État et au fonds de solidarité. »
Pour GuylènePantel, « les mesures de soutien doivent concerner l’ensemble des acteurs de la filière touristique – je pense notamment aux gîtes ruraux, qui ne doivent pas être oubliés. Je m’inquiète également pour la situation de l’emploi des saisonniers, c’est tout un savoir‑faire qui risque d’être perdu si l’État ne prend pas les mesures nécessaires ».
Sur la situation des saisonniers, le secrétaire d’État a annoncé qu’une plateforme était en cours d’élaboration pour réunir l’offre et la demande, « ça sera mis en ligne le 15 juin » a affirmé Jean-Baptiste Lemoyne. Le secrétaire d’État a également rappelé la volonté du gouvernement de reporter l’entrée en vigueur de l’assurance-chômage pour éviter les saisonniers d’être « pénalisés ».
Tourisme de proximité
« Il va falloir gravir l’Everest » assure le secrétaire d’État, « l’épidémie est évolutive et il y a une montagne d’incertitudes ». Concernant la reprise des activités touristiques, il a affirmé que « la reprise sera très progressive ». « Le tourisme a été érigé en priorité nationale. Ce n’est pas un slogan, c’est une réalité » a-t-il déclaré. Comme il l’avait annoncé lors de son allocution à l’Assemblée nationale, la saison reprendra d’abord dans des « départements verts », où le virus circule peu. Les Français devront donc s’attendre à partir près de leur domicile, « au départ ça sera une clientèle d’ultra-proximité ».
« Nous sommes dans une démarche de co-construction du déconfinement et de reprise très progressive du tourisme, avec les professionnels et les territoires. Il y a par exemple des discussions autour de la Corse et des territoires où le tourisme est un pilier de l’économie et représente jusqu'à 30% du PIB », a détaillé Jean-Baptiste Lemoyne. « Néanmoins, du 11 mai au 2 juin, je le rappelle, les déplacements sont limités à un rayon de 100 kilomètres et les déplacements interrégionaux limités à des motifs familiaux et professionnels impérieux. »
Pas de décision avant fin mai
Le 14 mai, un comité interministériel sur le tourisme sera présidé par le Premier ministre Édouard Philippe. Des réunions du bureau de comité de filière tourisme sont également organisées « tous les deux jours », assure le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne.
« Concernant les modalités et calendriers de réouverture notamment des restaurants et des cafés et sur l’organisation de la saison estivale, il y a une clause de revoyure à fin mai », explique le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères. « Nous attendons de voir comment se déroule la première phase de déconfinement à partir du 11 mai. Par définition, nous aurons besoin de 15 à 20 jours de recul. Rendez-vous donc fin mai pour toutes les précisions et donner de la visibilité sur la saison estivale aux professionnels du tourisme. »
La deuxième étape de déconfinement qui s'ouvrira début juin dépend essentiellement « du civisme de chacun » pour le secrétaire d’État. C’est « ce qui permettra à tous de pouvoir bénéficier de la saison estivale si les conditions sanitaires le permettent ». Il conclut : « plus on reste dans le cadre établi durant la première étape, plus on s’offre de chances de retrouver des jours heureux, mêmes s'ils seront différents de ceux d’avant. »