Richard Malka : « Je mets une muraille de Chine entre mes deux vies, celle d’avocat et celle de conteur »

Richard Malka : « Je mets une muraille de Chine entre mes deux vies, celle d’avocat et celle de conteur »

Il est principalement connu pour ses interventions et ses prises de position en tant qu’avocat, notamment de Charlie Hebdo, mais il est aussi scénariste de bandes dessinées et romancier. Cette semaine dans Livres & vous, Guillaume Erner reçoit Richard Malka, auteur du Voleur d’Amour, publié en ce début d’année aux éditions Grasset.
Public Sénat

Par Nils Buchsbaum

Temps de lecture :

2 min

Publié le

C’est l’histoire d’un vampire qui ne se nourrit pas de sang, mais de l’amour des autres. « L’Histoire d’Adrian von Gott » s’étend sur plusieurs siècles, de Constantinople aux bas quartiers de la Londres prévictorienne, du Paris de la Révolution, au New York numérique, un grand roman noir et vampirique.
Dans ce récit gothique et fantastique, Richard Malka ne s’inspire pas des nombreuses affaires qu’il traite en tant qu’avocat. Il déclare : « Je mets une muraille de Chine entre mes deux vies, ma vie d’avocat et celle de conteur. Je n’utilise jamais ces affaires-là pour faire mes romans, elles appartiennent une autre partie de ma vie. Et puis j’ai envie d’écrire autre chose. J’écris pour m’échapper ».

« C’est une histoire de monstre mais de monstre que l’on n’arrive pas à détester ».

Le héros du roman est narcissique et vorace, mais Richard Malka, comme dans sa vie professionnelle, ne souhaite pas le condamner unilatéralement. Il raconte à Guillaume Erner : « C’est une histoire de monstre mais de monstre que l’on n’arrive pas à détester. Au fond de lui, il aspire au bien. Il n’est pas hypocrite, il assume tout. »

« L’univers gothique et fantastique permet beaucoup de libertés »

A première vue donc, choisir ce genre littéraire peut surprendre quand on connaît la manière dont l’avocat s’engage dans les débats de société. Mais ce qui lui plaît c’est que « l’univers fantastique permet beaucoup de libertés ».
On reconnaît ici toute la passion de ce défenseur acharné de la liberté d’expression.


Retrouvez cette émission en replay ici

« Voleur d’amour », Richard Malka, Editions Grasset

 

Dans la même thématique

Paris : illustrations of assize court of Paty s trial
5min

Société

Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

Le