Sous un feu nourri depuis plusieurs heures, venu de l’opposition mais aussi de sa propre majorité, le gouvernement était dans une position intenable. En pleine séance de questions d’actualité à l’Assemblée nationale, Édouard Philippe a fait savoir que le gouvernement « renonçait » à sa révision controversée du soutien à l’emploi d’aides à domicile par les seniors.
Dans cet « acte 2 » du quinquennat, la décision brutale, de supprimer les exonérations partielles de cotisations patronales sur les salaires versés aux aides à domicile, aurait mécaniquement entamé le pouvoir d’achat de centaines de milliers de retraités qui ne sont ni dépendants ni en situation de handicap. « J’ai fait le point avec la ministre du Travail ce matin. Nous avons convenu que cette décision aurait mérité une concertation beaucoup plus approfondie », a reconnu le Premier ministre, indiquant « partager les inquiétudes » sur ce sujet.
Moins de deux heures après la volte-face gouvernementale à l’Assemblée, Muriel Pénicaud a été interpellé au Sénat par le sénateur LR Bernard Bonne. Très remonté, le parlementaire de la Loire a accusé le gouvernement de « malmener » les personnes âgées, et a fustigé un « épisode de va-et-vient peu glorieux ».
Bernard Bonne : « La personne âgée est bien malmenée par ce gouvernement »
Bernard Bonne : « La personne âgée est bien malmenée par ce gouvernement »
« Je crois qu’il y a eu beaucoup d’émotion »
« Oui, ces dernières heures, je crois qu’il y a eu beaucoup d’émotion sur la question des exonérations, ou non, de charges patronales pour l’emploi à domicile des personnes âgées, pour celles qui ne sont pas dépendantes », a répondu la ministre. Après s’être livré dans une explication confuse, Muriel Pénicaud a affirmé que « l’hypothèse » du gouvernement était de « concentrer la suppression des charges patronales entièrement sur les personnes qui avaient le plus besoin, et notamment les personnes dépendantes ».
Impréparation, précipitation ou déminage ? La ministre a tenté un début d’explication sur le revirement de son ministère, inédit dans sa rapidité. « Compte tenu de l’incompréhension, du manque de temps aussi, dans un projet de loi de finances qui va démarrer dans quelque temps, très rapidement, le gouvernement a décidé de renoncer, de retirer cette mesure », a-t-elle avoué.
En réponse au sénateur, qui l’interrogeait sur la stratégie du gouvernement pour maintenir à domicile les personnes âgées dépendantes, la ministre du Travail a rappelé que ces questions feraient l’objet du projet de loi sur le grand âge et la dépendance, qui sera porté par la ministre de la Santé « l’an prochain ».