La France insoumise a réclamé jeudi "un débat transparent" sur la réforme des retraites, en alertant sur le "danger" d'une "uniformisation du système" vers le bas.
"Si c'est uniformiser vers le haut, oui; si c'est par contre faire baisser des systèmes de retraite, je dis danger", a déclaré le député Alexis Corbière sur Europe 1.
"Je demande que le gouvernement mette tout sur la table (...) Ayons un débat transparent, faisons des projections", a-t-il ajouté, en estimant que "la première réunion (mercredi NDLR) n'a dit que des généralités", et en notant qu'"à partir du moment où on dit enveloppe budgétaire globale, donc nécessairement retraite universelle, il y aura des perdants et des gagnants".
"Est-ce que vous pensez franchement qu'Emmanuel Macron est soucieux d'une harmonisation par le haut ? Vous allez bien voir que non parce que ça coûterait plus cher", a abondé le député LFI Adrien Quatennens sur BFMTV et RMC.
Evoquant le système par points proposé par le gouvernement, Alexis Corbière s'est inquiété du fait que "ce point peut changer (au fil du temps, NDLR) et (que) vous ne saurez pas la valeur de votre retraite".
Le député La France insoumise Adrien Quatennens pendant une séance de questions au gouvernement, le 26 septembre 2018 à l'Assemblée nationale
AFP/Archives
Et "si la valeur légale du point est telle qu'arrivé à l'âge légal, qui est aujourd'hui de 62 ans, vous avez une retraite de misère, de fait vous allez continuer à travailler", a averti Adrien Quatennens, en critiquant le principe d'un "âge pivot" de départ à 63 ans.
Dans ce contexte, "les gens se tourneront vers des assurances privées" auxquelles le gouvernement veut donner ce "fromage" du régime de retraites, selon M. Corbière.
Autre inquiétude pour M. Quatennens, avoir une "valeur du point fonction de l'espérance de vie, une des pistes de réflexion", reviendrait à "nier le fait qu'il y a un lien entre espérance de vie et âge de départ à la retraite".
A ceux qui disent que "comme on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps", il a répondu qu'il fallait "se poser la question de savoir si c'est pas parce qu'on travaille moins longtemps qu'on vit plus longtemps". L'écart entre les espérances de vie des plus pauvres et des plus riches est de "treize années", a-t-il rappelé.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.