Le sort de la réforme des retraites est désormais entre les mains de François Bayrou. Après une semaine de négociations, les socialistes continuent de réclamer le gel du décalage de l’âge légal de départ avant de s’engager sur un accord de non-censure du gouvernement, mais la droite refuse d’en entendre parler. Les discussions avec le PS et l’exécutif pourraient se poursuivre mardi.
Retraites : « Le 3 mars, il n’y aura pas de vote de cette loi », pronostique Éric Coquerel
Par Public Sénat
Publié le
« On est dans une guerre de tranchée, on l’assume », martèle Éric Coquerel. Le député (La France insoumise) de Seine-Saint-Denis, invité de « Parlement Hebdo » sur Public Sénat et LCP-Assemblée nationale, annonce ce vendredi que son groupe va « recommencer » son combat à l’Assemblée nationale contre la réforme des retraites à partir du 17 février, début de l’examen en séance publique du texte. « On va déposer plus de 20 000 amendements, on ne sera pas les seuls », précise-t-il. « Le calendrier pour la suite ne va pas tenir. Car nous allons recommencer, et très vraisemblablement, le 3 mars, il n’y aura pas de vote de cette loi. »
Ces derniers jours, en commission spéciale, le groupe La France insoumise était à l’origine de plus de 19.000 amendements déposés sur un total de quelque 22.000. Dans le calendrier contraint, la présidente, Brigitte Bourguignon (La République en marche), a constaté que sa commission ne pouvait pas présenter un texte amendé à l’hémicycle : en 75 heures de discussion, 5566 amendements ont été examinés.
La clôture du dépôt des amendements sur le projet de loi en séance est prévue ce vendredi à 17h00. À cinq heures de l’échéance, le compteur affichait plus de 25.000 amendements, tous groupes confondus.
« Ils déclarent la guerre »
Cette obstruction parlementaire, « la gravité de cette loi nous y contraint », a expliqué Éric Coquerel. « Ils déclarent la guerre à un des deux piliers du patrimoine social français, la question des retraites. Notre travail, c’est de les ralentir autant que possible de façon à ce que le mouvement social reprenne un second souffle et aussi de s’en servir pour argumenter. »
Cette stratégie a payé, selon le député, qui note que l’opposition à la réforme n’a pas diminué dans la population. « Très souvent on les a poussés dans leurs retranchements et se sont révélés des aspects de cette loi qui jusque-là n’étaient pas dans l’actualité. » C’est par exemple le cas du mécanisme d’indexation des points au cours d’une carrière, qui est pour l’heure inconnu.
Éric Coquerel rappelle également qu’une motion référendaire, à l’initiative des groupes de gauche, sera examinée lundi. Adopté, un tel texte proposerait au président de la République de soumettre au référendum le projet de loi. « Quand on a une situation bloquée de ce type, ça peut être aussi l’issue par le haut de revenir aux urnes. »
Quant à l’hypothèse du dépôt d’une motion de censure (qui doit réunir le soutien d’un dixième de l’hémicycle, soit 58 députés), les socialistes ne semblent pas disposés à la cosigner pour le moment. « C’est maintenant que le combat doit s’engager », les a encouragés Éric Coquerel.