Retraites : entre humour et pédagogie, la communication gouvernementale s’emmêle

Retraites : entre humour et pédagogie, la communication gouvernementale s’emmêle

Concertations citoyennes, foires aux questions, simulateurs de pensions… pour faire accepter sa réforme des retraites, le gouvernement ne ménage pas ses efforts de communication. Pourtant, les français sont de plus en plus nombreux à demander le retrait du projet de loi. Ce revers est-il le résultat des échecs de la com’ gouvernementale ou plutôt de la réussite des innovations proposées par l’opposition ? Hashtag a mené l’enquête.
Public Sénat

Par Arthur Bamas

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Un manque de pédagogie

Au-delà des discours et des traditionnelles conférences de presse, la majorité multiplie les prises de paroles sur les réseaux sociaux. L’objectif est clair : faire comprendre que la réforme ne fera que des gagnants. Cependant, pour Philippe Guibert, ancien directeur du Service d’Information du Gouvernement (SIG), cette posture ne répond en aucun cas aux préoccupations des internautes. Alors que ces derniers cherchent à trouver leur place dans cette réforme complexe, la République en Marche multiplie les clips promotionnels aux allures de promesses de campagne.

Un manque de pédagogie - Philippe Guibert
01:16


"L'humour est une réponse dérisoire"

Après ce premier échec, le parti de la majorité change de stratégie. Désormais, les ministres et députés répondent aux interpellations par des vidéos plus légères. Un revirement efficace ? Pour Caroline Faillet, spécialiste en stratégie digitale, ce recours à l’humour pose problème. À trop vouloir susciter la sympathie, le gouvernement inspire plutôt la méfiance. Le ton de youtubeur adopté, entre autres, par la porte-parole Sibeth Ndiaye, n’est pas près de rassurer les français.

"L'humour est une réponse dérisoire" - Caroline Faillet
01:20


Mobiliser ou rassurer ?

Qu’en est-il du côté des opposants à la réforme ? Suite à l’essoufflement des manifestations classiques, des actions "originales" prennent le relai de la contestation. La chorégraphie initiée par Attac est ainsi très largement partagée sur les réseaux sociaux et même reprise par plusieurs parlementaires. Pour nos deux intervenants, c’est parce que l’opposition ne partage pas les objectifs de la majorité qu’elle peut se permettre de recourir à cette stratégie. S'il est possible de mobiliser par l'humour, mieux vaut éviter de blaguer quand il s'agit de rassurer. 

Mobiliser ou rassurer ? - C. Faillet et P. Guibert
01:51

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Société

Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

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