Retraites: en 2e semaine à l’Assemblée, bis repetita

Retraites: en 2e semaine à l’Assemblée, bis repetita

Les débats sur la réforme des retraites ont repris lundi pour une deuxième semaine devant l'Assemblée nationale, entre "leçons de...
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Les débats sur la réforme des retraites ont repris lundi pour une deuxième semaine devant l'Assemblée nationale, entre "leçons de morale", mise en cause des liens du corapporteur Jacques Maire (LREM) avec Axa, et toujours menace du 49-3.

Cet article de la Constitution, qui peut être déclenché à tout moment, permet de faire adopter un texte sans vote. "Si le gouvernement pouvait nous éclairer sur ses intentions...", a demandé Régis Juanico (app. PS) dès l'ouverture dans la matinée.

Plus tôt, sur Radio Classique, le président du groupe LREM, Gille Le Gendre, a demandé que le texte, s'il devait être soumis au 49-3, intègre les amendements portés par les députés de la majorité.

Au bout de 65 heures d'échanges, soit une semaine nuit et jour, week-end compris, les députés n'ont examiné que 1.800 amendements, près de 34.000 restant à étudier.

"Ces débats permettent d'éclairer le Parlement et les Français", a défendu M. Juanico. Cependant, a rétorqué le secrétaire d'Etat aux Retraites Laurent Pietraszewski, "les Français attendent que nous puissions avancer dans le texte".

"Si l'article 1er (du projet de loi sur les principes généraux de la réforme) provoque autant de discussions, c'est qu'il est mal rédigé" et vise à donner "bonne conscience", a rebondi Stéphane Viry (LR).

Alors que Roland Lescure (LREM) épinglait des "amendements point virgule" de la gauche de la gauche, Eric Coquerel (LFI) a demandé que la majorité cesse de "culpabiliser l'opposition" et réclamé "7-8 semaines" d'examen dans l'hémicycle, au lieu des trois actuellement prévues pour "convenance par rapport aux municipales" en mars. L'insoumis a aussi exigé de ne pas "avoir sur la tempe le 49-3".

La "marcheuse" Marie-Christine Verdier-Jouclas a alors accusé l'opposition de gauche, "en continuant l'obstruction", de "développer l'abstention" dans les urnes.

"Ça suffit, ces invectives, ces leçons de morale", a répondu Jean-Marie Sermier (LR), jugeant que la majorité "souffle sur les braises". Les Républicains "ne seront pas les otages d'une partie de ping pong".

Le chef de file MoDem Patrick Mignola a entendu "de tous les bancs des leçons de morale" et plaidé pour ne pas "vivre un jour sans fin".

"Je ne sais pas si vous mesurez à quel point vous dites tous la même chose", a lâché Annie Genevard (LR) depuis le perchoir, appelant à arrêter les rappels au règlement en série pour aller au "fond" du texte.

Plus tard, la tension est montée d'un cran lorsque Mathilde Panot (LFI) a évoqué un "conflit d'intérêts" concernant le corapporteur Jacques Maire, qui a travaillé pendant dix ans pour l'assureur Axa, jusqu'en 2012, et en a détenu 13.836 parts selon sa déclaration d'intérêts. "Vous allez tirer un bénéfice privé de cette réforme", a affirmé l'insoumise, demandant la date de leur vente.

D'une "sérénité totale", M. Maire, déjà mis en cause au début du mois par François Ruffin (LFI), a répondu que "les Français ne veulent pas des députés qui soient des professionnels de la vie politique pendant quarante ans". "Ma bonne foi, mon éthique, mon exigence, on la connaît", a ajouté celui dont la carrière a oscillé entre cabinets ministériels et privé.

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