Retraites: Delevoye démissionne, situation bloquée avant Noël
Coup dur pour le gouvernement: le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, fragilisé par des révélations sur des mandats non déclarés...
Par Fabrice RANDOUX, Arnaud BOUVIER, avec les bureaux de l'AFP en régions
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Coup dur pour le gouvernement: le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, fragilisé par des révélations sur des mandats non déclarés, a démissionné lundi, à la veille d'une nouvelle journée de grèves et de manifestations, sans l'ébauche d'une sortie de crise à quelques jours de Noël.
Nommé par Emmanuel Macron en septembre 2017 pour préparer la réforme des retraites, M. Delevoye a considéré que la "confiance" était "fragilisée sous les coups d'attaques violentes et d'amalgames mensongers" et qu'à travers son "procès", on voulait "porter atteinte" à un projet "essentiel pour la France".
Il sera remplacé "dans les plus brefs délais", a précisé l'Élysée, qui a accepté "avec regret" sa démission. Quant à la réforme des retraites, elle "ne s'en va pas avec Jean-Paul Delevoye, elle sera toujours défendue" par l'exécutif et ne sera pas retirée, a assuré la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, soulignant que cette démission "n'avait rien à voir avec le contenu" du projet.
Jean-Paul Delevoye le 10 décembre 2019 à Paris
AFP/Archives
M. Delevoye a reconnu avoir omis de déclarer sa fonction d'administrateur bénévole dans un institut de formation de l'assurance, l'Ifpass, et a rectifié ce weekend sa déclaration d'intérêts en déclarant 13 mandats, dont 11 bénévoles, soit dix de plus que dans la version initiale.
Il a aussi cumulé sa fonction gouvernementale avec celle, rémunérée, de président de Parallaxe, un institut de réflexion sur l'éducation, cumul déclaré mais pas autorisé. Il s'était engagé à rembourser les sommes perçues.
Si la majorité a salué le "courage" de Jean-Paul Delevoye, la gauche et les syndicats opposés au régime universel par points comme la CGT ou FO ont réclamé que le projet de réforme parte avec son rédacteur.
Certains ont cependant relativisé l'impact de cette démission, comme le responsable de l'Unsa, Laurent Escure, pour qui "les arbitrages et le dialogue se font (désormais) avec l'Elysée et Matignon".
Des voyageurs sur un quai de la gare Saint-Lazare à Paris, le 16 décembre 2019
AFP
Ce coup de théâtre est intervenu à la veille de la troisième journée interprofessionnelle de mobilisation mardi, après celles des 5 et 10 décembre, à laquelle participeront cette fois l'ensemble des syndicats.
Le Premier ministre les a invités mercredi à Matignon, ainsi que le patronat, pour des réunions bilatérales. Jeudi, toutes ces organisations sont conviées en multilatérale par Édouard Philippe, qui verra ensuite les dirigeants de la SNCF et de la RATP pour faire le point sur le résultat des discussions engagées dans ces entreprises.
- L'âge d'équilibre "totalement injuste" -
Prévisions des perturbations sur le réseau RATP pour le lundi 16 décembre
AFP
Les organisations réformistes, comme la CFDT, la CFTC ou l'Unsa, sont furieuses que le Premier ministre ait maintenu une mesure "d'âge d'équilibre", de 64 ans en 2027, dans son projet de transformation des 42 régimes de retraite existants en un système universel par points. Cette mesure est "totalement injuste", a insisté Laurent Berger dans un entretien à paraître mardi dans La Croix.
Favorable à une retraite universelle par points, la CFDT ne sera pas dans la tête du cortège parisien, entre République et Nation. Elle refuse de défiler au côté de l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU) dont elle ne partage pas le mot d'ordre de retrait.
Cette intersyndicale a prévu de se retrouver mardi soir pour décider de la suite.
Outre les cheminots, les enseignants, les fonctionnaires, les avocats et magistrats, les internes, médecins et soignants seront mobilisés dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour l'hôpital.
- "Mettre un terme aux blocages" -
Des voyageurs sur un quai de la station de métro Châtelet à Paris le 16 décembre 2019
AFP
La SNCF présentera également mardi son plan de transport pour les départs pour le premier weekend des vacances "avec l'objectif d'avoir une offre de train pour tous ceux qui ont d'ores et déjà acheté un billet" selon la ministre des Transports Elisabeth Borne.
Comme prévu, la région parisienne a vécu une nouvelle journée noire lundi sur les routes (avec un pic à plus de 600 km le matin) et dans les transports publics.
La situation ne sera pas meilleure mardi, voire pire du fait de la manifestation.
La SNCF a annoncé un trafic à nouveau "très perturbé" avec un TGV sur quatre et un Transilien (RER SNCF, trains de la banlieue parisienne) sur cinq "en moyenne". Il y aura trois liaisons TER sur dix, "essentiellement" assurées par autocars. Seulement 5% des trains Intercités circuleront.
Parisiens marchant et faisant du vélo au 12e jour de grève le 16 décembre 2019
AFP
Le trafic RATP sera de nouveau "très perturbé" mardi avec huit lignes de métro fermées. Les RER A et B circuleront "uniquement" aux heures de pointe. Côté bus et tramways, le trafic sera "perturbé".
La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a annoncé avoir demandé aux compagnies aériennes de réduire de 20% leur programme de vols au départ et à l'arrivée de l'aéroport d'Orly.
Face à ces difficultés, plusieurs universités ont décidé d'annuler ou de reporter les examens de fin d'année.
Au douzième jour de grève, commerçants et hôteliers-restaurateurs parisiens enregistrent des chutes d'activité de 25% à 60% par rapport à l'an dernier, selon leurs fédérations.
Pour le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, "il est temps de mettre un terme aux blocages". Les entrepreneurs sont "nombreux à subir directement ou indirectement de lourdes pertes", ce qui fait redouter un impact "à terme sur la croissance française", a écrit le "patron des patrons" dans une lettre ouverte à ses adhérents.
Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.
La présidente des députés RN attend de voir comment se construit le futur budget avant de se positionner vis-à-vis du prochain gouvernement de François Bayrou. Assurant de pas avoir pris d’engagement, elle « ne renonce pas » à l’outil de la motion de censure.
Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.