Un farouche désaveu. Invitée de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous » ce mardi, Najat Vallaud-Belkacem a pilonné « l’impréparation » du gouvernement dans la réouverture des écoles lundi 26 avril. « On est tous d’accord pour dire qu’il faut des écoles ouvertes. Mais quelles sont les conditions de la réouverture ? Ce qui me frappe c’est le manque de préparation, l’absence d’anticipation du gouvernement », a soulevé l’ancienne ministre de l’Education nationale de François Hollande.
Preuve en est, la plateforme numérique des cours à distance, le CNED, a encore rencontré des problèmes, lundi. « Le CNED a bugué une fois de plus ! Cela traduit un manque d’anticipation qui vient d’un aveuglement du problème dans les écoles », ne manque pas de fustiger la socialiste. En clair : « Longtemps le ministre Jean-Michel Blanquer a nié que le virus pouvait circuler parmi les élèves dans les écoles. Depuis le début, rien n’est anticipé dans les établissements scolaires : les cantines sont des clusters, les enseignants ne sont pas vaccinés. » La candidate aux régionales en Auvergne Rhône-Alpes reste marquée par l’exemple du lycée de Seine-Saint-Denis où 20 parents d’élèves sont décédés du covid-19 depuis le début de l’épidémie. Elle interroge : « On a arrêté les établissements scolaires pendant 4 semaines, on aurait pu se donner pour priorité de vacciner les enseignants, pourquoi on ne l’a pas fait ? »
Tout à sa campagne contre le président de région sortant, Laurent Wauquiez, elle a tout de même reconnu que l’ancien président de LR a « bien fait » en installant des purificateurs d’airs dans les établissements. « Il s’est retrouvé comme d’autres collectivités locales à devoir pallier les carences de l’État. On a l’impression que le gouvernement est toujours aveugle et sourd », constate la socialiste. Un manque d’investissement du gouvernement envers ces populations ? Najat Vallaud-Belkacem pense que « la pauvreté et la précarité » ne sont pas le centre « d’intérêt principal de ce gouvernement ». Si elle concède qu’elle va remettre ses propres enfants à l’école, elle craint déjà de nouvelles fermetures et des professeurs contaminés. Seront-ils remplacés ? « Non, il n’y a pas de remplaçants prévus », déplore-t-elle.
« Laurent Wauquiez a fait des économies dans la poche des plus pauvres »
En course pour les régionales face à Laurent Wauquiez, Najat Vallaud-Belkacem a par ailleurs dévoilé quelques-unes des propositions de son programme. D’abord pour le secteur de la montagne, qui vit une saison blanche, faute au covid-19. « Avec le réchauffement climatique, le modèle des sports d’hiver ne suffit pas à faire tourner une économie de montagne. Laurent Wauquiez n’a pas préparé la suite. Je propose de dégager un budget de 2 milliards d’euros sur le mandat à ce sujet », suggère-t-elle. Toujours à propos de transition écologique, la socialiste souhaiterait installer un « Parlement climatique régional ». Comprendre : « Une convention citoyenne permanente. C’est un lieu d’information et de décision. S’y rassemblent des experts, des associations, des citoyens tirés au sort », détaille la candidate.
Sur le volet transport, pas de gratuité totale au programme, seulement pour les moins de 25 ans et « les plus précaires ». « Avec Laurent Wauquiez, les tarifications sociales ont été laminées, il a fait des économies dans la poche des plus pauvres », dénonce-t-elle. Najat Vallaud-Belkacem propose donc un dispositif « pour les 16-25 ans avec le billet à un euro tous les week-ends ».
Quant à l’éparpillement des listes de gauche, la socialiste a réaffirmé vouloir faire de ces régionales « le laboratoire de l’union ». Reste que la désunion prime pour le moment. Najat Vallaud-Belkacem affrontera au premier tour la liste écologiste de Fabienne Grébert qui compte le maire EELV de Grenoble, Éric Piolle, en position non éligible, ainsi qu’une liste composée d’insoumis et de communistes menée par la sénatrice Cécile Cukierman (CRCE). Des discussions ont longtemps existé entre la liste écologiste et socialiste mais n’ont pas abouti à un accord de premier tour alors que Najat Vallaud-Belkacem était prête à lâcher la tête de liste. « Il continue à y avoir des discussions », assure-t-elle, avant de lancer : « Est-ce qu’il n’est pas non plus pertinent de présenter une offre diverse aux électeurs au moins au premier tour ? » Les urnes trancheront. Tout comme pour la présidentielle où l’union de la gauche peine à se mettre en place. À pas comptés, certains poussent dans ce sens. Comme Yannick Jadot qui a réussi la prouesse de réunir autour de la même table la galaxie de la gauche il y a plus d’une semaine. « La rencontre de Jadot me paraît pertinente », analyse Vallaud-Belkacem qui pense à une autre figure politique pour 2022, bien socialiste cette fois. Anne Hidalgo ? La candidate estime que la maire de Paris, qui pense fort à 2022 mais ne décolle pas dans les sondages, « a fait ses preuves ».