Les militaires votent davantage pour le Rassemblement national que la moyenne, et ce tropisme très droitier s'est renforcé ces dernières années, selon une étude des bureaux de vote de petites villes de garnison et de casernes.
Dans les petites villes de garnison de l'armée de terre, le vote RN est "très nettement supérieur à la moyenne départementale", ont relevé les auteurs de cette étude publiée lundi par la fondation Jean Jaurès, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'institut Ifop, et Sylvain Manternach, géographe.
Ce tropisme frontiste s'est renforcé ces dernières années, avec un premier bond entre l'élection présidentielle de 2012 et les européennes de 2014, suivi par une progession "très significative" aux régionales de décembre 2015, quelques semaines après les attentats sanglants du 13 novembre.
A Mailly-le-Camp dans l'Aube, où est installé le 5e régiment de dragons, le vote RN a ainsi atteint 50,4% aux européennes, soit 17 points de plus que dans le département. La ville avait voté à 34,1% RN au 1er tour de la présidentielle en 2012, 44,7% aux européennes de 2014, 53,7% au 1er tour des régionales de 2015, et 41,4% à la présidentielle de 2017.
Le vote FN (devenu RN) des garnisons a reflué à la présidentielle de 2017, avant de reprendre des couleurs aux européennes de 2019. "On assiste depuis 2017 dans ce milieu à une captation progressive de l'électorat de droite par le FN/RN", d'autant plus avec le dévissage du parti Les Républicains aux européennes, selon l'étude.
Les auteurs ont observé un tropisme droitier similaire dans des villes d'implantation de l'armée de l'air et sur des bases militaires à l'étranger, où les "Français de l'étranger" ont l'habitude de bouder le parti de Marine Le Pen.
Quant au vote FN/RN des casernes des gendarmes mobiles et des gardes républicains, il est également "très nettement supérieur" à la moyenne de leur ville.
La droite a fortement reculé aux européennes, y compris chez les gendarmes mobiles, mais LREM n'enregistre pas chez eux de progression spectaculaire, contrairement aux beaux quartiers de Paris ou aux grandes villes, qui ont voté pour le "parti de l'ordre" face aux "gilets jaunes".
Sans doute parce que la distance sociologique séparant les "gilets jaunes" et les gendarmes mobiles est moins importante que celle séparant les "gilets jaunes" et les beaux quartiers, avancent les auteurs.