Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Régionales en Auvergne-Rhône-Alpes : la course en tête de Laurent Wauquiez
Par Audrey Vuetaz
Publié le
« Oh dis donc il est mignon ton taureau ! » En visite dans une exploitation du Cantal, Laurent Wauquiez a demandé à faire le tour du propriétaire. Visite des étables, passage en revue des animaux, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, candidat à sa réélection, va même jusqu’à attraper un bout de paille pour le mâchouiller. Il multiplie les questions, demande des précisions techniques. Le tutoiement est de mise, Laurent Wauquiez veut montrer qu’il est ici chez lui.
Aides aux agriculteurs
Il faut dire qu’avec la Haute-Loire, le Cantal est le département qui a le plus voté pour Laurent Wauquiez en 2015. Ce jour-là, il est venu montrer aux électeurs, qu’il leur a rendu la pareille pendant son mandat. « Depuis que je suis arrivé, les aides de la région sur le Cantal ont été multipliées par 4. Pas, 1, 2 ou 3, non fois 4. En face, la trentaine d’agriculteurs et de jeunes agriculteurs est déjà convaincue : « Merci pour tout ce que tu as fait pour nous. » Laurent Wauquiez leur demande de lui faire confiance une deuxième fois, car même s’il fait la course largement en tête, il tient à sécuriser ses voix.
« Vous savez une élection elle n’est jamais jouée. On a essayé de montrer que la région ne faisait pas des miracles, mais qu’elle était utile sur le covid et sur les questions de sécurité. » La sécurité, l’une des priorités de Laurent Wauquiez dans cette campagne tout comme la préférence régionale, en témoigne cette petite phrase au moment de faire le bilan agricole de son mandat. « Aujourd’hui, quand même, pour que vous sachiez, j’ai des problèmes avec des exploitations dans la Lozère, dans le Lot qui veulent se localiser chez nous, parce que c’est plus avantageux, nous, il faut qu’on arrive à tenir. »
Lutte contre l’islamo-gauchisme
Avec ces thématiques, il laboure le terrain du Rassemblement national, en deuxième position. Certains militants du RN disent même de lui qu’il les assèche. Alors Andréa Kotarac, la tête de liste, tente d’imposer son style comme il le peut, avec sa Kotamobile, une caravane avec sa photo et celle de Marine Le Pen, côte à côte en format géant. « Vous avez vu ça ne passe pas inaperçu hein ? », se réjouit-il. Avec son véhicule, il sillonne la région et s’arrête en priorité dans les petits villages désindustrialisés et les centres bourgs en perte de dynamisme. Il prend systématiquement une photo qu’il diffuse sur ses réseaux sociaux.
A chaque fois, le transfuge de la France Insoumise (il a été élu en 2015, conseiller régional pour le parti de Jean-Luc Mélenchon) martèle sa différence avec Laurent Wauquiez. « On a deux approches complètement différentes. Lui, souhaite je crois, deux agents devant les lycées, alors qu’il y a des lycées où on n’a pas besoin d’agents de sécurité, alors qu’il y en a d’autres où deux c’est trop peu. On a deux conceptions différentes sur l’islamisme aussi, moi je suis parti de la France Insoumise parce que je voyais l’islamo-gauchisme gangrener la gauche, lui dit lutter contre et pourtant il a sur sa liste des élus complaisants avec l’islamisme. » Tout est dans le détail.
« Optimisme et esprit de la présidentielle de 2017 »
Face à eux… Bruno Bonnell, tête de liste LREM-Modem, joue la carte de l’optimisme. Prêt à déplacer les montagnes ou plutôt à les creuser. Il est en visite au pas de course ce jour-là, à Saint-Jean-de-Maurienne, sur le chantier d’un tunnel, pour la future ligne ferroviaire Lyon-Turin. « Il faut être radicalement optimiste dans cette campagne, mais pas simplement pour être le ravi de la crèche, il faut être optimiste parce qu’à côté des discours de désespérance du Rassemblement national et de la gouvernance actuelle… il faut arrêter de désespérer les jeunes générations. Moi, j’ai un plan sur 30 ans pour l’économie de cette région je crois que c’est la prospérité qui amène l’équité. »
Si dans d’autres régions, des candidats aux régionales gomment leurs liens avec le parti au pouvoir lui en est fier et il le revendique. « On a eu un président qui a tenu la barre pendant la pandémie. On n’est pas dans la situation d’autres pays européens et ça, c’est grâce au courage de cette majorité présidentielle. » Il aimerait retrouver l’esprit de la présidentielle de 2017. Ce jour-là, il a même invité un ministre. Joël Giraud, secrétaire d’Etat chargé de la ruralité, son ami et voisin puisqu’il vient de Gap, tout à côté. Joël Giraud qui dit être venu soutenir « le candidat de l’alternative »
« L’écologie n’est pas qu’une affaire de citadin bobo »
A gauche, socialistes et écologistes ont fait le choix du divorce… temporaire. Tout le monde le promet, les retrouvailles auront lieu le soir du premier tour. La liste qui arrive en tête, mènera la bataille du second scrutin. Le vote fera office de primaire en somme. L’écologiste Fabienne Grébert, en campagne depuis novembre, compte bien surfer sur la vague verte des municipales. Lyon, sa métropole, Annecy, Grenoble… pourquoi pas la région ? En visite à la fête des plantes de Chavaniac-Lafayette en Haute-Loire, elle est venue tenter de montrer que l’écologie n’est pas qu’une affaire de citadin bobo et elle s’en prend directement au président sortant, sur ses terres. « Il dépense énormément d’argent public pour sa propre communication c’est la moindre des choses qu’il fasse la course en tête. Mais tous les gens sur la campagne sentent que le projet écologiste est un projet qui porte, il y a une aspiration à la qualité de vie et là on a un effet de levier formidable pour développer des filières économiques ici, par exemple sur le vivant ou sur le bois. »
« Il y a beaucoup de perdants à la politique de Monsieur Wauquiez »
Au détour d’une allée, elle rencontre des militants du Parti socialiste. « Il faut qu’on se soutienne ! On sera tous ensemble au second tour ! », leur demande-t-elle. Réponse : « Oui, mais derrière Najat Vallaud-Belkacem » L’ancienne ministre de l’Education fait avec cette campagne son retour en politique. Un retour compliqué… les sondages lui donnent 11 % des voix… dans une région pourtant gouvernée par la gauche, il y a encore 6 ans. Malgré sa popularité, elle peine à mobiliser et à être l’adversaire principal de Laurent Wauquiez. Les électeurs cernent mal les dates et les enjeux du scrutin, comme devant cette école du Pont-de-Claix près de Grenoble. « Les élections c’est le 24 et le 27, c’est ça. Non le 20 et le 27 ! » A une semaine du premier tour, il y a encore énormément de chemin à faire. « Comme la confusion la plus grande s’est installée sur les compétences de la région, les gens ne savent pas que s’ils n’ont pas pu se former ou se loger, c’est parce que la région n’a pas mobilisé les fonds pour cela. Donc il y a quand même beaucoup de perdants à la politique de Monsieur Wauquiez et ces perdants ont besoin d’une alternative. Najat Vallaud-Belkacem dénonce la campagne de Laurent Wauquiez principalement axée sur le thème de la sécurité, alors qu’elle ne fait pas ou peu partie des compétences de la région. La candidate continue son chemin dans les quartiers dits prioritaires cette fois-ci. A chaque fois, elle explique, demande si les gens sont inscrits pour voter et va chercher les électeurs un par un. Chaque voix compte car pour l’instant, même si la gauche s’unit au second tour, Laurent Wauquiez est donné largement gagnant.