Régénérer les armées, objectif de la nouvelle loi de programmation militaire

Régénérer les armées, objectif de la nouvelle loi de programmation militaire

Présenté jeudi en conseil des ministres, le projet de loi de programmation militaire (LPM), qui définit les objectifs et moyens alloués aux...
Public Sénat

Par Daphné BENOIT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Présenté jeudi en conseil des ministres, le projet de loi de programmation militaire (LPM), qui définit les objectifs et moyens alloués aux armées de 2019 à 2025, érige en priorités le quotidien du soldat et la modernisation d'équipements à bout de souffle, sur fond de hausse du budget défense.

Pour "arrêter la lente érosion de nos capacités militaires", le président Emmanuel Macron a promis "un effort budgétaire inédit" avec l'objectif de porter les dépenses de défense à 2% du PIB français en 2025, soit 50 milliards d'euros, contre 34,2 milliards cette année.

Pour y parvenir, la LPM prévoit une hausse annuelle de 1,7 milliard d'euros par an jusqu'en 2022, avant des "marches" de 3 milliards par an à partir de 2023, soit après la prochaine élection présidentielle.

Cette trajectoire budgétaire ascendante contraste avec les réductions d'effectifs et les tensions financières endurées pendant une décennie par l'institution militaire, avant un redressement amorcé dans la foulée des attentats de 2015.

Les armées n'en continuent pas moins de tirer la langue sous le coup d'engagements tous azimuts ces dernières années, au Sahel (opération Barkhane), au Levant (Chammal) et sur le territoire national (Sentinelle).

- Renouvellements accélérés -

Pour redonner de l'oxygène aux quelque 200.000 militaires français et les fidéliser, la LPM affiche pour ambition de se placer "à hauteur d'homme", en faisant de la condition du soldat l'une de ses priorités.

La ministre des Armées Florence Parly le 10 novembre 2017 à Paris
La ministre des Armées Florence Parly le 10 novembre 2017 à Paris
AFP/Archives

"On ne peut pas uniquement privilégier les équipements ultramodernes et la préparation de l'avenir sans rien accorder à nos soldats aujourd'hui", explique un haut gradé de l'armée de Terre.

Emmanuel Macron a promis aux troupes un effort particulier sur l'entraînement, les infrastructures d'accueil et "les équipements du quotidien", des gilets pare-balles aux jumelles de vision nocturne en passant par le fusil d'assaut HK 416, qui a commencé l'an dernier à remplacer le Famas.

La ministre des Armées, Florence Parly, a également lancé courant 2017 un "plan familles": construction de logements, places en crèche, wi-fi gratuit...

Deuxième grand axe: la modernisation accélérée des matériels, nombreux à aligner plusieurs décennies de service, a été privilégiée.

Au menu figure le renouvellement des véhicules blindés médians de l'armée de Terre (programme Scorpion). Les fameux VAB, 40 ans au compteur, seront remplacés par les blindés Griffon d'ici une dizaine d'années.

La Marine, elle, obtient le remplacement et la hausse du nombre de ses pétroliers ravitailleurs et se voit accorder plus de patrouilleurs, indispensables pour surveiller les zones économiques exclusives françaises outre-mer.

Florence Parly s'est par ailleurs engagée à lancer des études sur le remplacement de l'unique porte-avions français, le Charles de Gaulle, qui sera retiré du service à l'horizon 2040.

L'armée de l'Air, elle, n'obtient pas comme elle le souhaitait une hausse de ses effectifs, de source proche du dossier, mais se voit attribuer de nouvelles capacités de renseignement aéroportées ainsi que le renouvellement accéléré de sa flotte d'avions ravitailleurs par des A330 MRTT, alors que ses KC-135 volent depuis plus de 50 ans.

- hausse budgétaire sous contrainte -

Sur le plan de la dissuasion nucléaire, clé de voûte de la défense française, les coûteux travaux de renouvellement des deux composantes (navale et aérienne) seront engagés au cours du quinquennat.

Ces efforts porteront les crédits alloués de 3,9 milliards d’euros en 2017 à 6 milliards d’euros en 2025.

De fait, estime Alexandre Papaemmanuel, du centre de réflexion L'Hétairie, "l’autonomie stratégique induit des coûts qui réduisent d’autant la valeur de l’ambition des 2% du PIB consacrés au budget des Armées".

"Autre important bémol à l'augmentation promise du budget de défense ces prochaines années: le ministère des Armées prendra progressivement en charge l'intégralité du coût des opérations extérieures, jusqu'ici partiellement financé par les autres ministères. Un effort qui lui coûtera 1,1 milliard d'euros en 2020, contre 450 millions en 2017.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le