Réforme du travail: les syndicats contraints de jouer le jeu de la concertation

Réforme du travail: les syndicats contraints de jouer le jeu de la concertation

Coincés par la concertation engagée par le gouvernement, les syndicats se voient contraints de discuter d'une réforme du Code du travail dont...
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Par Bertille OSSEY-WOISARD

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Publié le

Coincés par la concertation engagée par le gouvernement, les syndicats se voient contraints de discuter d'une réforme du Code du travail dont ils ne veulent pas, avec l'inquiétude d'être court-circuités une fois les législatives passées.

"On peut constater que la concertation, contrairement à celle sur la loi Travail, est réelle. Reste à savoir si nous serons entendus", a écrit dans son édito hebdomadaire Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, résumant bien l'inquiétude qui prévaut au sein des syndicats.

Les yeux rivés sur les élections, leurs craintes ont été exacerbées par des articles de presse évoquant un projet allant bien plus loin que le programme annoncé mardi par le Premier ministre Edouard Philippe.

Des informations qui poussent Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, à dire que "le gouvernement avance masqué, au moins jusqu'à dimanche", premier tour des élections législatives.

La CFDT, elle, veut voir dans cette concertation "une opportunité pour les partenaires sociaux de faire des propositions".

Vendredi, Edouard Philippe a réaffirmé que le gouvernement n'avait "aucune volonté de cacher quoi que ce soit".

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et le Premier ministre, Edouard Philippe, donnent une conférence de presse à Matignon le 6 juin 2017
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et le Premier ministre, Edouard Philippe, donnent une conférence de presse à Matignon le 6 juin 2017
AFP/Archives

De son côté, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, n'a de cesse de s'en remettre à la future concertation "approfondie" et "inédite" qui aura lieu avec les partenaires sociaux, à partir de lundi et tout au long de l'été.

La méthode proposée par l'exécutif --avec plusieurs réunions prévues par organisations syndicales et patronales-- jure avec celle employée pour la loi El Khomri. Mais il ne s'agit pas d'une négociation et c'est bien le gouvernement qui aura le dernier mot sur la réforme, d'où l'appréhension des syndicats.

Dans le contexte électoral, la prudence reste de mise. "Ce qui est important, c'est que le gouvernement respecte le cadre annoncé", prévient Yves Veyrier, membre de la direction de FO.

"On ne sera pas dupe si avec cette concertation on amusait la galerie et qu'une fois la majorité acquise, elle devienne accessoire", ajoute-t-il, alors que des sondages annoncent un raz-de-marée pro-Macron à l'Assemblée nationale.

Pour autant, FO, qui a mené la fronde contre la loi travail, juge prématuré d'évoquer une quelconque mobilisation.

- contexte différent de la loi travail -

Comme la CFDT, la CFTC ou la CFE-CGC, FO fait "le pari" que la concertation avec le gouvernement mènera à un projet qui n'"affaiblisse pas les droits des travailleurs".

Et quitte à participer à la concertation, les syndicats veulent en profiter pour obtenir des avancées sur leurs dossiers respectifs.

Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, à l'Elysée le 23 mai 2017
Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, à l'Elysée le 23 mai 2017
AFP/Archives

Chaque organisation a déjà remis une liste de propositions à Mme Pénicaud, portant sur des sujets très larges: renforcement du rôle de la branche, formation, complémentaire santé, apprentissage, égalité hommes/femmes, création d'un statut pour les lanceurs d'alerte ou relèvement de l'indemnité de licenciement.

Même sur les sujets présentés comme "lignes rouges" juste après l'élection d'Emmanuel Macron, des propositions ont été mises sur la table, les syndicats partant du principe que la réforme se fera quand même. Par exemple pour les dommages et intérêts aux prud'hommes en cas de licenciements abusif, FO et la CFDT demandent que le plafond soit le plus élevé possible.

Mais d'ores et déjà, la CGT, qui réclame une véritable négociation autour de la réforme, "part du principe" qu'il y aura une journée d'action.

Le syndicat de Philippe Martinez avance toutefois à pas feutrés sur la mobilisation, estimant que le contexte est différent de celui de la loi travail, en 2016.

"Réussir une journée d'action est compliqué en début de quinquennat, car les gens reportent leurs espoirs sur le vote démocratique", explique Catherine Perret, membre de la direction de la CGT. La période estivale aussi n'est pas propice à des manifestations. "C'est pas pour rien que le gouvernement accélère les pseudo-concertations pour faire passer la loi avant l'été", ajoute-t-elle.

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