Réforme des retraites : l’âge légal de départ divise toujours les Républicains
Le président des LR, Eric Ciotti, s’est entretenu avec la Première ministre ce mercredi matin et a abordé, une fois de plus, l’épineux sujet de la réforme des retraites. Alors que les avis divergent dans le parti, le chef de file tente de trouver une position de compromis. Pour le moment, la solution trouvée ne correspond pas à ce que souhaitent les sénateurs républicains.
Par Clara Robert-Motta
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Depuis deux semaines, les réunions chez les membres des Républicains s’enchaînent et un sujet accapare l’espace : la réforme des retraites. Problème : entre la position défendue par les sénateurs républicains et une partie des députés, c’est le grand écart. Et cela, sans compter les multiples nuances exprimées par les parlementaires de la Chambre basse.
Ce mercredi 21 décembre, Eric Ciotti a été reçu à Matignon pour une « visite de courtoisie » en tant que président fraîchement élu des Républicains. Si aucun objet n’était officiellement à l’ordre du jour, la question de la réforme des retraites a forcément été mise sur la table. Avant cette date butoir, le chef de file des LR a dû mettre de l’ordre dans ses rangs pour présenter une position de compromis à Elisabeth Borne.
Après trois réunions la semaine dernière, une autre en visioconférence a été convoquée entre les députés du parti pour avancer sur la question. Alors qu’une partie des Républicains s’accordent pour un recul de l’âge légal, le député du Lot, Aurélien Pradié, milite pour un maintien de l’âge légal à 62 ans. Ce dernier aurait, d’après Politico, validé le principe d’un report de l’âge « à condition que celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt puissent partir à la retraite sans atteindre l’âge légal ».
Question de style ou de génération, les positions des députés comme Aurélien Pradié font fulminer les sénateurs. « Il faut avoir le courage de prendre une mesure impopulaire mais essentielle », redit la sénatrice Christine Lavarde. Pour Catherine Dumas, sénatrice de Paris, ce discours aux antipodes de celui avancé par le parti ces dernières années s’explique par la campagne interne pour la présidence LR qui aurait exacerbé les propos.
Un compromis à 63 ans en 2027 et 64 ans en 2032
Selon le JDD, Eric Ciotti se serait arrêté sur une position de compromis à évoquer avec Elisabeth Borne : un recul de l’âge légal de départ à la retraite à 63 ans à la fin du quinquennat en 2027, et à 64 ans en 2032. Ce recul en deux temps correspond à la position défendue par Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée.
Plusieurs figures de la droite ont d’ores et déjà fermé la porte à un compromis. Au micro de Public Sénat, Jean-François Copé, qui soutient Macron sur ce dossier, a jugé « totalement irresponsable » un non-report de l’âge légal de la retraite. « Ne pas voter une réforme sur l’âge de la retraite à 65 ans, alors que nous défendons cette idée depuis toujours, nous discréditerait à jamais. » Le recul à 65 ans faisait partie du programme de Valérie Pécresse lors de la campagne présidentielle de 2022.
Le chef de file des LR au Sénat, Bruno Retailleau, s’est fendu d’une tribune dans Le Figaro, lundi 19 décembre, pour redire son attachement à la position des sénateurs de son parti : ce sera au moins 64 ans, ou ça ne sera pas. Il engage les parlementaires républicains à soutenir une réforme des retraites qui correspondrait à ces modalités et appelle Ciotti à faire de cet « esprit de responsabilité » la « pierre angulaire » de la refondation du parti.
Catherine Dumas, sénatrice de Paris, se retrouve dans les mots de son président de groupe. « Il faut être logique. Nous avons étudié le mécanisme et développé une proposition depuis longtemps. Nous avons toujours défendu cette position, il n’y a pas de raisons que ça change. » Depuis plusieurs années, le Sénat à majorité républicaine adopte un amendement dans le PLFSS pour reculer progressivement l’âge de départ à la retraite à 64 ans.
La sénatrice des Hauts-de-Seine, Christine Lavarde, elle aussi abonde dans le sens de Bruno Retailleau et va même plus loin. Pour elle, ce compromis serait un renoncement. « Commencer à dire qu’il faut attendre 2032 pour passer à 64 ans, ce n’est pas possible. Il faut prendre le tournant maintenant, car ce qui est proposé n’est pas à la hauteur des enjeux. »
Des démissions à venir ?
Lors de l’élection d’Eric Ciotti, Christine Lavarde a suspendu sa cotisation des Républicains par désaccord profond. « Ce qu’il se passe sur les discussions sur la réforme des retraites me donne raison », analyse-t-elle. Si les positions prises par le parti, notamment sur ce dossier, en début d’année prochaine restent « populaires et démagogiques », elle n’écarte pas la possibilité de quitter Les Républicains.
Avant l’annonce par le gouvernement des modalités de la réforme des retraites le 10 janvier, les différents groupes parlementaires devraient se retrouver en début d’année pour s’accorder sur une position commune. Reste à savoir si le schisme LR entre le Sénat et l’Assemblée pourra se refermer, au moins pour un temps.
La présidente des députés RN attend de voir comment se construit le futur budget avant de se positionner vis-à-vis du prochain gouvernement de François Bayrou. Assurant de pas avoir pris d’engagement, elle « ne renonce pas » à l’outil de la motion de censure.
Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.
Après la nomination du président du Modem comme premier ministre, le PS ne ferme pas la porte à des compromis, tout en dénonçant un choix qui ne respecte pas le résultat des législatives. LFI brandit en revanche la menace d’une censure, confirmant les divergences des derniers jours. Entre les deux, les écologistes n’excluent plus non plus la censure, sauf si François Bayrou opère un changement de cap.