Réforme des institutions: premier volet mercredi en Conseil des ministres

Réforme des institutions: premier volet mercredi en Conseil des ministres

Suppression de la Cour de justice de la République, article dédié à la Corse, accélération de la procédure législative: la révision...
Public Sénat

Par Anne Pascale REBOUL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Suppression de la Cour de justice de la République, article dédié à la Corse, accélération de la procédure législative: la révision constitutionnelle, premier volet de la réforme des institutions voulue par Emmanuel Macron, sera au menu mercredi du Conseil des ministres.

Le projet de loi constitutionnelle "pour une démocratie plus représentative, responsable et efficace", qui décline plusieurs promesses de campagne et sera présenté au nom du président, près d'un an après son élection, vient de recevoir le feu vert du Conseil d'Etat.

Encore à l'étude et tout aussi épineux, l'autre volet de la réforme, avec les mesures emblématiques de réduction du nombre de parlementaires, limitation des mandats dans le temps et dose de proportionnelle aux législatives, arrivera plus tard dans le mois. Ces dispositions n'impliquant pas de modifier la Loi fondamentale passeront via des lois organique et simple, et pourraient être discutées au Parlement de manière disjointe.

A minima le texte constitutionnel doit être voté par l'Assemblée avant la pause estivale, et devrait être examiné au Sénat à la rentrée.

Alors qu'Emmanuel Macron avait souhaité parachever la réforme cet été, le délai a été repoussé à 2019. "Après ces préliminaires, c'est maintenant que la réforme commence", affirme à l'AFP le président (LR) de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas.

La révision constitutionnelle est sur le principe le texte le plus difficile à faire valider puisqu'elle nécessite l'adoption du même texte par Assemblée et Sénat, puis un vote à une majorité des 3/5e des suffrages exprimés du Parlement en Congrès. L'autre option est le référendum, mais seulement après le vote conforme par les deux assemblées.

Les projets de loi ont fait l'objet d'échanges depuis plusieurs mois entre le chef de l'Etat et les présidents des chambres, et d'une concertation en mars avec les responsables parlementaires à Matignon.

Le président de l'Assemblée nationale (à gauche) François de Rugy et le président du Sénat (à droite) Gérard Larcher à la sortie de leur rencontre à l'Elysée le 30 mars
Le président de l'Assemblée nationale (à gauche) François de Rugy et le président du Sénat (à droite) Gérard Larcher à la sortie de leur rencontre à l'Elysée le 30 mars
AFP

Mais au fil des révélations du détail des mesures, les critiques se sont multipliées parmi les oppositions, LR en tête. Gérard Larcher, président du Sénat à majorité de droite, considère que "jamais depuis 1958 une réforme n'a affaibli autant les pouvoirs du Parlement". Il tiendra une conférence de presse dès mercredi 15H00.

M. Larcher a récemment accusé Emmanuel Macron de ne pas avoir respecté leur accord. Nouveau casus belli potentiel: dans l'avant-projet de loi ordinaire, sont prévus un renouvellement complet du Sénat dès 2021 et une nouvelle répartition par département.

- "Les Français à témoin" -

Pointant comme d'autres députés LREM les "privilèges" des élus du Palais du Luxembourg, Gilles Le Gendre, un porte-parole du groupe macroniste, a averti vendredi sur LCP: "Nous sentons une tentation de la part des sénateurs de dégrader la réforme" et le cas échéant "nous serions amenés à prendre les Français à témoin".

Au Palais Bourbon, un débat initié par la gauche de la gauche se tiendra aussi en milieu d'après-midi. Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon redoute "un nouvel abaissement du Parlement", le patron des députés communistes André Chassaigne demande un référendum.

Le texte présenté mercredi est "ouvert, très équilibré", et permet à "tout le monde d'y trouver son compte", assure une source gouvernementale.

Dans le détail, le projet de loi constitutionnelle prévoit de façon assez consensuelle de supprimer la CJR pour juger les ministres, remplacée par un filtre, d'imposer un avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature pour les nominations au parquet, de ne plus permettre aux anciens présidents de siéger au Conseil constitutionnel et de transformer le Conseil économique, social et environnemental en "chambre de la participation citoyenne".

Le chapitre sur la fabrique de la loi est davantage attaqué: limitation des amendements, navette parlementaire réduite, calendrier budgétaire resserré et priorité à certains textes gouvernementaux.

Parmi les autres dispositions de cette vaste réforme: droit à la différenciation pour les collectivités, inscription dans la Constitution de la Corse et de la lutte contre les changements climatiques.

A partir de mercredi, "la balle est dans le camp du Parlement", souligne-t-on dans les deux chambres. Le projet sera "regonflé", la majorité ne pouvant "s'y retrouver" en l'état, reconnaît même le président de l'Assemblée François de Rugy (LREM).

Dans la même thématique

Réforme des institutions: premier volet mercredi en Conseil des ministres
7min

Politique

Indépendance des médias : le Sénat adopte un texte vidé de sa substance, après de vifs échanges sur les médias du groupe Bolloré

La Haute assemblée a adopté une proposition de loi socialiste visant à renforcer l’indépendance ces médias. Mais la droite sénatoriale a supprimé les principales mesures, dont la création d’un droit d’agrément sur la nomination du directeur de la rédaction. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé l’arrivée d’un « projet de loi issu des conclusions des états généraux de l’information ».

Le

Réforme des institutions: premier volet mercredi en Conseil des ministres
4min

Politique

Impôt sur les hauts revenus : « Ce qui devait être une taxation temporaire va être prolongé dans la durée », se félicite Boris Vallaud  

Invité de la matinale de Public Sénat, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud a livré sa vision de la situation budgétaire de la France. Le député des Landes se félicite de l’extension de l’impôt sur les hauts revenus et souhaite que les parlementaires aillent plus loin encore.

Le

NEW CALEDONIA : Saint-Louis, stronghold of the independence struggle in the Noumea area.
3min

Politique

Nouvelle-Calédonie : les sénateurs adoptent en commission un texte sur le report des élections provinciales

Les sénateurs ont adopté une proposition de loi socialiste, soutenue par le gouvernement, qui vise à reporter l’organisation des élections en Nouvelle-Calédonie, « au plus tard le 30 novembre 2025 », précise le rapporteur LR, Philippe Bas. L’objectif est de laisser du temps afin « de trouver les voies d’un accord » entre les partis politiques calédoniens et le gouvernement. C’est la question du dégel du corps électoral qui avait entraîné des émeutes, plongeant l’île dans la crise.

Le