Réduction du déficit: la Cour des comptes met le gouvernement sous pression

Réduction du déficit: la Cour des comptes met le gouvernement sous pression

Réduction du déficit trop lente et dette trop élevée: la Cour des comptes a mis en garde mercredi le gouvernement contre tout "relâchement" dans...
Public Sénat

Par Valentin BONTEMPS

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Réduction du déficit trop lente et dette trop élevée: la Cour des comptes a mis en garde mercredi le gouvernement contre tout "relâchement" dans la gestion des finances publiques, appelant l'Etat à accélérer les réformes pour réduire son niveau de dépenses.

"L'amélioration constatée de la situation économique n'autorise aucun relâchement", prévient dans son rapport annuel l'institution, chargée d'évaluer la qualité de gestion des politiques publiques.

"Elle doit au contraire aller de pair avec une action renforcée de maîtrise de la dépense publique" pour que la France "retrouve des marges de manoeuvre budgétaires et assure la soutenabilité de son endettement public", ajoute-t-elle.

Selon les dernières prévisions de Bercy, le déficit public devrait s'établir à 2,9% du PIB en 2017, passant pour la première fois depuis dix ans sous la barre des 3% exigée par les traités européens. En 2018, il devrait atteindre 2,8%.

Deficit et dette de la France
Déficit public, soldes publics en Europe et dette publique, selon le rapport 2018 de la Cour des comptes.
AFP

"Malgré le passage possible de son solde public en dessous de trois points de PIB", la France va continuer "de connaître une situation plus dégradée que celle de la quasi-totalité de ses partenaires européens", juge néanmoins l'institution présidée par Didier Migaud.

La dette publique, fruit de l'accumulation des déficits, devrait ainsi augmenter en 2017 et se stabiliser en 2018 à 96,8% du PIB, soit plus de 2.200 milliards d'euros, alors qu'elle devrait refluer chez tous les autres membres de la zone euro.

Cette divergence inquiète les magistrats de la rue Cambon, qui dressent un tableau critique de la trajectoire budgétaire prévue d'ici 2022 par le gouvernement.

- "Pas de marges" -

Le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, à Paris le 22 janvier 2018
Le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, à Paris le 22 janvier 2018
POOL/AFP/Archives

L'amélioration des finances publiques est "tardive" et "principalement imputable à la conjoncture", jugent les magistrats financiers, déçus par la "très faible" baisse du déficit programmée en 2018.

"Une telle situation ne laisse pas de marges pour rester en dessous du seuil de trois points de PIB en cas de choc conjoncturel défavorable ou d'aléas sur les recettes ou les dépenses", ajoute la Cour, qui appelle à "réduire drastiquement les déficits structurels".

Un message à valeur d'exhortation pour le gouvernement, qui a promis de réduire la dépense publique de trois points de PIB d'ici 2022, par le biais notamment d'une réforme de l'Etat et des services publics baptisée "Action Publique 2022".

Cette réforme, dont un premier pan a été dévoilé la semaine dernière, prévoit notamment un plan de départs volontaires pour les fonctionnaires. Mais cette annonce a suscité de vives réactions chez les syndicats. Sept d'entre eux ont annoncé une "journée de mobilisation" le 22 mars.

Dans son programme, Emmanuel Macron avait promis de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires durant le quinquennat. Mais l'exécutif n'a supprimé que 1.600 postes cette année.

- "Encadrement plus rigoureux" -

Au-delà de la fonction publique, le rapport de la Cour des comptes, articulé autour de 27 thèmes, détaille plusieurs exemples de gestion perfectible de l'argent des contribuables.

Les magistrats financiers s'inquiètent notamment de l'endettement excessif des hôpitaux publics, qui nécessite selon eux un "encadrement plus rigoureux" des projets d'investissement hospitalier.

Autre point noir: la sécurité privée, secteur en forte croissance mais avec une "qualité de service aléatoire", en raison d'un manque de régulation, qui conduit à l'embauche de personnes au casier judiciaire parfois très chargé.

La Cour s'inquiète enfin du coût des piscines publiques, équipements complexes et structurellement déficitaires. Ce déficit d'exploitation "permanent" doit amener les collectivités à "réduire le montant de leur prise en charge", estime-t-elle.

Comme chaque année depuis l'arrivée de Didier Migaud à sa tête, l'institution financières assortit ces appréciations thématiques d'un droit de suite sur les recommandations des années précédentes.

Parmi les bons élèves figure la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), qui a accompli selon la Cour des "progrès" en ce qui concerne la répartition des moyens entre agences régionales de santé.

Des cartons rouges sont en revanche adressés à la gestion des amendes de circulation, marquée par un taux de paiement "décevant", et le contrôle des fraudes aux cotisations sociales... qui connaît, d'après la Cour, "une forme d'essoufflement préoccupante".

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le