Un an après le début de la crise sanitaire, le ciel tarde à s’éclaircir pour le secteur de l’aviation. Une « bonne nouvelle » a cependant été officialisée ce mardi 6 avril avec la recapitalisation d’Air France. La Commission européenne a approuvé le plan de l’Etat français visant à accorder jusqu’à 4 milliards d’euros d’aide au groupe sous la forme d’une recapitalisation.
Le plan prévoit ainsi « la conversion du prêt d’Etat de 3 milliards d’euros déjà accordé par la France en un instrument de capital hybride » et une augmentation de capital « ouverte aux actionnaires existants et au marché » pouvant aller jusqu’à 1 milliard d’euros. « C’était une aide provisoire [mais] ces 3 milliards vont devenir une aide définitive », a plus simplement résumé le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire en précisant que L’Etat sera autorisé à monter à « un peu moins de 30 % » du capital d’Air France, contre 14,3 % aujourd’hui.
Recapitalisation d'Air France : « C’est une bonne nouvelle pour l’emploi », salue V. Capo-Canellas
« C’est une bonne nouvelle pour l’emploi parce qu’autour d’Air France il y a tout un écosystème et on voit bien qu’il y a une vraie crainte du fait de la diminution du trafic », salue le sénateur centriste, Vincent Capo-Canellas. Cette recapitalisation s’accompagne de contreparties, Air France et sa holding sont soumis à une interdiction de dividendes. Par ailleurs, le groupe devra céder 18 créneaux de vols à d’autres compagnies à l’aéroport de Paris Orly.
« Cela va permettre à la France de consolider sa projection vers l’étranger, sa connectivité et on sait tous que si un pays n’a pas une compagnie nationale, il a un problème de souveraineté, il dépend des autres pour pouvoir se déplacer, pour pouvoir conquérir le monde, c’est un instrument de rayonnement », se félicite Vincent Capo-Canellas.
« Il n’y avait pas d’autres solutions », commente pour sa part la vice-présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Viviane Artigalas. La sénatrice socialiste des Hautes-Pyrénées insiste sur l’importance des contreparties : « Il faut que l’Etat prenne toute sa part dans la stratégie d’Air France surtout en ce qui concerne le plan social, la gestion du plan social doit être la plus humaine possible et il faut un travail pour accompagner les salariés ». En juillet 2020, le groupe a présenté un plan de réduction d’effectifs prévoyant la suppression de 6 500 emplois.
« Le ministre parle d’un « nouveau soutien financier », nous pouvons assurer qu’il n’en est rien. Il s’agit de transformer le prêt de l’État de 3 milliards d’euros en capital. Donc pas plus d’argent injecté dans Air France », a réagi le syndicat CGT Air France. Le syndicat s’est aussi ému de la cession des 18 créneaux. Bruno Le Maire a indiqué avoir obtenu de Bruxelles que les compagnies qui font du dumping social et fiscal ne puissent pas en récupérer. « Dans un monde idéal, on aurait pu apporter une aide publique importante et éviter d’avoir à céder des créneaux mais il y a des règles de concurrence », fait valoir Vincent Capo-Canellas.
Air France a réalisé en 2020 une perte opérationnelle de 3,6 milliards d’euros et prévoit une perte d’exploitation de 1,3 milliard d’euros au premier trimestre 2021. Le groupe assure conserver « une solide liquidité et de lignes de crédit de 8,8 milliards d’euros au 28 février 2021 » et prévoit « toujours une reprise significative de la demande » cette année.