Rachida Dati, pugnace et clivante candidate LR pour Paris
Pugnace mais clivante, symbole de la diversité devenue maire du VIIe arrondissement, Rachida Dati, qui a reçu mercredi l'investiture Les...
Par Claire GALLEN, Ambre TOSUNOGLU
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Pugnace mais clivante, symbole de la diversité devenue maire du VIIe arrondissement, Rachida Dati, qui a reçu mercredi l'investiture Les Républicains pour mener la bataille des municipales à Paris, se lance dans une élection devenue très compliquée pour la droite.
"Elle a un caractère combatif, elle est déterminée", affirme un ancien collaborateur. "Objectivement, on peut dire qu'elle fonce. La question est de savoir si elle voit un mur ou pas", ajoute-t-il pour résumer cette avocate de 53 ans, fille d'un maçon marocain et d'une mère au foyer algérienne, mise en avant par Nicolas Sarkozy.
Si l'ancien président rendait hommage, dans son récent ouvrage Passions, à son "énergie inépuisable", le caractère bien trempé de l'ancienne Garde des Sceaux ne lui a pas attiré que des amitiés -- "elle a ses humeurs", résume diplomatiquement un élu.
"Une image clivante", soupire un cadre des Républicains, "mais personne d'autre n'a vraiment émergé". "On n'a pas beaucoup de candidats avec sa notoriété", rappelle un autre: l'époque est loin où la droite pouvait aligner le grand Chelem dans la capitale. Et la crise qui secoue Les Républicains depuis des années rend le recrutement difficile.
A cinq mois des municipales, l'ex-eurodéputée ne se fait aucune illusion: "Ca va être une campagne de chien", déclarait-elle récemment au Monde, en pointant ceux dans sa famille politique "qui se réveillent tous les matins en se demandant comment ils vont pouvoir me nuire".
D'autant que Rachida Dati est visée par une enquête du Parquet national financier pour "abus de biens sociaux" et "corruption" pour des prestations de conseils conclues avec une filiale de Renault-Nissan. L'élue nie toute irrégularité.
En politique, elle se veut intraitable et fait peu de cas des vieux barons de la droite, n'hésitant pas à hausser le ton notamment contre Claude Goasguen, il y a un an, lorsqu'il la désapprouve publiquement. Avant de le désigner comme son conseiller politique pour sa campagne ce mercredi.
Dès avant sa désignation, elle a fixé les règles: une liste LR par secteur, menaçant implicitement ceux qui ne la soutiennent pas d'imposer un autre candidat.
- "Une carte à jouer" -
Paris est-il devenu mission impossible pour la droite? La maire du VIIe, hier symbole de la diversité, "peut aussi séduire dans les arrondissements de l'est avec son parcours. Il y a une carte à jouer auprès de cet électorat plus populaire", estime un responsable LR.
Rachida Dati au Parlement européen à Strasbourg, le 19 mai 2015
AFP/Archives
Bien avant d'être investie, Rachida Dati a d'ailleurs multiplié les déplacements dans les arrondissements populaires, porte de la Chapelle par exemple, où son entourage raconte une vespérale incursion sur la "colline du crack", repaire de toxicomanes dans le nord-est de la capitale.
Née le 27 novembre 1965, la candidate issue d'une famille de douze enfants et élevée dans une HLM de Chalon-sur-Saône, n'a jamais caché son ambition.
Sa famille, comme ses mentors Albin Chalandon ou Simone Veil, brossent le portrait d'une jeune femme payant ses études grâce au travail (vendeuse en grande surface, aide soignante..) et frappant avec culot aux portes les plus prestigieuses pour décrocher stages ou emplois.
Couvée par Nicolas Sarkozy dont elle fut la conseillère et la porte-parole de campagne, elle sort de l'ombre par la grande porte en mai 2007 en accédant, à 41 ans, au poste de garde des Sceaux (jusqu'en 2009).
Si elle décroche sa statue de cire au musée Grévin, son caractère et ses méthodes lui valent l'hostilité du monde judiciaire, jusqu'à l'exaspération de collaborateurs qui finissent par démissionner.
Ses apparitions dans les magazines people, sa grossesse savamment médiatisée -- jusqu'à son retour au ministère, cinq jours après l'accouchement -- irritent aussi.
Poussée contre son gré au printemps 2009 dans la campagne européenne, elle est élue députée à Strasbourg mais ne cache pas son ennui: "Je suis obligée de rester là, de faire la maligne", soupire-t-elle -- une phrase captée par un micro dans l'hémicycle strasbourgeois...
Elue en 2008 maire du VIIe arrondissement, elle s'est depuis mise un peu en retrait des projecteurs. "Elle s'est faite oublier, ce qui était une stratégie intelligente", estime un cadre du parti.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.