Race, racialisme… et universalisme

Race, racialisme… et universalisme

Comprendre les phénomènes de racisme ou tout au moins « clarifier les choses », lutter contre les stéréotypes, éviter les quiproquos… Voici l’ambition commune des deux invités de Guillaume Erner dans l’émission « Livres & vous » sur Public Sénat cette semaine. Deux journalistes aux multiples casquettes : Rokhaya Diallo, réalisatrice et animatrice d’un podcast intitulé « Kiffe ta race » qui se prolonge désormais par la parution d’un ouvrage aux éditions First et Doan Bui, lauréate du prix Albert Londres en 2013, qui signe aujourd’hui un roman intitulé « La Tour » publié chez Grasset.
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Leçon n°1 : « Ne pas confondre race et racialisme »

« Il y a énormément de tensions autour de l’utilisation de la notion de race, qui figure pourtant dans la Constitution française dans l’article premier, justement pour prévenir les possibles discriminations » explique la journaliste Rokhaya Diallo à Guillaume Erner.
A l’heure du mouvement Black Lives Matter, c’est avec pédagogie qu’elle souhaite rappeler l’importance du contexte historique pour mieux appréhender le présent. Elle poursuit ainsi : « Quand on parle de racialisme, je pense qu’il est important de rappeler que l’on se réfère à une idéologie de racialisation des groupes humains élaborée dans un contexte colonial ».

Leçon n°2 : « Comprendre comment le racisme affecte les relations intimes »

« La race est une fiction crée dans les processus de racialisation qui, malgré le fait qu’elle n’existe pas sur le plan biologique, est opérante dans le racisme » pointe Rokhaya Diallo. 
Un constat partagé par Doan Bui qui situe l’action de son roman dans une tour du quartier des Olympiades à Paris. Un hommage à Georges Perec dont l’œuvre « La vie mode d’emploi » se déroule dans un lie identique. « La Tour » raconte comment ce quartier, qui a poussé à la fin des années 70 a été occupé par les premières vagues de réfugiés du sud-est asiatique pour devenir le « China Town » parisien.
Une tour de Babel du monde moderne où la question de race a toujours imprégné les relations intimes entre les habitants.

Leçon n° 3 : « L’universalisme n’est pas l’aveuglement aux différences »

« Quand j’étais enfant mes modèles c’était les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur, blondes avec des anglaises, je ne leur ressemblais pas » explique Doan Bui. « Dans les films, dans les livres de mon enfance, j’ai manqué de ces représentations multiculturelles. Ce roman est donc une façon d’aborder ces récits manquants ».
Une expression de l’universalisme que revendiquent Doan Bui et Rokhaya Diallo. « L’universalisme n’est pas l’aveuglement aux différences mais plutôt la possibilité offerte à chacun de se reconnaitre dans un idéal commun », il faut donc tenir compte de ces différents « stigmates », comme l’a fait Doan Bui, pour que chacun s’intègre et se sente représenté dans la société. 

Mais alors, existe-t-il différentes façons de voir « l’autre » ? Pour Rokhaya Diallo, « même si on est français, de la même génération, nous ne sommes pas perçus de la même manière à cause des stéréotypes auxquels on nous assigne. On a tendance à opposer l’immigration heureuse venue d’Asie dans les années 70 à d’autres types d’immigrations qui auraient tendance à moins se fondre dans la masse. C’est contre cela que l’on travaille. Chaque groupe est complexe, rien n’est homogène ».


Retrouvez l’intégralité de l’émission « Livres & vous » ici.

« Kiffe ta race » de Rokhaya Diallo et Grace Ly – First Editions
« La Tour » de Doan Bui – Ed. Grasset

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