Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Quand Palestiniennes et Israéliennes s’unissent pour la paix
Par Priscillia Abereko
Publié le
Il y a quatre ans, en 2014, après la dernière guerre de Gaza, « opération bordures protectrices », un petit groupe de femmes issues de la société civile israélienne et palestinienne a pris une initiative spontanée : créer Women Wage Peace. Un mouvement sans structure ni leader, en faveur de la paix.
Parmi ses membres, Saviona Rotlevy, ancienne juge et l'une des premières à avoir rejoint le mouvement, n'a jamais perdu de vue l'objectif principal de Women Wage Peace : « Il me semble que l'un des objectifs de notre mouvement, c'est d'éveiller la conscience publique pour trouver un accord. Nous ne disons pas ce que doit comporter cet accord. Ce que nous réclamons, c'est un accord bilatéral c’est-à-dire, qu'il prenne en compte les deux partis ».
« Avoir une amitié normale »
Au sein du mouvement, chacune à son histoire : Huda une activiste palestinienne qui a trouvé son havre de paix, « c'est le mouvement où moi et des dizaines de milliers de femmes palestiniennes et israéliennes ont trouvé un lieu où le langage ne divise pas, où la question n'est pas de savoir qui a raison, qui a tort, qui est la victime ou qui est l'oppresseur ».
Michal une juive orthodoxe agressée par un Palestinien en 2016 qui a choisi d'apaiser les tensions plutôt que la vengeance. Ou encore Noa et Yara, deux jeunes filles de 18 ans, israélienne et palestinienne, qui vivent chacune d'un côté du mur, qui nourrissent l'espoir d'une vie meilleure : « Ce que nous voulons pour le futur, le genre de vie que l'on voudrait, serait sans mur, sans checkpoint et pouvoir avoir une amitié normale », espèrent les deux jeunes filles.
Ensemble, au sein de Women Wage Peace, ces femmes tentent de bâtir ce que leurs dirigeants ne sont pas parvenus à construire : la paix.
De la rue à la Knesset
Au fil des années, le mouvement a pris de l'ampleur. Aujourd'hui, il compte environ 35 000 femmes, et est devenu le plus grand mouvement citoyen du pays en faveur de la paix. Pour Saviona, il était clair que les idées du mouvement allaient elles aussi grandir : « L'autre idée, c'était de nous rendre dans les lieux où les décisions se prenaient, comme la Knesset, qui a une influence sur le gouvernement ».
En 2015, pour faire entendre leurs voix sur la scène politique, des centaines de femmes de Women Wage Peace ont siégé tous les lundis pendant des mois, sur le rond-point menant à la Knesset en brandissant des pancartes où figuraient les photos de députés et de ministres qu'elles souhaitaient interpeller avec une détermination inébranlable.
En 2017, elles obtiennent la création à la Knesset d'une commission des femmes pour la sécurité. Une victoire qui leur a permis de s'imposer dans le paysage politique du pays et une forme de fierté pour Oma Shimoni : « Le fait que le mot paix ait traversé nos rues, implique que nos députés ne peuvent plus nous ignorer, nous sommes devenues partis intégrantes de notre gouvernement. Tous les lundis, ils nous voient arriver avec notre blanc et notre turquoise, nous ne sommes plus considérés comme des étrangères ici ».
Plus qu'un combat politique, une volonté de vivre ensemble
Comme de nombreuses femmes, Oma Shimoni a payé le prix cher de la guerre en perdant les siens : « Je peux prétendre que le conflit dort avec moi dans mon lit et que les guerres ont pris une place considérable dans ma vie. Mais je suis une guerrière de la paix. »
Au-delà d'une mission politique, défendre la vie par-delà le deuil, créer des liens entre les femmes quelles que soient leurs origines et cultures, ce sont aussi les missions que s'imposent les femmes de Women Wage Peace.
Refuser d'être ennemies
Si Palestiniennes et Israéliennes ne sont pas autorisées à se rendre sur les terres de l'autre, certaines bravent les interdits comme Noa et Yara, en refusant d'être ennemies au profit d'une belle amitié : « Si Noa et moi étions des amies normales, nous pourrions sortir ensemble. Mais prévoir ça aujourd'hui, ça prend minimum 4 semaines alors qu'en réalité ça devrait juste prendre 3 ou 4 jours. Peut-être qu'elle m’appellerait et qu'on se retrouverait quelque part. Mais ça n'est pas possible pour nous. Nous n'avons pas une amitié normale ». Ou d'autres, de façon plus générale en se rendant à de grands rassemblements sur « des terres de paix », comme celui du 3 octobre 2017 à Bethléem.
Un documentaire, reflet d'une prise de conscience, qui s’appuie sur la force d'un mouvement solidaire partagé entre l'amour pour son voisin et un réel désir de paix entre les deux peuples.
« Les guerrières de la paix » réalisée par Hanna Assouline et Jessica Bertaux - Mention spéciale du FIGRA (Festival International du grand reportage d'actualité et du documentaire de société), mardi 18 août, 18 heures, sur Public Sénat.
Co-production : Public Sénat, avec le soutien du CNC