A un peu plus d'un mois du premier tour du scrutin, la campagne pour le poste de premier secrétaire du Parti socialiste se tend, particulièrement entre les trois candidats issus de l'ancienne majorité, Stéphane Le Foll, Olivier Faure et Luc Carvounas.
A l'heure où le PS se dit dans l'opposition à Emmanuel Macron, et aspire à tourner la page du hollandisme, les trois hommes ou leurs entourages ne manquent pas une occasion de s'envoyer à la figure leurs supposées ambiguïtés vis-à-vis du chef de l'Etat, et leur capacité ou non à incarner le renouvellement.
Le député européen Emmanuel Maurel, représentant de l'aile gauche du PS, a pris soin pour sa part de rester à l'écart de ces querelles.
Ancien compagnon de route de François Hollande, l'ex porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll s'est rapidement trouvé sous le feu des critiques, d'autant qu'il n'avait pas soutenu Benoît Hamon après sa victoire à la primaire organisée par le PS, et qu'il n'a pas eu à affronter d'adversaire LREM aux législatives. "Il est difficile de demander à des troupes de suivre un général qui n'a pas combattu", raillait début janvier un proche de M. Faure, favori de l'élection.
Celui qui se vante de sa capacité à "percuter" n'a pas tardé à répliquer, s'en prenant tout particulièrement au président des députés PS à l'Assemblée, accusé de vouloir rallier les uns et les autres sans avoir de ligne politique claire.
"J'ai vu que (Pierre Moscovoci) était candidat (aux élections européennes), et qu'il avait apporté son soutien à Olivier Faure. Avec moi il n'y aura pas de distribution de postes avant le congrès !", a-t-il lancé dimanche sur le plateau de France3.
- +Du brutal+ -
"Stéphane Le Foll, c'est de la politique à la Audiard, c'est du brutal, il prête à d'autres des accords d'appareil que je n'ai pas faits. Olivier Faure a ma sympathie parce que je trouve qu'il a le profil le plus ouvert. Mon vote est secret", a répliqué le commissaire européen sur France2 lundi.
Mardi, un des soutiens de M. Le Foll ne s'était pas privé de pointer devant de nombreux journalistes la supposée proximité de M. Faure avec M. Macron et les siens: "(Christophe) Castaner (le délégué général de la République en marche, NDLR), c'est le meilleur ami de Faure. Ce n'est pas par hasard que sa femme est au cabinet de Macron ! (elle l'a quitté début février, NDLR)".
Un argument déjà utilisé par Luc Carvounas, qui a conduit M. Faure à une mise au point sur Facebook, le 4 février. "Au XXIème siècle, en France, il est heureusement possible aux femmes de faire des choix professionnels qui ne dépendent pas des choix politiques de leur conjoint", a-t-il notamment souligné.
Dans cette foire d'empoigne, le député du Val-de-Marne n'est pas en reste. Sur LCP lundi, l'ancien lieutenant de Manuel Valls a décrit ses deux concurrents de la majorité comme les "frères jumeaux du hollandisme", rappelant que M. Le Foll avait été "directeur de cabinet de François Hollande pendant plus de dix ans" quand M. Faure était son "directeur de cabinet adjoint".
Il s'en était aussi pris la semaine dernière à M. Faure, jugeant ambiguë sa position vis-à-vis du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui prétend appartenir encore au PS.
Dernier sujet de discorde en date: l'organisation ou non d'un débat radio ou télédiffusé entre les quatre candidats. Si les proches de MM. Le Foll et Carvounas propagent l'idée que M. Faure y serait réticent, celui-ci a démenti samedi.
"Mais qu’est-ce qui vous permet de parler en mon nom et de prétendre que je ne souhaite pas le débat ? Le congrès mérite mieux que la rumeur. Changez de pratiques. C’est la condition de la #Renaissance", a-t-il tweeté.
Quelque 102.000 militants sont appelés à choisir leur dirigeant les 15 et 29 mars, avant le 78e Congrès du PS prévu les 7 et 8 avril.